20/12/2012

13 décembre, jour 8

Nous voilà donc devant la gare de Kyoto, avec quatre heures à tuer devant nous. Je dois rejoindre Tomoko à 10h, et Lian a décidé de m'accompagner. Elle ne sait pas vraiment quoi faire puisque l'unique personne à lui avoir répondu sur couchsurfing est un mathématicien japonais de 39 ans. Elle n'a pas vraiment eu le temps de voir son profil, et du coup espère trouver internet quelque part aux alentours de la gare. Si cela s'avère impossible (tout à fait probable au Japon), elle compte demander à Tomoko si elle peut utiliser internet chez elle et décider en fonction. Du coup, on se lance dans la recherche d'un wifi gratuit. On prend un café au Mcdo, sures d'y trouver notre bonheur. Mais non, bien sur, au Japon, le Mcdo n'a pas de wifi gratuit ! On aurait du s'en douter... Pareil à l'office du tourisme, ou au Starbuck. Du coup, après avoir laissé mon sac dans un casier, on décide d'abandonner la recherche du wifi imaginaire et on se lance dans l'exploration du quartier. Bon, d'abord la Kyoto tower, franchement pas très impressionnante. C'est juste une grosse antenne moche rouge et blanche. Et puis un grand temple, pas de bol, il est en réfection. Du coup le bâtiment principal est entièrement caché par un hangar géant construit tout autour. On se glisse quand même dans un autre pavillon, tout en bois, avec des panneaux en papier de riz coulissant en guise de portes. C'est l'heure de la prière, alors on s'assoit dans un coin sur les tatamis qui recouvrent l'immense pièce, et on regarde. C'est assez austère, avec peu de décoration, et c'est plutôt sombre. On dirait un immense gymnase, mais qui sentirait l'encens. On visite un peu le reste du temple, et puis on se lance dans la recherche d'un second temple, un peu plus loin. Comme on a un peu de mal à le trouver (et soyons honnêtes, qu'on manque un peu de motivation après notre nuit dans le bus), on décide de retourner à la gare, d'acheter nos pass à la journée pour le bus, de récupérer mon sac et d'y aller. Le trajet jusqu'à chez Tomoko dure environ 40 min de toute façon, donc il est l'heure d'y aller.

Kyoto est une ville qui se visite en bus. Le métro n'est apparemment pas aussi efficace, et ne dessert pas toutes les parties de la ville. Du coup on peut regarder par la fenêtre, et découvrir des rues bien différentes de celles de Tokyo. Des maisons en bois, de vieilles enseignes, très peu de buildings ou de néons criards... Un autre Japon !

On arrive juste à l'heure, mais pas de Tomoko à l'arrêt de bus. On attend, on attend, et toujours rien. J'arrête un mec dans la rue, un touriste lui aussi, pour lui demander si il sait où l'on pourrait capter internet dans le coin. Hélas, il est lui aussi en quête du wifi imaginaire qui n'existe pas au Japon (ou du moins c'est ce que je commence à croire). On se dit avec Lian que Tomoko nous a oublié, ou qu'elle est coincée à la fac, ou que... Encore une fois ne pas avoir de téléphone est un gros handicap. Je finis pas me décider à demander de l'aide à un japonais, bien que sans grande conviction vu la réaction du mec abordé à Tokyo, chez Sephrine. On accoste un jeune, qui bien sur ne parle pas vraiment anglais. Mais là, oh joie, une fille derrière lui nous demande si elle peut nous aider. Je lui explique la situation, et elle nous confirme qu'il n'y a PAS d'internet café dans le coin. Allez, je me lance, et lui demande si on peut utiliser son téléphone. Elle accepte de bonne grâce, et on la remercie bien quinze fois. J'arrive à avoir Tomoko du premier coup, et elle me dit que, n'ayant pas reçu mon email de confirmation concernant l'heure du RDV, elle ne savait pas si je venais toujours ou pas. Bien sur j'avais envoyé ce message d'un wifi douteux à Tokyo. Au moins, elle sait que je suis là maintenant, et après 50min d'attente, nous voilà rassurées. On remercie la fille encore une fois, et bientôt Tomoko arrive, sur son vélo, désolée du malentendu. Je lui explique le problème de Lian, et c'est là qu'elle nous dit qu'elle n'a pas internet chez elle. Mais elle nous propose de passer à sa fac pour squatter un des ordis. En fait ils n'ont pas le wifi non plus, là-bas, c'est une grande salle avec genre une centaine d'ordis. Nous on est de plus en plus étonnées. D'une : pas internet à la maison ! De deux : pas le wifi à la fac ? AU JAPON ?

On suit Tomoko jusqu'à chez elle, tout près. Elle habite dans un minuscule studio étudiant, où je peine à trouver de la place pour mon sac. Notre hôte nous offre du thé, des quartiers de pommes, des kit-kats... Elle est super gentille, et nous propose de nous accompagner dans notre visite de Kyoto, plus tard. Mais d'abord, c'est direction la fac, où Lian peut enfin jeter un oeil au profil de son hôte potentiel. On découvre que le gars n'a aucune référence, et qu'il n'a qu'à moitié rempli son profil. Lian, qui vient de rejoindre CS, est prête à accepter l'invitation spontanée du gars et à le rencontrer, mais je la dissuade de le faire. Un homme de la quarantaine qui invite une petit blonde de 19 ans à rester chez lui, c'est louche, surtout quand il n'a pas de références et un profil vide. Tomoko, toujours adorable, propose à Lian de rester avec nous. Bien sur c'est petit, et on dormira toutes les deux par terre, mais c'est toujours mieux que de la laisser seule avec le mathématicien.

Une fois ces détails réglés, Lian et moi on va voir le pavillon doré, Kinkaku-ji, l'un des lieux les plus visités de Kyoto. Tomoko, qui y est déjà allée (c'est à 10min de chez elle), nous rejoindra plus tard pour la suite de la visite).
Sur un petit lac tranquille se reflète un pavillon japonais entièrement recouvert à la feuille d'or, et encadré de pins artistiquement agencés. Des tiges en bambous forcent les arbres à grandir d'une certaine manière, sculptés en quelques sorte par les structures que les soutiennent. Dans le lac il y a de petites îles, avec des arbres élégants qui se reflètent aussi dans l'eau. on dirait que tout, dans ce paysage idyllique, à été pensé au millimètre près. C'est très beau, très serein. On fait le tour du parc, tout aussi harmonieux, et on goûte au passage pleins de sucreries japonaises qui se vendent au bord du chemin. Le soleil, absent pour la première fois depuis mon arrivée, finit tout de même par se montrer, et c'est sous ses rayons qu'on retourne à l'arrêt de bus pour rejoindre Tomoko. Bien sur on se trompe de sens, du coup on est à la bourre, mais enfin, on finit par se diriger toutes ensembles vers le prochain temple, dont j'ai oublié le nom, mais que se situe non loin du quartier bien connu de Gion, où les Geishas  se laissent parfois entrevoir au détour d'une rue étroite.

Pour atteindre le temple, on traverse les très vieux quartiers de Kyoto, qui prend une allure médiévale avec ses rues pavées et ses vieilles bâtisses.  Complètement différent de ce qu'on a pu voir auparavant ! C'est calme, tranquille malgré les touristes qui se pressent dans les magasins de souvenirs. On goûte encore plus de trucs, puisque tous les magasins ont de petites soucoupes dans lesquelles on peut essayer telle ou telle spécialité. Quand on arrive au temple, le soleil commence à se coucher. Les pavillons rouge vif du temple étincellent, et on a une vue plongeante sur Kyoto. Le temple en lui même est sur pilotis, au dessus de la forêt rouge, jaune, orange. Encore une fois une bonne partie du bâtiment est en travaux, mais bon, ça reste quand même magnifique. Il y a une petite pagode perdue sur une colline, au loin, a laquelle on accède par un chemin dans la forêt. Quelques minutes de plus et le soleil se couche.
On décide alors d'aller marcher dans les rues de Gion, dans l'espoir d'apercevoir une Geisha. Il y a bien des japonaise "déguisées" en Geisha, mais Tomoko nous explique comment les différencier des vrais. La coiffure est un élément important, les fausses Geishas portant souvent des bricoles (noeuds, fleurs...) qui les trahissent. Pas de chance, on ne voit que des filles ayant loué un costume pour la soirée (très populaire à Kyoto). On croise quand même quelques dames plus âgées, probablement professeurs de musique, ou de cérémonie du thé. Elles portent des kimonos plus élégants, moins "clinquants". Tomoko nous emmène dans une boutique de kimonos d'occasion, mais ça reste quand même très cher, étant donné qu'il faut acheter toutes les pièces séparément.

