20/12/2012

12 décembre, jour 7

Je me réveille vers 9h30. Je sais que le check-out est à 10h, mais franchement, j'ai la flemme de me lever. Et puis Lian dors encore profondément. Du coup je me contente de regarder mes emails tranquille dans mon lit. Il est 10h05 quand des coups se font entendre à la porte, assortis d'une voix nasillarde qui parle en japonais. Quand j'ouvre la porte, c'est une employée de l'auberge qui nous informe qu'on a cinq minutes pour dégager, sinon il faudra payer une autre taxe. Elle me demande avec un sourire mielleux : "Vous pensez pouvoir libérer la chambre dans cinq minutes ?". C'est le problème avec la culture japonaise, dans le commerce il faut toujours être poli et respectueux, même pour dire des choses désagréables. Du coup ça dégouline d'hypocrisie, surtout chez les femmes, qui utilisent une voix geignarde et haut-perchée. On en a déjà bénéficié hier quand on nous a annoncé qu'il fallait payer 10 euros de plus que le tarifs prévu à la réservation. La combinaison sourire hypocrite et voix gnan-gnan a un peu du mal à passer avec Lian et moi, mais on plie bagages et on quitte la chambre dans les temps. Alors que nous sommes sur le point de manger notre petit dèj, acheté au supermarché du coin (je teste la gelée à la fraise et le jus de pèche), on se fait virer de la salle commune de l'auberge, toujours avec le même sourire crispé et la petite voix faussement désolée. Après le check-in, il faut s'en aller, sauf si on a commandé leur petit déjeuner à 8 euros. Comme on a préféré prendre l'option supermarché et payer 3 euros, hop hop hop, il faut disparaître. Bien que la salle soit vide. C'est pas comme si on empêchait les clients de s'asseoir. Rien à voir avec les auberges de jeunesses où j'ai pu me rendre précédemment, et où les voyageurs traînent dans la salle commune toutes la matinée pour profiter du wifi ou simplement papoter avec d'autres backpakers.
Bref, on me laisse quand même entreposer mon gros sac sous une table, et nous voilà parties. Lian reprend le train vers Tokyo, mais je me dirige à nouveau, carnet et crayon en main, vers le volcan. Je rejoindrais Lian plus tard, à 9h, dans la cauchemardesque station de Shinjuku d'où partira notre bus.

Toute seule, je prend mon temps pour dessiner le Fuji, sans nuages aujourd'hui, et les vapeurs du volcan. Je dessine à nouveau sur la rive du lac, envahie de moines bouddhistes en costume oranges qui attendent également le bateau. Ils ont les jambes nues, même si ils portent des chaussettes dans leurs sandales. Ils sont morts de rire quand un occidental géant (sa tête touche le plafond) débarque, avec blouson en cuir, cheveux long et voix éraillé. Ils se prennent en photo à côté de lui (ils ont des iphones, rangés dans leurs sacs en toiles décorés de symboles bouddhistes).
De l'autre côté du lac, il commence à faire froid, et j'essaye de dessiner avec mes gants, ce qui ne marche pas super bien (alors ça c'est surprenant). Il est 15h30, et je décide de retourner à l'hôtel, récupérer mon sac et rentrer à Tokyo.
La nuit tombe super vite, et, alors que j'attend le bus devant l'hôtel, mon haleine fait de gros nuages de fumée. Il doit faire en dessous de zéro à présent ! Bien sur avec la chance que j'ai je dois attendre le bus 20min.

Bus, bus, train, il me faut pas mal de temps pour rejoindre Tokyo, du coup je m'endors pendant le trajet. Comme on s'est fait jeter dehors en vitesse ce matin, j'ai pas tellement eu le temps de passer à la salle de bain, et je rêve d'une douche, de vêtements frais, de ma brosse à dent... C'est la galère de Shinjuku qui m'attend à l'arrivée. Je retourne au Starbuck, pour attendre Lian et me réveiller un peu avec un café. J'en profite pour écrire un peu sur mon ordi, vu que je n'ai pas vraiment eu le temps de raconter quoi que ce soit ces derniers jours.
Vers 9h, je retrouve Lian et Gilles, un français/hollandais qu'elle a rencontré dans son auberge de jeunesse. On va manger dans le fameux restaurant que j'ai si longtemps cherché mon premier jour, après le tremblement de terre. On est tous malades et on renifle piteusement autour de nos tasses de matcha.
Notre bus part à 22h25, aussi on se lance à la recherche du lieu d'embarquement. Bien sur, c'est côté ouest de la station. Heureusement Gilles porte mon sac, sinon je crois qu'on aurait loupé le bus. Impossible de localiser l'endroit précis du départ. On se perd à nouveau dans les couloirs bondés de la station, demandant notre chemin ici et là pour s'assurer que l'on va bien dans la bonne direction. Je commence à désespérer, vu qu'on a que 5min pour trouver l'immeuble d'où partent les bus. On demande même notre route à une nana déguisée en poupée, qui, bien que n'ayant aucune idée de ce dont on parle, continue à nous poser des questions sur notre destination dans un anglais hésitant. Tout plutôt que d'avouer qu'on ne sait pas, nous explique Gilles, qui vit au Japon.

On repart en courant, et, joie, on aperçoit enfin le building en question, devant lequel des mecs habillés en rose tiennent des pancartes avec des indications vers les bus. On a mit une demi-heure pour trouver l'endroit, et ce en courant la moitié du temps. On remercie Gilles et on grimpe dans le bus, en nage.
Et là, c'est le grand luxe. Les sièges sont larges, rose et gris, avec une genre de capote à rabattre au dessus de sa tête pour couper la lumière et le bruit. Il y des prises, un oreiller, une couverture, un repose pied... Les sièges s'inclinent presque à l'horizontale et on a plein de place pour les jambes. On en est toute excitées, avec Lian. On glousse et on fait plein de bruit, pendant que les japonais, à leur habitude, sont calmes et disciplinés. Une carte dans la poche du siège explique qu'on doit éviter d'utiliser des appareils lumineux, de parler, de taper au clavier (le bruit des touche pourrait "offenser" les autres passagers), et qu'on doit toujours demander la permission de la personne derrière nous avant d'incliner le siège. Je crois qu'on a déjà violé l'ensemble de ces règles dans les cinq première minutes du voyage.
On arrive à Kyoto à 6h du matin, déçues que le voyage soit déjà finit. On avait pas réalisé qu'en regardant un film de deux heures, il ne nous resterait que quatre heures à dormir... C'est donc l'air un peu hagard qu'on débarque, de nuit, sur un trottoir de Kyoto.

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