20/12/2012

13 décembre, jour 8

Nous voilà donc devant la gare de Kyoto, avec quatre heures à tuer devant nous. Je dois rejoindre Tomoko à 10h, et Lian a décidé de m'accompagner. Elle ne sait pas vraiment quoi faire puisque l'unique personne à lui avoir répondu sur couchsurfing est un mathématicien japonais de 39 ans. Elle n'a pas vraiment eu le temps de voir son profil, et du coup espère trouver internet quelque part aux alentours de la gare. Si cela s'avère impossible (tout à fait probable au Japon), elle compte demander à Tomoko si elle peut utiliser internet chez elle et décider en fonction. Du coup, on se lance dans la recherche d'un wifi gratuit. On prend un café au Mcdo, sures d'y trouver notre bonheur. Mais non, bien sur, au Japon, le Mcdo n'a pas de wifi gratuit ! On aurait du s'en douter... Pareil à l'office du tourisme, ou au Starbuck. Du coup, après avoir laissé mon sac dans un casier, on décide d'abandonner la recherche du wifi imaginaire et on se lance dans l'exploration du quartier. Bon, d'abord la Kyoto tower, franchement pas très impressionnante. C'est juste une grosse antenne moche rouge et blanche. Et puis un grand temple, pas de bol, il est en réfection. Du coup le bâtiment principal est entièrement caché par un hangar géant construit tout autour. On se glisse quand même dans un autre pavillon, tout en bois, avec des panneaux en papier de riz coulissant en guise de portes. C'est l'heure de la prière, alors on s'assoit dans un coin sur les tatamis qui recouvrent l'immense pièce, et on regarde. C'est assez austère, avec peu de décoration, et c'est plutôt sombre. On dirait un immense gymnase, mais qui sentirait l'encens. On visite un peu le reste du temple, et puis on se lance dans la recherche d'un second temple, un peu plus loin. Comme on a un peu de mal à le trouver (et soyons honnêtes, qu'on manque un peu de motivation après notre nuit dans le bus), on décide de retourner à la gare, d'acheter nos pass à la journée pour le bus, de récupérer mon sac et d'y aller. Le trajet jusqu'à chez Tomoko dure environ 40 min de toute façon, donc il est l'heure d'y aller.

Kyoto est une ville qui se visite en bus. Le métro n'est apparemment pas aussi efficace, et ne dessert pas toutes les parties de la ville. Du coup on peut regarder par la fenêtre, et découvrir des rues bien différentes de celles de Tokyo. Des maisons en bois, de vieilles enseignes, très peu de buildings ou de néons criards... Un autre Japon !

On arrive juste à l'heure, mais pas de Tomoko à l'arrêt de bus. On attend, on attend, et toujours rien. J'arrête un mec dans la rue, un touriste lui aussi, pour lui demander si il sait où l'on pourrait capter internet dans le coin. Hélas, il est lui aussi en quête du wifi imaginaire qui n'existe pas au Japon (ou du moins c'est ce que je commence à croire). On se dit avec Lian que Tomoko nous a oublié, ou qu'elle est coincée à la fac, ou que... Encore une fois ne pas avoir de téléphone est un gros handicap. Je finis pas me décider à demander de l'aide à un japonais, bien que sans grande conviction vu la réaction du mec abordé à Tokyo, chez Sephrine. On accoste un jeune, qui bien sur ne parle pas vraiment anglais. Mais là, oh joie, une fille derrière lui nous demande si elle peut nous aider. Je lui explique la situation, et elle nous confirme qu'il n'y a PAS d'internet café dans le coin. Allez, je me lance, et lui demande si on peut utiliser son téléphone. Elle accepte de bonne grâce, et on la remercie bien quinze fois. J'arrive à avoir Tomoko du premier coup, et elle me dit que, n'ayant pas reçu mon email de confirmation concernant l'heure du RDV, elle ne savait pas si je venais toujours ou pas. Bien sur j'avais envoyé ce message d'un wifi douteux à Tokyo. Au moins, elle sait que je suis là maintenant, et après 50min d'attente, nous voilà rassurées. On remercie la fille encore une fois, et bientôt Tomoko arrive, sur son vélo, désolée du malentendu. Je lui explique le problème de Lian, et c'est là qu'elle nous dit qu'elle n'a pas internet chez elle. Mais elle nous propose de passer à sa fac pour squatter un des ordis. En fait ils n'ont pas le wifi non plus, là-bas, c'est une grande salle avec genre une centaine d'ordis. Nous on est de plus en plus étonnées. D'une : pas internet à la maison ! De deux : pas le wifi à la fac ? AU JAPON ?

On suit Tomoko jusqu'à chez elle, tout près. Elle habite dans un minuscule studio étudiant, où je peine à trouver de la place pour mon sac. Notre hôte nous offre du thé, des quartiers de pommes, des kit-kats... Elle est super gentille, et nous propose de nous accompagner dans notre visite de Kyoto, plus tard. Mais d'abord, c'est direction la fac, où Lian peut enfin jeter un oeil au profil de son hôte potentiel. On découvre que le gars n'a aucune référence, et qu'il n'a qu'à moitié rempli son profil. Lian, qui vient de rejoindre CS, est prête à accepter l'invitation spontanée du gars et à le rencontrer, mais je la dissuade de le faire. Un homme de la quarantaine qui invite une petit blonde de 19 ans à rester chez lui, c'est louche, surtout quand il n'a pas de références et un profil vide. Tomoko, toujours adorable, propose à Lian de rester avec nous. Bien sur c'est petit, et on dormira toutes les deux par terre, mais c'est toujours mieux que de la laisser seule avec le mathématicien.