On va manger dans un fast-food japonais, qui propose des bols de nouilles avec des morceaux de boeufs et divers légumes. Plus équilibré que nos hamburgers, j'imagine. Tomoko nous explique qu'elle travaille comme "hôtesse", un concept qu'on a du mal à saisir. En gros, elle travaille pour une agence qui l'assigne à différents bars, chaque soir. Ces bars sont fréquentés exclusivement par des hommes, de 40 ans ou plus, mariés, qui viennent y boire et y apprécier la compagnie de jeune filles en tenue de soirée. Les filles, les "hôtesses" sont là pour écouter le client, qui vient se confier à elles. En effet, les couples japonais ne partagent apparemment que peu de choses, et ne communiquent pas du tout. Du coup, au lieu de raconter ses déboires à sa femme, le mari vas dans les bars à hôtesses. La femme est au courant et trouve ça normal, puisque ça fait partie intégrante de la culture japonaise. Il n'y a pas de drague, ou de flirt, nous dit Tomoko. Son boulot, c'est d'écouter, et de sourire.
Elle travaille ce soir, aussi elle nous donne ses clefs, et nous quitte pour le bar où elle doit se rendre, près de Gion justement. Nous, on est crevées, et on rêve de prendre une douche, du coup on rentre. On s'installe du mieux qu'on peut sur le peu de surface libre au sol, et on commence à regarder le voyage de Chihiro. Comme on s'endors littéralement devant, on décide d'aller se coucher. Tomoko rentre vers 2h, et je me réveille frigorifiée. Je dors sur une couverture chauffante mais je l'ai débranché dans mon sommeil. Je me rendors après avoir enfilé un pull et une écharpe.

12 décembre, jour 7

Je me réveille vers 9h30. Je sais que le check-out est à 10h, mais franchement, j'ai la flemme de me lever. Et puis Lian dors encore profondément. Du coup je me contente de regarder mes emails tranquille dans mon lit. Il est 10h05 quand des coups se font entendre à la porte, assortis d'une voix nasillarde qui parle en japonais. Quand j'ouvre la porte, c'est une employée de l'auberge qui nous informe qu'on a cinq minutes pour dégager, sinon il faudra payer une autre taxe. Elle me demande avec un sourire mielleux : "Vous pensez pouvoir libérer la chambre dans cinq minutes ?". C'est le problème avec la culture japonaise, dans le commerce il faut toujours être poli et respectueux, même pour dire des choses désagréables. Du coup ça dégouline d'hypocrisie, surtout chez les femmes, qui utilisent une voix geignarde et haut-perchée. On en a déjà bénéficié hier quand on nous a annoncé qu'il fallait payer 10 euros de plus que le tarifs prévu à la réservation. La combinaison sourire hypocrite et voix gnan-gnan a un peu du mal à passer avec Lian et moi, mais on plie bagages et on quitte la chambre dans les temps. Alors que nous sommes sur le point de manger notre petit dèj, acheté au supermarché du coin (je teste la gelée à la fraise et le jus de pèche), on se fait virer de la salle commune de l'auberge, toujours avec le même sourire crispé et la petite voix faussement désolée. Après le check-in, il faut s'en aller, sauf si on a commandé leur petit déjeuner à 8 euros. Comme on a préféré prendre l'option supermarché et payer 3 euros, hop hop hop, il faut disparaître. Bien que la salle soit vide. C'est pas comme si on empêchait les clients de s'asseoir. Rien à voir avec les auberges de jeunesses où j'ai pu me rendre précédemment, et où les voyageurs traînent dans la salle commune toutes la matinée pour profiter du wifi ou simplement papoter avec d'autres backpakers.
Bref, on me laisse quand même entreposer mon gros sac sous une table, et nous voilà parties. Lian reprend le train vers Tokyo, mais je me dirige à nouveau, carnet et crayon en main, vers le volcan. Je rejoindrais Lian plus tard, à 9h, dans la cauchemardesque station de Shinjuku d'où partira notre bus.

Toute seule, je prend mon temps pour dessiner le Fuji, sans nuages aujourd'hui, et les vapeurs du volcan. Je dessine à nouveau sur la rive du lac, envahie de moines bouddhistes en costume oranges qui attendent également le bateau. Ils ont les jambes nues, même si ils portent des chaussettes dans leurs sandales. Ils sont morts de rire quand un occidental géant (sa tête touche le plafond) débarque, avec blouson en cuir, cheveux long et voix éraillé. Ils se prennent en photo à côté de lui (ils ont des iphones, rangés dans leurs sacs en toiles décorés de symboles bouddhistes).
De l'autre côté du lac, il commence à faire froid, et j'essaye de dessiner avec mes gants, ce qui ne marche pas super bien (alors ça c'est surprenant). Il est 15h30, et je décide de retourner à l'hôtel, récupérer mon sac et rentrer à Tokyo.
La nuit tombe super vite, et, alors que j'attend le bus devant l'hôtel, mon haleine fait de gros nuages de fumée. Il doit faire en dessous de zéro à présent ! Bien sur avec la chance que j'ai je dois attendre le bus 20min.

Bus, bus, train, il me faut pas mal de temps pour rejoindre Tokyo, du coup je m'endors pendant le trajet. Comme on s'est fait jeter dehors en vitesse ce matin, j'ai pas tellement eu le temps de passer à la salle de bain, et je rêve d'une douche, de vêtements frais, de ma brosse à dent... C'est la galère de Shinjuku qui m'attend à l'arrivée. Je retourne au Starbuck, pour attendre Lian et me réveiller un peu avec un café. J'en profite pour écrire un peu sur mon ordi, vu que je n'ai pas vraiment eu le temps de raconter quoi que ce soit ces derniers jours.
Vers 9h, je retrouve Lian et Gilles, un français/hollandais qu'elle a rencontré dans son auberge de jeunesse. On va manger dans le fameux restaurant que j'ai si longtemps cherché mon premier jour, après le tremblement de terre. On est tous malades et on renifle piteusement autour de nos tasses de matcha.
Notre bus part à 22h25, aussi on se lance à la recherche du lieu d'embarquement. Bien sur, c'est côté ouest de la station. Heureusement Gilles porte mon sac, sinon je crois qu'on aurait loupé le bus. Impossible de localiser l'endroit précis du départ. On se perd à nouveau dans les couloirs bondés de la station, demandant notre chemin ici et là pour s'assurer que l'on va bien dans la bonne direction. Je commence à désespérer, vu qu'on a que 5min pour trouver l'immeuble d'où partent les bus. On demande même notre route à une nana déguisée en poupée, qui, bien que n'ayant aucune idée de ce dont on parle, continue à nous poser des questions sur notre destination dans un anglais hésitant. Tout plutôt que d'avouer qu'on ne sait pas, nous explique Gilles, qui vit au Japon.

On repart en courant, et, joie, on aperçoit enfin le building en question, devant lequel des mecs habillés en rose tiennent des pancartes avec des indications vers les bus. On a mit une demi-heure pour trouver l'endroit, et ce en courant la moitié du temps. On remercie Gilles et on grimpe dans le bus, en nage.
Et là, c'est le grand luxe. Les sièges sont larges, rose et gris, avec une genre de capote à rabattre au dessus de sa tête pour couper la lumière et le bruit. Il y des prises, un oreiller, une couverture, un repose pied... Les sièges s'inclinent presque à l'horizontale et on a plein de place pour les jambes. On en est toute excitées, avec Lian. On glousse et on fait plein de bruit, pendant que les japonais, à leur habitude, sont calmes et disciplinés. Une carte dans la poche du siège explique qu'on doit éviter d'utiliser des appareils lumineux, de parler, de taper au clavier (le bruit des touche pourrait "offenser" les autres passagers), et qu'on doit toujours demander la permission de la personne derrière nous avant d'incliner le siège. Je crois qu'on a déjà violé l'ensemble de ces règles dans les cinq première minutes du voyage.
On arrive à Kyoto à 6h du matin, déçues que le voyage soit déjà finit. On avait pas réalisé qu'en regardant un film de deux heures, il ne nous resterait que quatre heures à dormir... C'est donc l'air un peu hagard qu'on débarque, de nuit, sur un trottoir de Kyoto.

