19/12/2012

11 décembre, jour 6

Je me lève à 6h pour récupérer toutes mes affaires et rejoindre Lian à Shinjuku. Sephrine dort encore, je m'active donc en silence et quitte l'appartement en catimini. Je n'ai presque pas dormit la veille, trop occupée à passer en revue toutes mes options pour les prochains jours, et calculer le coût de mes différents déplacements.
Depuis le balcon, j'aperçois le mont Fuji, qui se détache sur un ciel sans nuage. De bonne augure pour notre excursion à Hakone.
Je dois marcher 10 à 15 minutes pour atteindre le métro depuis l'immeuble de Sephrine, et mon sac pèse quand même assez lourd, du coup quand j'arrive je suis déjà morte. Mais il faut encore affronter la foule du lundi matin, à l'heure de pointe, puisqu'il est maintenant environ 7h. Je ne peux pas m'asseoir et suis obligée de rester debout avec mes sacs sur les épaules, pour une autre quinzaine de minutes. La ligne de métro qui mène chez Sephrine se sépare en deux à un moment, et jusqu'à maintenant, par hasard ou par chance, j'ai toujours emprunté la même branche. Mais aujourd'hui je descend à la mauvaise station. C'est toujours Shinjuku, mais côté ouest. Je dois rejoindre Lian côté est, le cauchemard. Shinjuku est l'une des plus grande station de métro du monde, c'est juste l'enfer de s'y retrouver. Pour accéder au côté est depuis l'ouest, c'est une succession d'obstacles qu'il faut contourner. Foule hostile, couloirs interminables, plans en japonais, employés du métro non anglophone... Il me faut une quarantaine de minutes pour m'y retrouver, sac sur le dos, et j'ai 20 min de retard quand j'émerge enfin côté est, où je dois retrouver Lian. Mais elle n'est pas au rendez-vous, probablement coincée quelque part elle aussi, noyée dans la foule. On a RDV devant un mini poste de police, aussi je demande au mec assis dans le tout petit bureau si il n'a pas vu une blonde dans les environs. Quand il répond non, je me résigne à attendre. Mais, oh surprise, il y a un VRAI wifi gratuit ici. Pas le genre où pour te connecter, il faut entrer un identifiant à récupérer sur internet (un peu débile puisqu'on a PAS accès à internet, c'est bien pour ça qu'on cherche un wifi). Je suis sur le point d'envoyer à message à Lian quand elle arrive, ayant vaincu la foule et la signalisation douteuse de Shinjuku. Le hic, c'est que les quais du train qu'on doit emprunter se trouvent... Côté ouest !!! Il faut revenir en arrière, replonger dans les méandres de la station, suivre les instructions de gentils employés qui nous dessinent même des plans. C'est tellement labyrinthique que c'est dur de suivre des instructions griffonnés à la va-vite sur un confetti. Mais enfin, on y arrive, juste à temps pour choper le train ! Enfin je m'assois, pour la première fois de la matinée.

Les japonais sont toujours très calmes dans les transports en commun, du coup Lian et moi on est les seules à discuter. C'est bizarre, même si je sais qu'ils ne comprennent probablement pas, j'ai l'impression que tous les passagers nous écoutent.
On aperçoit à nouveau le Fuji depuis les vitres du train. La météo est toujours au beau fixe et je suis ravie, puisque j'ai lu sur internet que pleins de gens vont à Hakone et ne voient que des nuages... Nous, on voit même le sommet du volcan. Reste à espérer que ça reste comme ça jusqu'à notre arrivée, environ deux heures plus tard.

Tout s'enchaîne plutôt bien pour nous et on a aucune difficulté à trouver notre hôtel. C'est chouette d'être avec Lian, à deux les choses se résolvent plus simplement. Elle envisage de se rendre à Kyoto en stop, mais avec l'hiver, les routes depuis Hakone n'ont pas l'air très fréquentées. Il faut dire que c'est perdu dans la montagne, un décor presque canadien, avec de grands arbres et des feuilles rousses, des lacs, le ciel bleu...
Une fois à l'hôtel, mauvaise surprise. Malgré le prix annoncé d'un trentaine d'euros, la filles qui tient l'accueil nous annonce que c'est le tarif membre (du réseau des auberges de jeunesse, j'imagine, mais elle ne précise pas). Pour nous, c'est 38. Mais attention, il faut aussi rajouter les taxes ! Taxes de quoi, pour quoi, comment... On sait pas. Mais ça nous fait du 42 euros en dortoir sans salle de bain privée. Et on paye CHACUNE 42 euros. Un peu du foutage de gueule pour une auberge de jeunesse. Mais on a pas le choix, c'est déjà réservé. Dire qu'à ce prix là on aurait pu se partager une chouette chambre double ! On râle un peu, surtout quand la nana se révèle nulle pour nous conseiller sur la manière de rejoindre Kyoto. D'habitude les auberges de jeunesses proposent de réserver les trajets en trains ou en bus pour les clients, ou offrent même parfois des tours et diverses activités. ici, c'est débrouille toi. On lui extirpe quand même quelques informations utiles, comme l'existence d'un bus de nuit Tokyo/kyoto, qu'il faut réserver sur internet. Comme on veut commencer la visite d'Hakone sans tarder, on reporte les détails à plus tard et on décide de se remettre en route. Apparemment on ne peut pas encore voir notre chambre (il est pourtant midi et demi) alors on doit laisser nos sacs dans la salle commune. De mieux en mieux.