Une fois ces détails réglés, Lian et moi on va voir le pavillon doré, Kinkaku-ji, l'un des lieux les plus visités de Kyoto. Tomoko, qui y est déjà allée (c'est à 10min de chez elle), nous rejoindra plus tard pour la suite de la visite).
Sur un petit lac tranquille se reflète un pavillon japonais entièrement recouvert à la feuille d'or, et encadré de pins artistiquement agencés. Des tiges en bambous forcent les arbres à grandir d'une certaine manière, sculptés en quelques sorte par les structures que les soutiennent. Dans le lac il y a de petites îles, avec des arbres élégants qui se reflètent aussi dans l'eau. on dirait que tout, dans ce paysage idyllique, à été pensé au millimètre près. C'est très beau, très serein. On fait le tour du parc, tout aussi harmonieux, et on goûte au passage pleins de sucreries japonaises qui se vendent au bord du chemin. Le soleil, absent pour la première fois depuis mon arrivée, finit tout de même par se montrer, et c'est sous ses rayons qu'on retourne à l'arrêt de bus pour rejoindre Tomoko. Bien sur on se trompe de sens, du coup on est à la bourre, mais enfin, on finit par se diriger toutes ensembles vers le prochain temple, dont j'ai oublié le nom, mais que se situe non loin du quartier bien connu de Gion, où les Geishas  se laissent parfois entrevoir au détour d'une rue étroite.

Pour atteindre le temple, on traverse les très vieux quartiers de Kyoto, qui prend une allure médiévale avec ses rues pavées et ses vieilles bâtisses.  Complètement différent de ce qu'on a pu voir auparavant ! C'est calme, tranquille malgré les touristes qui se pressent dans les magasins de souvenirs. On goûte encore plus de trucs, puisque tous les magasins ont de petites soucoupes dans lesquelles on peut essayer telle ou telle spécialité. Quand on arrive au temple, le soleil commence à se coucher. Les pavillons rouge vif du temple étincellent, et on a une vue plongeante sur Kyoto. Le temple en lui même est sur pilotis, au dessus de la forêt rouge, jaune, orange. Encore une fois une bonne partie du bâtiment est en travaux, mais bon, ça reste quand même magnifique. Il y a une petite pagode perdue sur une colline, au loin, a laquelle on accède par un chemin dans la forêt. Quelques minutes de plus et le soleil se couche.
On décide alors d'aller marcher dans les rues de Gion, dans l'espoir d'apercevoir une Geisha. Il y a bien des japonaise "déguisées" en Geisha, mais Tomoko nous explique comment les différencier des vrais. La coiffure est un élément important, les fausses Geishas portant souvent des bricoles (noeuds, fleurs...) qui les trahissent. Pas de chance, on ne voit que des filles ayant loué un costume pour la soirée (très populaire à Kyoto). On croise quand même quelques dames plus âgées, probablement professeurs de musique, ou de cérémonie du thé. Elles portent des kimonos plus élégants, moins "clinquants". Tomoko nous emmène dans une boutique de kimonos d'occasion, mais ça reste quand même très cher, étant donné qu'il faut acheter toutes les pièces séparément.

On va manger dans un fast-food japonais, qui propose des bols de nouilles avec des morceaux de boeufs et divers légumes. Plus équilibré que nos hamburgers, j'imagine. Tomoko nous explique qu'elle travaille comme "hôtesse", un concept qu'on a du mal à saisir. En gros, elle travaille pour une agence qui l'assigne à différents bars, chaque soir. Ces bars sont fréquentés exclusivement par des hommes, de 40 ans ou plus, mariés, qui viennent y boire et y apprécier la compagnie de jeune filles en tenue de soirée. Les filles, les "hôtesses" sont là pour écouter le client, qui vient se confier à elles. En effet, les couples japonais ne partagent apparemment que peu de choses, et ne communiquent pas du tout. Du coup, au lieu de raconter ses déboires à sa femme, le mari vas dans les bars à hôtesses. La femme est au courant et trouve ça normal, puisque ça fait partie intégrante de la culture japonaise. Il n'y a pas de drague, ou de flirt, nous dit Tomoko. Son boulot, c'est d'écouter, et de sourire.
Elle travaille ce soir, aussi elle nous donne ses clefs, et nous quitte pour le bar où elle doit se rendre, près de Gion justement. Nous, on est crevées, et on rêve de prendre une douche, du coup on rentre. On s'installe du mieux qu'on peut sur le peu de surface libre au sol, et on commence à regarder le voyage de Chihiro. Comme on s'endors littéralement devant, on décide d'aller se coucher. Tomoko rentre vers 2h, et je me réveille frigorifiée. Je dors sur une couverture chauffante mais je l'ai débranché dans mon sommeil. Je me rendors après avoir enfilé un pull et une écharpe.