19/12/2012

11 décembre, jour 6

Je me lève à 6h pour récupérer toutes mes affaires et rejoindre Lian à Shinjuku. Sephrine dort encore, je m'active donc en silence et quitte l'appartement en catimini. Je n'ai presque pas dormit la veille, trop occupée à passer en revue toutes mes options pour les prochains jours, et calculer le coût de mes différents déplacements.
Depuis le balcon, j'aperçois le mont Fuji, qui se détache sur un ciel sans nuage. De bonne augure pour notre excursion à Hakone.
Je dois marcher 10 à 15 minutes pour atteindre le métro depuis l'immeuble de Sephrine, et mon sac pèse quand même assez lourd, du coup quand j'arrive je suis déjà morte. Mais il faut encore affronter la foule du lundi matin, à l'heure de pointe, puisqu'il est maintenant environ 7h. Je ne peux pas m'asseoir et suis obligée de rester debout avec mes sacs sur les épaules, pour une autre quinzaine de minutes. La ligne de métro qui mène chez Sephrine se sépare en deux à un moment, et jusqu'à maintenant, par hasard ou par chance, j'ai toujours emprunté la même branche. Mais aujourd'hui je descend à la mauvaise station. C'est toujours Shinjuku, mais côté ouest. Je dois rejoindre Lian côté est, le cauchemard. Shinjuku est l'une des plus grande station de métro du monde, c'est juste l'enfer de s'y retrouver. Pour accéder au côté est depuis l'ouest, c'est une succession d'obstacles qu'il faut contourner. Foule hostile, couloirs interminables, plans en japonais, employés du métro non anglophone... Il me faut une quarantaine de minutes pour m'y retrouver, sac sur le dos, et j'ai 20 min de retard quand j'émerge enfin côté est, où je dois retrouver Lian. Mais elle n'est pas au rendez-vous, probablement coincée quelque part elle aussi, noyée dans la foule. On a RDV devant un mini poste de police, aussi je demande au mec assis dans le tout petit bureau si il n'a pas vu une blonde dans les environs. Quand il répond non, je me résigne à attendre. Mais, oh surprise, il y a un VRAI wifi gratuit ici. Pas le genre où pour te connecter, il faut entrer un identifiant à récupérer sur internet (un peu débile puisqu'on a PAS accès à internet, c'est bien pour ça qu'on cherche un wifi). Je suis sur le point d'envoyer à message à Lian quand elle arrive, ayant vaincu la foule et la signalisation douteuse de Shinjuku. Le hic, c'est que les quais du train qu'on doit emprunter se trouvent... Côté ouest !!! Il faut revenir en arrière, replonger dans les méandres de la station, suivre les instructions de gentils employés qui nous dessinent même des plans. C'est tellement labyrinthique que c'est dur de suivre des instructions griffonnés à la va-vite sur un confetti. Mais enfin, on y arrive, juste à temps pour choper le train ! Enfin je m'assois, pour la première fois de la matinée.

Les japonais sont toujours très calmes dans les transports en commun, du coup Lian et moi on est les seules à discuter. C'est bizarre, même si je sais qu'ils ne comprennent probablement pas, j'ai l'impression que tous les passagers nous écoutent.
On aperçoit à nouveau le Fuji depuis les vitres du train. La météo est toujours au beau fixe et je suis ravie, puisque j'ai lu sur internet que pleins de gens vont à Hakone et ne voient que des nuages... Nous, on voit même le sommet du volcan. Reste à espérer que ça reste comme ça jusqu'à notre arrivée, environ deux heures plus tard.

Tout s'enchaîne plutôt bien pour nous et on a aucune difficulté à trouver notre hôtel. C'est chouette d'être avec Lian, à deux les choses se résolvent plus simplement. Elle envisage de se rendre à Kyoto en stop, mais avec l'hiver, les routes depuis Hakone n'ont pas l'air très fréquentées. Il faut dire que c'est perdu dans la montagne, un décor presque canadien, avec de grands arbres et des feuilles rousses, des lacs, le ciel bleu...
Une fois à l'hôtel, mauvaise surprise. Malgré le prix annoncé d'un trentaine d'euros, la filles qui tient l'accueil nous annonce que c'est le tarif membre (du réseau des auberges de jeunesse, j'imagine, mais elle ne précise pas). Pour nous, c'est 38. Mais attention, il faut aussi rajouter les taxes ! Taxes de quoi, pour quoi, comment... On sait pas. Mais ça nous fait du 42 euros en dortoir sans salle de bain privée. Et on paye CHACUNE 42 euros. Un peu du foutage de gueule pour une auberge de jeunesse. Mais on a pas le choix, c'est déjà réservé. Dire qu'à ce prix là on aurait pu se partager une chouette chambre double ! On râle un peu, surtout quand la nana se révèle nulle pour nous conseiller sur la manière de rejoindre Kyoto. D'habitude les auberges de jeunesses proposent de réserver les trajets en trains ou en bus pour les clients, ou offrent même parfois des tours et diverses activités. ici, c'est débrouille toi. On lui extirpe quand même quelques informations utiles, comme l'existence d'un bus de nuit Tokyo/kyoto, qu'il faut réserver sur internet. Comme on veut commencer la visite d'Hakone sans tarder, on reporte les détails à plus tard et on décide de se remettre en route. Apparemment on ne peut pas encore voir notre chambre (il est pourtant midi et demi) alors on doit laisser nos sacs dans la salle commune. De mieux en mieux.

Enfin, on oublie un peu les tracas liés à l'hôtel et on se lance dans notre tour d'Hakone. d'abord, le bus jusqu'à une crémaillère, qui nous amène jusqu'à un téléphérique. Grace à un pass valable deux jours et payé 40 euros, on a un accès illimité à tous les transports en commun du coin. Depuis la cabine, on découvre un mont Fuji magnifique, bien que le sommet soit maintenant perdu dans les nuages. On prend des tonnes de photos, autre avantage de voyager à deux ! Une fois au sommet, et après avoir survolé le flanc de la montagne pelé et à demi perdu dans les fumées de souffre qui font la célébrité de l'endroit, on grimpe un long escalier qui nous mène à 1500 mètres d'altitude, là où les fumerolles jaillissent des rochers jaune en gros volutes crémeux. Bon, ça sent l'oeuf pourri à mort,  mais c'est incroyable comme décor. On est sur les flancs d'un volcan, dont la dernière éruption sérieuse ne remonte qu'à 300 ans. L'eau qui en dévale les pentes est celle utilisée dans les Onsen, ces sources chaudes si renommées à Hakone. Elle est d'un vert laiteux, et elle est si chaude qu'on y fait bouillir des oeufs. A cause des minéraux qu'elle contient, les oeufs deviennent noir ! On achète un sachet d'oeufs durs, pour voir, mais à part pour la couleur ben... C'est juste des oeufs quoi !

Après avoir prit au moins 200 photos (on voit super bien le Fuji de là-haut), on redescend la montagne avec un autre téléphérique, qui nous amène au bord d'un lac tranquille. Là, deux énormes répliques de gallions espagnols glissent paresseusement, promenant les touristes d'un bout à l'autre du lac. On attend au soleil, appréciant le calme et la sérénité des lieux. Les bateaux sont un peu incongrus, mais après la folie de Tokyo, on se s'étonne plus. La traversée prend presque une heure, on en somnolerait, assises à regarder défiler les montagnes. Une fois arrivée, on aperçoit la célèbre vue du Fuji au dessus du lac, avec au premier plan un portique rouge vif, planté dans l'eau, qui se détache nettement du fond vert sombre de la forêt.
On mange rapidement boulettes de riz et croquette de poulet (du moins je crois), et puis on part se promener sur les rives du lac. Il commence à peler sévère, et c'est la première fois que j'ai aussi froid au Japon. Probablement l'altitude et la proximité du lac. On s'aventure quand même jusqu'au portique aperçu du bateau, et là on découvre une belle forêt dans laquelle s'alignent de petits temples. Un pont rouge vif mène au portique. On prend quelques photos mais on ne s'attarde pas, pressées de rejoindre l'hôtel et surtout son Onsen, où l'on compte bien se prélasser ! On s'endort presque dans le bus, au retour ! Arrivée à l'hôtel, on peut enfin voir notre "dortoir" qui est en fait une minuscule chambre à la japonaise, avec tatamis, futons, et écran de papier de riz. Lian et moi on y rentre à peine, je me demande combien de gens ils y casent en période d'affluence. La pièce ne ferme pas à clef, mais l'hôtel est presque désert de toute façon. Aussitôt installées, on se précipite dans la salle où jaillit la source de l'Onsen. Il y fait au moins 40 degré ! Un grand bassin nous permet de nous y tremper, et on doit vite ouvrir la baie vitrée si on ne veut pas étouffer. Il doit faire en dessous de zéro dehors, pourtant après la chaleur de l'Onsen, c'est super agréable de s'asseoir sur le rebord du bassin, le dos vers la nuit.
Au bout d'une demi-heure on en peut plus, il fait trop chaud ! On quitte le bassin laiteux pour régler nos problèmes de transports vers Kyoto. Coup de chance, on trouve un trajet en bus avec une réduction de dernière minute, au départ de Tokyo, qui arrivera à Kyoto le jeudi matin. Je m'empresse de réserver et préviens ma prochaine hôte, Tomoko, de mes horaires d'arrivée. Tout est réglé à présent, reste plus qu'à trouver quoi faire pour occuper la journée du lendemain. Lian décide de rentrer à Tokyo dès le matin pour visiter quelques autres trucs, et je préfère reste à Hakone et faire des dessins, ce qui est plus facile toute seule que quand je suis accompagnée (du moins accompagnée de quelqu'un qui ne dessine pas). Après l'Onsen, j'ai la tête lourde, le nez bouché, mal à la gorge... Bref, je découvre que je suis à nouveau malade. Je n'ai pas l'énergie de faire quoi que ce soit d'autre ce soir, et après une soupe et un coup de fil à Sam, Lian et moi on se regarde quelques séries sur mon ordi, avant de s'endormir dans nos futon super confortable et nos énormes couettes douillettes.

