03/06/2012

Aventures victoriennes : épisode 5

Koalas camp :

Mon amie allemande, Dorothée, repart bientôt en Allemagne, et pour son dernier mois, elle a envie de visiter un maximum de trucs. Un long week-end s'annonce en Australie, à cause de l'anniversaire d'un membre de la famille royale ou un truc comme ça (j'ai un pièce de 20c avec la tête de Kate et William dessus, haha, ils sont aussi fondus que les anglais les australiens !). Du coup on se dit que c'est une bonne occasion de partir en vadrouille, peut-être même de faire du CAMPING ! Petit problème : on a ni tente, ni voiture, ni... ben rien du tout pour camper en fait. On ne sait même pas où aller. Et il faut dire qu'on s'y prend un peu à la dernière minute (vendredi soir... Ahem). 
Ce soir-là donc on se rend tous à la fête de départ de Rahil, une copine iranienne qui vient de trouver un poste de docteur à Swann Hill, et qui doit quitter Melbourne la semaine suivante. Parmi les invités, Yuji, un japonais qui, la première fois qu'il m'a rencontré, quelques semaines plus tôt, m'a prise pour une "british". Flatteur pour mon niveau d'anglais ! Il a lui aussi comme une envie de camping. Et il a une voiture. Et il est sympa, comme presque tous les couchsurfers. 
C'est donc décidé en moins de deux, on part camper ! Dorothée et moi, dans notre excitation, on compose une chanson de circonstance, sur l'air de "We are the champions" :

We're going camping, my friends
And we keep on driving to the end,
We're going camping, we're going camping, 
No need for appartments, cause we're going camping...
On sunday !

Dans la foulée on embarque Désirée, une autre allemande que je connais à peine mais que j'ai déjà croisé ici et là. Elle est très sympa et possède un humour grinçant qui n'est pas sans rappeler notre Lucile/Gniaffron préférée. Bref, on s'entend bien. 
La raison pour laquelle on part le dimanche est simple : le samedi soir, c'est ma pendaison de crémaillère : j'habite dans la même fantastique maison depuis le début de mon séjour à Melbourne, mais suite au retour du coloc dont je sous-louais la chambre, je déménage dans la petite cabane toute mignonne de l'autre côté du jardin. Je baptise l'événement "shed-warming", en référence à "house-warming" qui veut dire pendaison de crémaillère en anglais (ou littéralement : chauffer la maison). 
On fait donc la fête comme des petits fous pendant que Yuji, prudent, s'abstient de boire et va se coucher tôt (c'est lui qui conduit). 

Le lendemain, on prend la route direction... heu, mais on va où au fait ?
Heureusement l'un de nos amis, Dylan, nous conseille un spot sur la Great Ocean Road, où l'on peut faire un feu de camp (l'un de nos objectifs numéro 1 du week-end) et voir pléthore de koalas. Sur la route (pas moins de 5h nous séparent de Aire River, où nous comptons nous rendre), on s'arrête manger un hamburger géant dans un bled paumé sur la côte. Et puis on s'arrête encore parce que Yuji est fatigué et a besoin d'une petite sieste. D'ailleurs Désirée et Dorothée dorment déjà. Moi, je ne suis pas fatiguée. Je décide donc de sortir me balader un peu au bord de la route. Nous longeons l'une de ces immenses forêt d'eucalyptus, dans laquelle je m'enfonce, curieuse. Bon, au final c'est humide, spongieux, et un peu lugubre, alors je reviens vers la voiture. Yuji, qui vient de se réveiller et n'a pas remarqué mon absence (j'occupe le siège derrière lui) s'apprête à repartir sans moi. J'émerge de la forêt juste à temps pour sauter dans la voiture.

Une deuxième sieste et une petite visite au super-marché plus tard, on est paumé dans la cambrousse, à la recherche de la fameuse Aire River. On est tellement excité par l'idée de faire un feu qu'on a acheté tout l'attirail "feu de bois". On a même ces bâtonnets qui font des étincelles et qu'on plante sur les gâteaux pour les anniversaires. 