Enfin, on oublie un peu les tracas liés à l'hôtel et on se lance dans notre tour d'Hakone. d'abord, le bus jusqu'à une crémaillère, qui nous amène jusqu'à un téléphérique. Grace à un pass valable deux jours et payé 40 euros, on a un accès illimité à tous les transports en commun du coin. Depuis la cabine, on découvre un mont Fuji magnifique, bien que le sommet soit maintenant perdu dans les nuages. On prend des tonnes de photos, autre avantage de voyager à deux ! Une fois au sommet, et après avoir survolé le flanc de la montagne pelé et à demi perdu dans les fumées de souffre qui font la célébrité de l'endroit, on grimpe un long escalier qui nous mène à 1500 mètres d'altitude, là où les fumerolles jaillissent des rochers jaune en gros volutes crémeux. Bon, ça sent l'oeuf pourri à mort,  mais c'est incroyable comme décor. On est sur les flancs d'un volcan, dont la dernière éruption sérieuse ne remonte qu'à 300 ans. L'eau qui en dévale les pentes est celle utilisée dans les Onsen, ces sources chaudes si renommées à Hakone. Elle est d'un vert laiteux, et elle est si chaude qu'on y fait bouillir des oeufs. A cause des minéraux qu'elle contient, les oeufs deviennent noir ! On achète un sachet d'oeufs durs, pour voir, mais à part pour la couleur ben... C'est juste des oeufs quoi !

Après avoir prit au moins 200 photos (on voit super bien le Fuji de là-haut), on redescend la montagne avec un autre téléphérique, qui nous amène au bord d'un lac tranquille. Là, deux énormes répliques de gallions espagnols glissent paresseusement, promenant les touristes d'un bout à l'autre du lac. On attend au soleil, appréciant le calme et la sérénité des lieux. Les bateaux sont un peu incongrus, mais après la folie de Tokyo, on se s'étonne plus. La traversée prend presque une heure, on en somnolerait, assises à regarder défiler les montagnes. Une fois arrivée, on aperçoit la célèbre vue du Fuji au dessus du lac, avec au premier plan un portique rouge vif, planté dans l'eau, qui se détache nettement du fond vert sombre de la forêt.
On mange rapidement boulettes de riz et croquette de poulet (du moins je crois), et puis on part se promener sur les rives du lac. Il commence à peler sévère, et c'est la première fois que j'ai aussi froid au Japon. Probablement l'altitude et la proximité du lac. On s'aventure quand même jusqu'au portique aperçu du bateau, et là on découvre une belle forêt dans laquelle s'alignent de petits temples. Un pont rouge vif mène au portique. On prend quelques photos mais on ne s'attarde pas, pressées de rejoindre l'hôtel et surtout son Onsen, où l'on compte bien se prélasser ! On s'endort presque dans le bus, au retour ! Arrivée à l'hôtel, on peut enfin voir notre "dortoir" qui est en fait une minuscule chambre à la japonaise, avec tatamis, futons, et écran de papier de riz. Lian et moi on y rentre à peine, je me demande combien de gens ils y casent en période d'affluence. La pièce ne ferme pas à clef, mais l'hôtel est presque désert de toute façon. Aussitôt installées, on se précipite dans la salle où jaillit la source de l'Onsen. Il y fait au moins 40 degré ! Un grand bassin nous permet de nous y tremper, et on doit vite ouvrir la baie vitrée si on ne veut pas étouffer. Il doit faire en dessous de zéro dehors, pourtant après la chaleur de l'Onsen, c'est super agréable de s'asseoir sur le rebord du bassin, le dos vers la nuit.
Au bout d'une demi-heure on en peut plus, il fait trop chaud ! On quitte le bassin laiteux pour régler nos problèmes de transports vers Kyoto. Coup de chance, on trouve un trajet en bus avec une réduction de dernière minute, au départ de Tokyo, qui arrivera à Kyoto le jeudi matin. Je m'empresse de réserver et préviens ma prochaine hôte, Tomoko, de mes horaires d'arrivée. Tout est réglé à présent, reste plus qu'à trouver quoi faire pour occuper la journée du lendemain. Lian décide de rentrer à Tokyo dès le matin pour visiter quelques autres trucs, et je préfère reste à Hakone et faire des dessins, ce qui est plus facile toute seule que quand je suis accompagnée (du moins accompagnée de quelqu'un qui ne dessine pas). Après l'Onsen, j'ai la tête lourde, le nez bouché, mal à la gorge... Bref, je découvre que je suis à nouveau malade. Je n'ai pas l'énergie de faire quoi que ce soit d'autre ce soir, et après une soupe et un coup de fil à Sam, Lian et moi on se regarde quelques séries sur mon ordi, avant de s'endormir dans nos futon super confortable et nos énormes couettes douillettes.

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