15/12/2012

10 décembre jour 5

Sephrine travaille ce matin, du coup elle doit se lever à 8h, et à la base j'ai prévu de faire de même et de partir en même temps qu'elle. Elle ne rentrera qu'à 8h30, heure à laquelle nous avons rendez-vous pour aller manger dans un petit resto du coin. Bien sur, dans les faits, je suis crevée, et je me vois mal rester de 9h à 8h30 dans les rues, surtout avec la nuit qui tombe vers 16h30. Dix heures à errer, j'ai déjà donné. Du coup je reste au lit... Jusqu'à 11h ! Au début je suis atterrée. J'avais prévu d'aller au fish market, et le temps d'y être il sera bien midi : raté pour la pêche toute fraîche du matin ! Mais enfin, quand j'y pense, c'est pas plus mal d'avoir dormi un peu plus longtemps. Sephrine se couche toujours très tard, et j'ai besoin de sommeil. Rien de de tel qu'une grasse mat' pour me remettre d'aplomb. Quand je prend la route, je suis en pleine forme. Le soleil brille à nouveau, j'écoute mon I-pod dans les rues, j'en sautillerais presque. Et puis je porte mon nouveau chapeau et mes chaussures brillantes.

Je commence à maîtriser le métro de Tokyo, et arrive sans encombres à la bonne station. Au final le marché au poisson le plus grand du monde ressemble beaucoup... À la Chine ! Le marché au fruits de mer séchés de Hong-Kong, ou bien les rues de Canton où les gens découpaient le poisson sur le trottoir. Ici aussi des pièces géantes de thon s'exposent sur un lit de glace. Du poulpe séché, des poissons alignés, dans les branchies desquels on a glissé une petite carte avec le prix, des vendeurs à la sauvette qui vous grillent des cubes d'omelettes sur des piques à brochette... Et l'odeur, bien sur. 

C'est le marché extérieur que je visite, mais je suis venue pour les halles, où l'on vend aux enchères les plus grosses pièces. C'est un peu tard évidemment pour ça, les salles se vident, il ne reste que la glace qui fond et le ballet des voiturettes qui transportent les déchets et autres résidus.
Le must, bien sur, c'est de manger des sushis ici ! C'est parfait pour moi, il est justement l'heure de manger. Je choisis un restaurant au hazard. Bien sur il s'agit d'un train à sushi ! J'adore les robinets incrustés dans le comptoir et grace auxquels ont peut se faire du matcha, breuvage vert vif obtenu en mélangeant de la poudre verte (thé ?) et de l'eau chaude. Le poisson FOND dans la bouche, je rigole pas, c'est incroyable. Je mange thon rouge et saumon, et mon voisin de comptoir me lance "oishi !". Délicieux, oui !
Mon repas achevé, j'en ai pour genre 5 euros, et je suis bien contente. C'est probablement le poisson le plus frais que j'ai jamais mangé (j'ai aussi mangé du poisson grillé à Bali sur une plage mais enfin, là, il est CRU !).

Je reprend le métro pour Asakusa, l'un des vieux quartiers de Tokyo. C'est là que je visite un super temple, dont j'ai oublié le nom, mais auquel on accède par une grande porte décorée d'une immense lanterne rouge, qui doit bien faire ma taille !  Ensuite on longe une rue à souvenir qui mène au temple, où se baladent des centaines de promeneurs. On y vend des bonbons, des gâteaux, des produits Hello Kitty (chaque lieu touristique japonais a son produit dérivé Hello Kitty. Ici le chat pose avec la "Sky tree tower" fraîchement érigée, ou avec de grosses lanternes rouge)... Le temple en lui-même est très beau, rouge vif, avec de grosses lampes en papier et une pagode à cinq étages. Je m'assois sur les marches de l'un des pavillons pour dessiner l'entrée du temple, énorme, et dont la structure en bois est si complexe que je m'y perd plus d'une fois. Comme d'habitude, des gens s'arrêtent et commentent. Je me contente de sourire, hocher la tête et remercier en japonais (mon vocabulaire se limite à ça). Je commence à geler en revanche, puisque mon coin n'est plus au soleil maintenant, et que la température baisse toujours vers 3h. Je décide donc de reprendre le métro pour me réchauffer, et de me rendre à Akihabara, le quartier de l'électronique, des geeks et des salles d'arcades. La sortie de métro s'appelle très justement "electric city". C'est bruyant, ça clignote, ça chante, bref, c'est assez saisissant comme effet ! Je rentre dans quelques salles d'arcades, pour voir. Il a des dizaines de machines à grappins pour attraper des figurines ou des peluches, et je vois des japonaises y faire disparaître leurs pièces de 100 Y à une vitesse alarmante. Pour une raison inconnue, il y a plusieurs musiques/bruitages en même temps, dans la même salle, du coup c'est cacophonique, je me demande comment les japonais font pour y passer leurs journées. Entre chants de Noël, dernier titre pop du moment, bruitages de jeux vidéo et cris hystériques des japonaises, c'est l'horreur. Je me balade un peu, mais très vite la nuit tombe et il commence à faire vraiment froid. Dans la rue, des filles en costume de bonnes interpellent les passants d'une voix sur-aigüe pour les entraîner dans des "maid cafés", sortes de salon de thé où le client est appelé "maître" et peux payer pour que les soubrettes dansent ou chantent, ou je ne sais quoi d'autre. Aucun rapport avec la prostitution, juste une tendance culturelle étrange... Je décide d'y faire un tour, ce qui apparemment est vraiment bizarre puisque c'est un lieu habituellement fréquenté par les hommes. Mais qu'à cela ne tienne, je m'installe et je suis aussitôt entourée par 3 ou 4 filles déguisées en soubrettes qui m'apportent mon thé en chantant une petite chanson et en m'appelant "princesse"... Super bizarre ! Mais trop drôle à regarder. Des japonais de 30-40 ans sont installés sur des sièges rose, dans un décor rose, et tapent la discut' aux filles. Elles sont là pour les écouter, rire à leurs blagues, parler avec des voix de bébés et se trémousser parfois vaguement sur la chanson choisie par le client. J'en profite pour dessiner et reçoit l'admiration (feinte ?) de toutes les maids. C'est cucul à souhait et vraiment purement japonais. Je reste une petite heure et décide de rentrer, encore un peu éblouie pour tout le rose, la dentelle et les coeurs absorbés au salon de thé.