Arrivés au camping, aux environs de 5h du soir, on découvre, déçus, que les feux de bois sont interdits, en raison des risques d'incendie. Qu'à cela ne tienne, on monte quand même la tente, de guingois. C'est la tente la plus mal-montée que j'ai jamais vu. On a utilisé la perche de l'entrée à la place de l'une des perches pour la structure, ce qui donne un côté franchement asymétrique à l'ensemble. Mais on rigole bien, surtout quand on compare notre pauvre tente aux constructions 4 étoiles qui nous entourent. Attention, en Australie, le camping, c'est sérieux ! 
En parlant de camping, rien à voir avec Wilson Prom, ici, il n'y a pas de bureau d'accueil, pas de barbecues, pas de magasins, juste des toilettes sèches dans un coin et les panneaux qui nous interdisent de faire du feu. Et un tas de koalas suspendus au dessus de nos têtes. Désirée nous abreuve de "koalas fun facts", que j'ai oublié depuis, mais qui étaient, comme leurs noms l'indiquent, drôles et étonnants. 
Après avoir grignoté un peu, on se décide à découvrir les environs. On traverse un pont de bois sur lequel des dizaines de pêcheurs attendent patiemment, et l'on se retrouve de l'autre côté de la rivière où, ôh joie ! Les feux de bois sont autorisés, au sein des espaces prévus. La moitié des espaces en question sont déjà occupés, mais on décide de revenir plus tard, et d'aller se promener dans le bush environnant. On a pour idée de marcher jusqu'à l'océan. Bon, on y arrive jamais. Déjà parce que c'est loin, ensuite parce qu'on  ne marche pas dans la bonne direction. Mais on chante, on s'essaye aux harmonies (Yuji fait le maître d'orchestre) et on écoute le bruit des vagues s'écraser sur la côte, quelque part sur notre droite (pas de chemin pour y accéder, hélas, juste des tas et des tas de buissons pleins de piquants). 

Quand la lumière commence à baisser, on revient vers le camp. On s'arrête un peu discuter avec les pêcheurs. Deux d'entre eux sont des étudiants de Melbourne, qui nous invitent aussitôt à partager leur feu, plus tard. On reste à observer pendant qu'ils tuent un poisson (yeurk), et puis on décide d'aller tremper nos pieds dans la rivière et de faire quelques acrobaties sur le sable. Après une ou deux chutes mémorables et un nombre impressionnant de blagues pourries (on est plutôt bons dans la catégorie), on retourne à notre tente pour manger un peu. Désirée remporte la palme du sandwich le plus "yeuk" en tartinant son pain avec du beurre de cacahuète, de la sauce au potiron (pour tremper les chips ou les trucs comme ça), des tranches de bananes, du fromage et des raisins secs. On ingurgite dans la foulée une bonne quantité de chocolat. 

On finit par retraverser le pont pour rejoindre nos amis pêcheurs, guitare et melodica sur le dos (Yuji travaille pour Yamaha, il est bon musicien). On emporte aussi nos chamalows et nos bâtons à étincelles. 
Il se trouve que les pêcheurs font partie d'un grand groupe de copains, installés à l'australienne (c'est à dire avec beaucoup, beaucoup de matos), réunis autour du feu pendant que l'un d'eux joue du didjeridoo (aucune idée quand à l'orthographe correcte de ce mot). On s'essaye à la chose, pendant que nos chamalows grillent sur le feu. C'est très posé, très relax comme ambiance. Yuji joue de la guitare, et puis du melodica, on discute... On a un peu l'impression de s'incruster quand même, alors on ne s'éternise pas trop, et on retourne vers minuit de notre côté du camp, sous la pleine lune.

Le lendemain je me réveille avant tous le monde. J'en profite pour dessiner, pendant que les koalas se baladent paresseusement de branches en branches. Quand les autres se réveillent, on prend notre petit-déjeuner (qui ressemble étrangement à notre dîner de la veille), et puis on démonte la tente. Après ça on reste assis dans l'herbe à jouer de la musique (je m'améliore au ukulélé) pendant que les enfants du camp se réunissent  curieusement autour de nous.
Sur le chemin du retour, on s'arrête à la plage pour tremper nos pieds dans l'océan. Mais l'eau est gelée, et on est tous un peu crevés, alors on ne s'éternise pas. Le retour est un peu comateux. On réalise qu'on a oublié d'allumer nos bâtonnets à étincelles. La prochaine fois, on se dit.