Je rentre avant Sephrine mais elle m'a laissé ses clefs, du coup je passe un peu de temps à son appart pour organiser mon départ à Hakone, le lendemain, avant de la rejoindre à 8h pour manger des brochettes de poulet, typique au Japon. Sephrine commande des tas de trucs, et je teste un peu tout. J'ai du mal avec la brochette de cartilage... En gros c'est de la viande de poulet haché mixée avec le cartilage de la patte. ça croque sous la dent et c'est un peu dégoûtant. Pareil avec un morceau d'organe inconnu, que je goûte également, mais que je m'empresse de refiler à Sephrine. On est installées dans une toute petite gargotte pas loin de chez elle, en bois, bien locale et fréquentée uniquement par les gens du quartier. Et puis Sephrine m'invite, pour le dessert, à tester un gâteau au potiron, dans un resto italien un peu plus loin. C'est très sympa et j'apprécie l'ambiance calme et feutrée, après la folie d'Akihabara et du maid café.
De retour chez elle, je boucle mon sac, prête à quitter Tokyo pour découvrir le mythique mont Fuji ! Je suis contente d'être accompagnée par Lian, que je dois retrouver à Shinjuku le lendemain. C'est toujours plus sympa de visiter à plusieurs, et comme je ne peux pas dessiner à cause du froid, j'avais peur de m'ennuyer là-bas.
On se dit au revoir avec Sephrine avant d'aller se coucher, puisque je dois me lever très tôt. C'est déjà la fin de mon aventure à Tokyo !
9 décembre, jour 4

Sephrine dors encore quand je me lève, vers 9h. Après tout, on est dimanche ! Et c'est encore du ciel bleu au dessus de Tokyo ! Tant mieux, puisqu'aujourd'hui j'ai prévu de visiter le parc de Yoyoji, puis de rejoindre Lian, la hollandaise, à Harajuku, avant de peut-être faire un tour à Asakusa.
Bon le temps de me motiver à décoller et tout, je n'arrive au parc qu'à 11h. On m'a dit que c'est ici, sur un pont à l'entrée, que l'on peut admirer les ados déguisés en héros de mangas. Tous les dimanches, paraît-il, ils viennent parader dans le coin. Alors pas de chance, moi je n'en voit aucun. Malgré le soleil, malgré les touristes qui les cherchent partout, l'air dépité, les ados en question ne se montrent pas. Un peu déçue quand même (quand on pense Tokyo, on pense un peu "jeunes-déjantés-habillés-n'importe-comment, non ?), je décide d'aller me promener dans le parc, avec son portique géant et son sanctuaire dédié à un couple impérial. Au couple impérial en question avait été offert du vin de Bourgogne bien de chez nous, dont les barriques s'exposent dans les allées ombragées. Il y a aussi des outres de saké décorées, un peu plus local comme style. Sinon le sanctuaire en lui-même est niché au fond du parc, et apparemment c'est LE must du mariage, puisqu'il s'en déroule deux dans l'enceinte, avec kimonos, sabots en bois, ombrelles rouge en papier... Même les enfants portent la tenue traditionnelle.
À l'entrée du sanctuaire, il y a un type assis tout seul dans un petit temple ouvert d'un côté. Habillé de blanc, avec une coiffe et un objet de bois non identifié dans la main, il est immobile, le regard fixe. Je n'ose pas prendre de photo, des fois que ce soit un sage sacré en méditation, mais je m'attarde un peu pour essayer de découvrir le pourquoi du comment. Comme il n'y a ni panneau, ni pancarte explicative, ce mystère devra en rester un !  Il y a également un bassin dans lequel les fidèles (shinto) doivent plonger une louche de bois pour se rincer les mains et la bouche avant de prier. Et avant la prière, ils tapent aussi dans leurs mains, pour attirer l'attention des dieux !
Comme je n'ai fait qu'un seul croquis depuis le début du voyage, je m'installe sur un petit banc et sors mon matériel. Mais je comprend bien vite que ça va être dur, le dessin, au Japon. Il fait FROID, du coup assise à l'ombre à jongler avec la plume et le pinceau, j'ai bientôt les doigts (et les fesses) gelées. En plus je suis engoncée dans mes habits, avec mes 5 couches de fringues. Bref, c'est pas trop ça. Et puis de toute manière il est presque midi et je dois rejoindre Lian à l'entrée de la Takeshita Dori, la rue piétonne principale d'Harajuku, paradis du shopping déjanté et des accessoires loufoques. Comme c'est à deux pas du parc, j'y suis vite. J'aperçois quelques filles déguisées en poupées, avec ombrelles à l'ancienne et chaussettes à rubans. Par contre, malgré le froid, elles ont les jambes nues. J'en grelotte pour elle !

Lian est à la bourre, je commence à me dire qu'elle m'a oublié, ou plus vraisemblablement qu'elle ne s'est pas réveillée. Je guette ses cheveux blond, mais tellement de japonaises (et de japonais !) ont les cheveux teint qu'au final je crois la voir au moins 10 fois. Je la repère enfin de l'autre côté du trottoir. Commence alors notre aprem au pays du n'importe quoi. On entre dans les boutiques un peu au hasard, quand on voit un truc qui nous plais. On essaye chapeaux, lunettes, bijoux incroyables. Collier "squelette de dinosaure fluo", masque façon catcheur à l'effigie du père Noël, leggings aux couleurs électriques (Lian choisit le bleu), chaussures dorée à rubans noir (ce sera pour moi, merci)... On repère même un stand de crêpes complètement fou : en plus du traditionnel chocolat / chantilly / caramel ou autre, on peut ici ajouter une part de gâteau (oui oui, un part ENTIÈRE), genre cheese cake, ou forêt noire, dans sa crêpe. Où est donc passé notre bonne vieille crêpe Suzette ?
Après nos emplettes (j'ai acheté les chaussures, un chapeau cloche bordeaux et une super chemise), on tente à nouveau l'entrée du parc, au cas où les ados auraient décidé de se pointer. Mais non, il n'y a qu'un type avec une marionnette qui propose de chanter votre hymne nationale pour 5 euros. Un couple tente le coup, impossible de deviner leur nationalité d'après l'interprétation du monsieur. Mais enfin c'est distrayant !
On retourne au sanctuaire que Lian n'a pas encore vu. Un autre mariage, en grande pompe celui-là, s'y déroule. On assiste au cortège nuptiale, où prêtres, mariés, et invités marchent par deux au son d'un grand tambour. La marié porte un kimono traditionnel, et presque tous les invités sont en tenues japonaises.
À l'entrée, ce n'est plus le même type, immobile dans le petit temple. Celui-là il a des lunettes, mais il bouge toujours pas.
La nuit commence à tomber, et j'ai rendez-vous avec Sephrine à 6h. Ce soir, on cuisine chez elle, et je dois passer faire des courses. Lian reste à Harajuku pour se trouver un manteau. Mais je lui ai parlé d'Hakone et elle a décidé de m'accompagner, on se reverra donc mardi pour prendre le train !

Quand j'arrive chez Sephrine, avec les ingrédients pour cuisiner une ratatouille, c'est dans le vide que je sonne : bien qu'elle m'ait assuré qu'elle serait là à 5h, Sephrine ne répond pas à l'interphone. Je réessaye, car l'interphone est en japonais, et je me dis que j'ai peut-être pressé la mauvaise touche ? Mais non, j'ai beau essayer toutes les combinaisons, pas de réponse. Bien sur, sans téléphone, impossible de la joindre. Sans trop m'inquiéter, je décide d'aller au 7eleven au coin de la rue et d'essayer de la joindre via leur téléphone. Bien sur le mec ne parle pas anglais, et il ne comprend rien à mes explications. Il appelle un autre gars. En fait l'autre gars ne parle pas anglais non plus. Je commence à désespérer quand une jeune fille s'approche et me demande si je cherche quelque chose. Je lui explique que j'avais RDV avec une amie, qu'elle est en retard, et que, mon téléphone ne marchant pas, je ne parviens pas à la joindre. Alors en France, moi, à sa place, j'aurais offert mon téléphone. Un coup de fil, ou un texto, ce n'est pas grand chose, et ça ne prend que quelques minutes. Mais enfin, on est au Japon et la jeune fille se contente de prendre un air ennuyé, et de me demander : "alors vous cherchez un endroit d'où téléphoner ?". Je lui explique que je comptais demander au vendeur du 7eleven si je peux utiliser la ligne du magasin, juste pour quelques minutes. Elle transmet au gars qui, serviable, me fait signe de le suivre dans l'arrière-boutique. Alors bien sur pour une raison inconnue mon téléphone à ajouté automatiquement le code d'appel du Japon (probablement depuis l'Australie puisque ma sim card est australienne). Du coup quand le gars fait le numéro, ça ne marche pas. J'essaye de lui montrer qu'il faut enlever le +81 et ajouter un 0, mais la jeune fille étant partie, c'est un peu difficile. Il finit par comprendre, mais je tombe sur le répondeur direct.
Retour à la case départ.
J'attends devant l'immeuble. Comme toujours dans ces cas là, je psychote. Si Sephrine ne répond pas au téléphone, peut-être qu'elle a eu un problème ? Le fait que son téléphone pourrait être à plat, ou la possibilité qu'elle soit dans le métro me traversent l'esprit, mais c'est l'idée que quelque chose lui est peut-être arrivé qui prédomine. Et si elle était évanouie dans son appart ? Je sais, c'est débile, mais puisqu'elle m'avait dit qu'elle serait chez elle, j'ai du mal à ne pas m'inquiéter.

Lorsqu'un couple sort de l'immeuble, j'en profite pour me faufiler à l'intérieur. Je monte au cinquième, mais une fois encore, même à la porte de l'appart, personne ne répond. Les pires pensées m'assaillent. Mon passeport est là-dedans. Et si Sephrine ne revenait jamais ? Il est maintenant presque la demi, mais enfin quand on y pense ce n'est pas grand-chose comme retard. C'est même rien du tout. En temps normal je ne me serais probablement même pas inquiété, j'aurais juste attendu dans l'entrée en pestant. Mais au Japon, sans téléphone, sachant que seulement 1 japonais sur 5 parle anglais (et encore), je me sens très vulnérable. Je redescend dans l'entrée, sans oser sortir, au cas où je ne pourrais plus entrer du tout. Je me vois déjà passer la nuit dans le hall quand un type sort de l'ascenseur. Je lui demande aussitôt de l'aide, espérant passer un autre coup de fil ou peut-être avoir accès à internet. Mais le monsieur est très réticent. Je commence à me dire que le téléphone doit coûter une blinde au Japon. Il préfère s'entêter sur l'interphone, avant de me déclarer "pas là, elle, pas là". Non, tu crois ? Après moult explications de mon côté et soupirs du siens, le gars consent à entrer le numéro de Sephrine. Encore une fois, c'est le répondeur. L'homme me dit que je n'ai qu'à l'attendre dans le hall. Quand il voit ma tête (à ce stade je commence à paniquer légèrement), il réessaye le numéro. Cette fois, quelqu'un décroche ! Il explique la situation à Sephrine puis me passe le téléphone. Tout va bien, elle sera là d'ici 15 min, et me propose de l'attendre au 7eleven, où je me rend un peu penaude, après avoir remercié le gars plusieurs fois.

J'en profite pour regarder un magazine appelé "Model", où on nous raconte la vie de 6 mannequins japonais (enfin j'imagine, vu que j'y comprend rien de toute façon au japonais). Les filles sont toutes super super maigres, encore plus que chez nous, c'est assez choquant. Et bien sur elles ont toutes un petit côté européen, qui de grand yeux, qui les cheveux blonds, qui le nez pointu. Quand à ce qui est vrai ou faux là-dedans, je ne saurais dire.

Quand Sephrine arrive, on commence direct à cuisiner. Malaysien pour elle, français pour moi. Odile, rencontrée la veille, nous rejoindra plus tard. Entre temps j'appelle Sam, ça fait un bout de temps qu'on ne s'est pas parlé. J'ai un peu de mal à me connecter à internet depuis mon arrivée au Japon, c'est toujours une vrai galère.
Quand Odile arrive, elle apporte avec elle de l'umeshu et de la glace japonaise bizarre enrobée d'une espèce de pâte inconnue. Au final tout est bon, et on passe une soirée super sympa toute les trois. J'oublie vite le stress de la fin d'aprem, et comme d'habitude je me dis que c'était un peu débile, quand même, comme réaction. Mais bon, les galères ça fait toujours un peu plus d'histoires de voyage à raconter !


10/12/2012

8 décembre, jour 3

Ce matin j'ai un peu de mal à me lever, il est environ 10h quand je me réveille, mais il faut dire que j'étais quand même super crevée la veille, après le voyage. J'ai prévu de retourner à Shinjuku et d'y voir ce que je n'ai pas eu le courage de visiter la veille, en particulier monter à l'observatoire de la mairie de Tokyo pour admirer la vue, et peut-être même apercevoir le mont Fuji. Ensuite je compte visiter Shibuya, un autre quartier emblématique de Tokyo, avec son carrefour piéton géant connu dans le monde entier et ses boutiques un peu folles. Enfin je dois rejoindre Sephrine à 3h pour la préparation d'un grand repas cuisiné par tout un tas de couchsurfers. Moi, du japonais maison, ça me tente à fond, surtout que pendant que j'étais en wwoofing, ma copine de galère japonaise Miho nous a cuisiné quelques super plats dont j'espère apprendre la recette (ou déguster, hein, sinon).
Donc me voilà partie, sans sac à dos cette fois (joie !) et plutôt confiante niveau métro. Disons que j'ai eu le baptême du feu en arrivant à Shinjuku la veille. Maintenant, plus rien ne me fait peur ! Et en parlant de métro, on y diffuse de la musique relaxante façon chant des baleines et abeilles qui butinent. Ou eau qui ruisselle.Il y a des poignées au plafond, pour se tenir, mais elles sont si basses que je m'y cogne sans cesse la tête !
J'achète un ticket sans encombre, vu qu'il y a une touche "anglais" sur la machine, qui se met alors à parler avec l'accent british, et me voilà partie. Comme tout ne peut quand même pas être aussi simple, je galère un peu à trouver la mairie, mais j'atterris finalement au milieu d'immeubles d'aspect futuristes aux pieds desquels s'étendent d'immenses places vides où le vent souffle et gémit. On dirait une scène post-apocalyptique où tout le monde serait mort. J'imagine que tous les japonais sont au boulot, et puis de toute manière, les places en question ne sont pas super attrayantes. Du béton, du béton, encore du béton. L'immeuble de la mairie aurait apparemment été calqué sur Notre-Dame, avec deux tours et... Bon en fait la ressemblance s'arrête là. Dans la tour sud, on accède gratuitement à un observatoire qui domine la ville, avec même, au loin, dans la brume, le sommet enneigé du mont Fuji. Mais alors il faut plisser les yeux ! Parce qu'il disparait presque en gris sur fond gris, au delà des gratte-ciels de Tokyo. 
Prochaine étape : Shibuya ! Je reprend le métro, triche à la sortie et conserve mon ticket (normalement la machine l'avale à la fin du trajet). Ici, on paye le métro à la distance ET en fonction des lignes empruntées. Certains tickets sur une ligne ne permettent pas les correspondances sur une autre. Du coup, il faut payer sur la première ligne d'abord (mettons 2 euros, car c'est ce que ça coûte en moyenne), et ensuite reprendre un ticket pour la suivante, si il ne s'agit pas du même groupe. Du coup parfois au lieu de payer un trajet, on en paye deux, même si on va seulement à quelques stations. Bref, c'est un peu le bordel, surtout quand, comme moi, on ne sait pas quelles stations appartiennent à quel groupe. Du coup impossible de s'organiser et de choisir le trajet le moins cher, comme le font les habitués du coin. 
Je me rend d'abord à la statue de Hatchiko, le chien qui a attendu son maître à la gare de shibuya pendant genre 10 ans. Le gars en question était mort, mais le chien a continué à venir, jour après jour. Du coup c'est un emblème de fidélité et tout et tout. Il a même une écharpe autour du cou genre "miss France". J'arrive à me faire prendre à photo à côté par de gentils touristes et poursuis mon périple. Bon, en gros je me balade, je ne visite rien de spécial, un peu façon HK quand je me baladais dans les quartiers. Je regarde les boutiques, les gens... Il y a une boutique consacrée entièrement aux préservatifs. Des miniatures, des bizarres, des parfumés... Il y a aussi le fameux immense carrefour où les gens grouillent comme des fourmis. J'observe le ballet depuis le premier étage d'un grand magasin, et c'est super impressionnant, bien plus que lorsqu'on est en bas, noyé dans la foule. 

Le temps passe vite finalement et il est déjà l'heure de rejoindre Sephrine. Le point de RDV est assez éloigné, mais j'ai potassé mon guide et estime la durée du trajet à environ une demi heure. Bien sur, ça ne manque pas, je monte dans le mauvais train. Parce qu'alors en plus d'appartenir à des gens différents et tout, des fois les lignes changent de nom en cours de route. Avant de rentrer à Tokyo, à l'ouest, c'est tel nom, dans Tokyo, tel autre nom, et hors de Tokyo, à l'est, encore un autre nom. Impossible de s'y retrouver ! Et pourtant, je repars dans l'autre sens et finit par arriver, avec 20 min de retard. Heureusement le groupe m'a attendu, puisque sans téléphone ni internet, je ne peux pas joindre Sephrine (à moins d'emprunter un téléphone mais les japonais n'aiment pas trop ça, j'y reviendrais demain).
On se dirige en papotant vers un supermarché pour acheter les ingrédients du "kitchen-surf". C'est Yuta qui prête sa cuisine et propose à chacun de cuisiner sa spécialité. Dans le lot, il y a une française, Odile, qui a prévu de faire des crêpes ! Avec Lian, hollandaise, Sephrine et Odile, nous achetons quelques bouteilles, dont le fameux umeshu, vin de prune. Les autres remplissent le cadi d'une tonne de trucs, poisson, poulet, crabe... Je me dis que l'addition risque d'être salée, mais enfin, j'ai décidé de profiter à fond du Japon et de ne pas me culpabiliser avec l'argent comme j'ai pu le faire en voyage par le passé. Bizarre quand on pense que je me suis parfois privée en Chine, pourtant 20 fois moins chère que le Japon. 

De retour chez Yuta, on se met aux fourneaux. Je me lance dans la découpe artistique de champignons, puisqu'au Japon cuisine et esthétisme vont de paire. Il faut tailler une petite croix sur le dessus des champignons et tailler les aubergines en forme de fleurs. Je dépiaute aussi des crevettes, coupe les tomates... Au programme, des tas de plats japonais, les crêpes pour la France, un plat iranien, un cheesecake à l'américaine... Bien sur je ne me souviens plus de la moitié des noms en japonais mais c'était délicieux, tout comme l'umeshu d'ailleurs. Comme je m'entend bien avec Lian, la hollandaise, on décide de se retrouver le lendemain pour visiter Harajuku, le quartier de la mode déjantée et des cosplays. C'est ce que j'adore avec couchsurfing : c'est facile de se trouver des compagnons de vagabondage, et ça fait rencontrer plein de gens. C'est super de pouvoir goûter à la cuisine japonaise "maison", ça change des trucs qu'on trouve au resto. Yuta prépare un grand bol de sushi. Il y mélange du riz, de l'omelette, du tofu, des algues, plein de poisson cru et du gingembre, et arrange le tout artistiquement, en dessinant un motif de fleurs avec les crevettes ! L'ambiance va bon train, mais Sephrine et moi avons RDV avec Roxane, la québécoise de la veille, pour aller tester un isakaya (sorte de pub japonais dans lequel on vient se souler, et fumer, car si c'est interdit dans la rue, ça ne l'est pas toujours à l'intérieur). 

Nous quittons donc la fête avec Lian, qui décide de nous accompagner. Une fois à Shinjuku, nous retrouvons Roxane et ses amis, et croisons moult japonais éméchés. En effet, au Japon, on est bourré tôt ! Les métros ferment vers minuit, et rater le dernier signifie prendre un taxi hors de prix ou rester à l'hôtel. Pour ne pas se ruiner, les gens commencent à boire tôt et rentrent sagement vers 23h, titubant, ou alors trainé par les copains. 
Dans l'isakaya, c'est très sympa, on fait mourir de rire les japonaises en leur expliquant que, pour trinquer, on dit tchin-tchin. En japonais, ça veut dire pénis !
Comme notre dernier train est à 00h40, on décolle vers minuit, et on prend le train avec tous les japonais bourrés qui s'endorment sur leur siège. Moi j'ai bu que de l'eau, toute la bouffe et l'umeshu du repas m'ont largement suffit ! Je dois encore un peu subir les effets du décalage horaire car j'ai du mal à m'endormir. Mais je suis plutôt contente de mon premier jour complet à Tokyo, sous le soleil !

08/12/2012

7 décembre, jour 2

Alors je me suis rendue compte qu'hier j'ai oublié de raconter comment ils m'ont fait enlever mes chaussures à l'aéroport de Paris, aux douanes. Ils ont même des petits chaussons bleu en plastique à mettre pour protéger tes chaussettes. Mais le truc c'est que les gens derrière poussent tellement que, le temps de mettre les chaussettes, mon sac, mon ordi, mon appareil photo, mon kindle, mes chaussures, bref, toutes mes affaires étaient déjà passées de l'autre côté du portique, où je ne pouvais plus les voir. Du coup j'ai laissé tombé les chaussons et je me suis grouillée de passer le portique. Une fois encore, pas de pot, c'est moi qu'on décide de fouiller. Je regarde mes affaires s'éloigner, un peu inquiète quand même, mais aucun malotru ne me pique mes trucs, donc ça va. J'ai donc du tout ranger en chaussettes, vu qu'entre temps ça avait fait un embouteillage tous ces machins et que les autres gens commençaient à s'énerver. Ceci dit c'était pas ma faute, pour le coup.
Sinon je suis bien arrivée au Japon, il fait super beau même, genre 15° et grand soleil. J'étais toujours un peu vaseuse en sortant de l'avion puisque je ne me suis endormie que juste avant le petit déjeuner, et qu'on m'a donc réveillé pour me proposer pancakes au citron ou poulet et patates. À l'heure française, il devait être 3, 4h du mat', alors leurs pancakes et leur poulet, autant dire qu'ils ne me faisaient pas rêver ! Bon bref, j'arrive à l'aéroport bien vaseuse, du coup après avoir récupéré mon sac je fonce aux toilettes pour m'arranger un peu, parce que les japonaises, c'est comme les filles de Hong-Kong, moi à côté j'ai vraiment l'air d'une goule mal coiffée. D'ailleurs y a des toilettes high-tech tellement folles que je trouve pas le bouton pour tirer la chasse. Il y a un bouton pour IMITER le bruit de la chasse, mais impossible de trouver celui qui fait vraiment. Franchement, quel est l'intérêt d'IMITER le bruit de la chasse ? En gros t'appuye sur le bouton et t'as un vieux bruitage de chasse d'eau...
Enfin bref, le temps de me rafraîchir, tout le monde à disparu et je ne trouve plus la sortie. J'arrive enfin à repérer la douane grâce à l'aide d'un gentil employé, qui a du prendre pitié, et me voilà donc de l'autre côté de la frontière invisible de l'aéroport. D'un côté, tu es dans une zone neutre et indéfinie sans véritable identité, de l'autre tu es au JAPON. Bon, pendant les 15 premières minutes je ne fais rien, je reste debout près d'une barrière à analyser les lieux. je repère l'entrée du métro, les guichets, le bureau de change, tout ça.  Mais comme je suis encore un peu dans le cirage je me contente de regarder. Au bout d'un moment quand même je vais changer mon argent, à un taux pas aussi avantageux que celui du routard (évidemment), et puis je décide de profiter du wifi pour prévenir tout le monde que je suis bien vivante et que l'avion russe n'est pas tombé. Bon, il y a bien eu des turbulences un peu violentes à un moment, mais je viens de vivre mon premier tremblement de terre japonais alors bon, tout est relatif... mais je vais y revenir. Je parle un peu avec Sam sur skype vu que je me sens légèrement toute-seule-abandonnée-en-terre-inconnue. Surtout que je ne pourrais pas me poser avant 20h, heure à laquelle j'ai RDV avec mon hôte, Sephrine. D'ici là, je dois errer. Vu la fatigue et le décalage horaire, j'ai qu'une seule envie, c'est faire la sieste. Du coup quand je décolle enfin, il est presque 14h (je suis arrivée vers midi). J'essaye de me renseigner sur la manière la moins coûteuse de quitter l'aéroport, mais en fait elles sont toutes aussi chères (autour des 30 euros l'aller). Quand je vois le train, je comprends un peu mieux les tarifs. Avant qu'on monte, il y a un type qui nettoie tout le truc. Genre il fait les vitres et essuie les accoudoirs avec du désinfectant. Quand on embarque enfin, on se croirait en première dans le TGV, avec sièges inclinables, grandes fenêtres, un ronronnement feutré (même ça on l'a pas en première en France, ce serait plutôt un bon gros rugissement métallique)... Je manque de m'endormir à nouveau, mais heureusement le train parle en japonais, chinois et anglais, PLUS affiche la progression et l'itinéraire. Trop bien.

Quand il faut sortir c'est plus la même. La station Shinjuku est bondée, et il n'y a pas moins de 50 sorties (selon le guide du routard). Je sais où je veux aller, mais je dois d'abord mettre mon sac dans un casier. Les casiers, ils ne prennent que des pièces de 100 Y (1 euros avec mon taux de change). Moi, j'en ai besoin de cinq, pas de pot, j'en ai que deux. Avant de faire du change et de bazarder le sac, je décide de localiser la sortie la plus proche de la ligne que je dois prendre plus tard pour rejoindre Sephrine, et d'y laisser mon sac, pour marcher le moins possible. Comme la station est immense, je me tue le dos, mais enfin je finis par trouver mon bonheur, je me fais du change au 7eleven local, et je fourre le sac dans un grand casier. 

BON, maintenant, en principe, je suis libre de partir à la découverte du quartier. Mais dans les faits, j'ai super mal au dos, les rues sont bondées, et je ne suis pas trop d'humeur à arpenter les rues. Je fais quand même quelques photos, mais je n'accomplis qu'une des trois visites que je m'étais prévues (ouais, je suis quand même un peu ambitieuse pour le jour même de mon arrivée). Quand je finis mon mini tour du pâté de maison, je décide d'aller m'effondre au Starbucks, pour faire un croquis à travers la baie vitrée, et capter internet. Alors en fait, internet ça marche pas, y a un truc que j'ai du mal comprendre. Je fais quand même un croquis de Shinjuku et de ses néons de tarés, et je prend pas mal de photos/vidéos. Alors que je suis tranquillement assise à déguster mon chai latté (on me demande si je le veux chaud ou froid, j'aurais du dire froid, ils rajoutent de la glaces et du sucre rose), le bâtiment se met à trembler. Au début je me demande si c'est pas un gros camion qui roule dans la rue, en bas, ou le métro, mais non, c'est un tremblement de terre. Alors qu'il gagne en intensité et que les lampes commencent à tanguer, je lève les yeux pour observer les réactions de mes voisins. Comme personne n'y prête attention, je décide de suivre l'exemple et me contente de regarder les murs bouger (très bizarre comme vision, mais je sais que les immeubles japonais sont conçus pour onduler). Alors qu'au lieu de s'atténuer, les secousses se font plus fortes, on entend un gros claquement. Cette fois je sursaute, et je remarque l'air un peu inquiet de ma voisine de table. Re-claquement. Je lève les yeux sur la vitre, effrayée à l'idée qu'elle puisse se craqueler et exploser. J'ai l'impression d'être en mer, sur un bateau, avec le roulis et tout. Bon en fait c'est juste les lampes qui cognent contre la vitre, je me rassure, surtout en observant les japonais, qui après avoir marqué une petite pause surprise, reprennent tranquillement leurs activités. Le sol continue à tanguer pendant quelques minutes et puis tout rentre dans l'ordre. Moi je me dis que c'est normal et puis j'oublie l'incident. 

Au bout d'un moment je commence à avoir faim (je n'ai pas mangé depuis la veille au soir, mais le décalage horaire est un peu perturbant pour mon estomac, donc le poisson ça me tente bof). Je repère une adresse dans mon guide et décide de m'y rendre, pour passer le temps. Il me reste un peu moins de deux heures à tuer avant de devoir rejoindre Sephrine. Bon, évidemment, je me perds, et donc je erre en rond pendant quelques temps. Quand j'arrive enfin à repérer l'endroit, je n'ai plus que 20min avant de devoir prendre le métro, je décide donc de faire l'impasse et d'y revenir plus tard (c'est un train à sushi trop cool comme celui où j'étais allée à HK). Dans les rues, c'est la cacophonie, entre chants de noël et pubs nasillardes, sans compter les rabatteurs qui essayent d'attirer les clients vers leur restaurant. ça clignote dans tous les sens, des nounours bondissent dans les vitrines, des costumes de mère noël sexy s'exposent dans la rue, sur des portants, ou sur des japonaises. Bref, c'est un peu la folie, et après toutes mes heures d'avion, le manque de sommeil, le sac qui me tue le dos... Je suis soulagée de rejoindre enfin le métro pour aller retrouver mon hôte, vers 19h30. C'est là que je remarque que certaines lignes ont été fermées à cause du tremblement de terre. Encore une fois, je me dis que ça doit être normal, et fort heureusement la ligne que je dois emprunter est toujours ouverte, donc je ne m'inquiète pas outre mesure. Mon trajet se passe sans encombres et j'arrive un peu avant 8h, stressée bien sur à l'idée que Sephrine puisse être coincée dans l'une des lignes bloquées. Mais je n'ai qu'à attendre quelques petites minutes pour la voir arriver, accompagnée... D'une québécoise ! Elle vit à Tokyo et c'est une amie de mon hôte. Je suis super soulagée et contente de pouvoir enfin me poser, surtout que Sephrine me propose d'aller manger... Dans un restaurant avec un train de sushi ! On pose mon sac en vitesse à son appart, et on repart direct pour se goinfrer, de merveilleux sushi que je ne peux pas décrire tellement y en avait, ça prendrait une plombe (comme si ce message n'était pas déjà assez long). Bien sur en rentrant j'ai découvert que la France en avait fait des tonnes sur le tremblement de terre et que ma mère me croyait disparue, ou pire !  J'ai même reçu un message de Sam, d'Australie ! Je ne me doutais pas que mon premier jour à Tokyo serait si médiatisé !
Je pourrais en dire encore bien plus mais ce serait trop long, alors on va en garder pour demain !

06/12/2012

Japon, jour 1

Jeudi 6 décembre, jour 1

Malgré la réputation alarmante des compagnies aériennes russes, je suis bien arrivée à Moscou, 18h20 heure locale. On croise les doigts pour la suite puisqu'il faut encore aller jusqu'à Tokyo, mais jusqu'à maintenant tout c'est bien passé. Comme le vol Paris-Moscou ne dure que 3h environ, pas de films (bouh), mais enfin j'en ai profité pour potasser mon guide, en particulier la partie sur Tokyo, où je vais passer 3/4 jours, en couchsurfing.
L'avion était, il faut bien le reconnaître, un peu pourri, genre sièges fatigués et moquette douteuse, avec personnel qui parle russe sans chercher à savoir si on comprend ou pas. Bon, vu mon sourire vaque et mon regard un peu perdu a chacune de ses questions, l'hotesse de l'air a finit par comprendre que, contrairement à mon voisin, je ne parle pas l'idiome de la compagnie. Après ça elle s'adresse à moi en anglais, ce qui facilite beaucoup le reste de mon vol. Du coup je peux demander du coca et choisir mon menu. La nourriture n'est pas terrible non plus, mais on a droit à des petits chocolats au caramel emballés dans un papier qui brille avec des oursons qui s'offrent des fleurs dessus. Et du beurre tout bizarre, qui a la consistance du boursin, mais non, c'est bien du beurre. Enfin à part ça c'est plutôt sympa, on survole la campagne française/allemande/danoise (?) recouverte de neige, avec lacs gelés en prime. Je n'ai pas de voisin puisqu'un siège me sépare du russe assit côté couloir.
Comme je le disais, pendant le trajet j'essaye de comprendre le fonctionnement du métro de Tokyo avec mon Routard. Bon, c'est pas évident puisqu'apparement toutes les lignes n'appartiennent pas aux mêmes compagnies, et du coup chacun applique ses petites tarifs dans son coin, et des fois il faut racheter un ticket pendant les correspondances puisqu'on change de proprio (le gouvernement, la ville, autre). On verra bien comment ça se passera sur place, puisqu'il parait que, quand même, le métro de Tokyo est l'un des plus efficace/sure/ponctuel au monde, alors on va pas commencer à critiquer avant même d'être arrivé. J'ai aussi potassé les différent quartiers de la ville. Sephrine, mon hôte, habite un peu au dessus du célèbre quartier de Shinjuku (si je ne me trompe pas), et comme je ne peux pas la retrouver avant huit heure du soir, c'est là que je compte passer mon après-midi, demain. Il paraît que c'est une espèce de Pigalle japonais, avec des tonnes de néons et d'enseignes clignotantes. Il y a des temples/parcs/trucs à visiter et des endroits sympa où manger, genre un restaurant-tapis-roulant-à-sushis que je veux absolument tester le plus vite possible, bien sur. Bon d'accord on a les mêmes en France mais quand même. C'est comme manger des lasagnes en Inde (et on a testé, c'est pas bon).
Sinon le stopover à Moscou est plutôt distrayant, je suis assise à côté d'un bar branché qui diffuse du metal et de la pop, intéressant mélange (ou pas). Un peu plus loin je suis passée devant une sandwicherie, qui nous régalait avec ce qui semblait être de la variété russe. Dehors c'est couvert de neige sale, dans laquelle on a du patauger pour rejoindre le bus qui nous a amené au terminal. Un bon moyen de se frotter aux -5° du coin et de recevoir quelques flocons. Voilà, ce sera mon expérience russe, j'ai posé le pied à Moscou, sous la neige !
Maintenant j'attend donc en face du bar qui passe de la musique de plus en plus irritante, et j'ai réussis à capter un wifi gratuit qui à l'air de marcher plutôt bien. Sinon nous, en France, comme on est des radins, on fait payer pour internet à l'aeroport. Enfin, d'abord on donne 15min pour gratuites pour bien allécher le voyageur, et puis hop, ça coupe.
Voilà pour le résumé de ce premier jour de voyage, pas bien palpitant, même si on a quand même eu quelques turbulences pendant le vol (quelle aventure !). 

Pas encore de photos, mes tentatives dans l'aéroport avec photobooth ayant échouées (comprendre : c'était moche). À demain !