30/11/2011

Compte rendu Chine / Jour 13







Jour 13

La frontière est fermée, quand on arrive. Elle n'ouvre qu'à 6h30. Une autre demi-heure à se geler les fesses devant la gare, avec ma guide qui en fait n'est pas du tout chinoise, mais canadienne. Elle bosse à Hong-Kong depuis 3 ans, et est juste allée visiter un ami à Yangshuo. C'est pour ça qu'elle parle si bien anglais...
Je vois passer les autres francophones, ceux du bus. J'en déduis qu'ils ont trouvé le chemin jusqu'ici tous seul, mais ils sont plusieurs, alors c'est plus facile. Ils m'ignorent superbement. Je crois que, quand les gens voyagent en groupe, ils sont moins ouverts aux rencontres que les autres. J'ai déjà remarqué ça, à l'auberge de jeunesse par exemple. Alors que moi, toute seule, je passe mon temps à parler aux autres avec un sourire géant collé sur la figure (comment ça c'est effrayant ? Mais pas du tout). 

La frontière ouvre enfin. Moi et ma guide canadienne, on se sépare, puisqu'elle va faire la queue côté "permanent residents", et moi je vais côté "visitors". Je remplis mon petit formulaire, et je reçois un énième tampon sur mon passeport (un à l'aéroport à mon arrivée, un à la frontière côté HK à mon entrée en Chine, un autre à la frontière côté chinois, un nouveau à la frontière côté chinois à ma sortie, et encore un autre côté HK). Et voilà, je suis de retour à Hong-Kong. Il est environ 7h, du matin, et je sais que je vais mettre à peu près 1h pour arriver en ville. J'envoie donc un texto à Chris, mon futur hôte couchsurfing, en espérant ne pas arriver trop tôt (je n'ai pas précisé l'heure de mon arrivée dans ma demande via couchsurfing, j'ai juste dis juste que j'arrivais le matin).
Dans le métro, j'ai à nouveau droit au manège avec les gros paquets au contenu mystérieux, que les gens se partagent avec force vociférations. Je m'endors à moitié sur mon siège, jusqu'à mon premier changement (j'en ai genre 4, c'est vraiment pas pratique).

Lorsqu'enfin je descends, à Wai Chan, c'est sans trop de difficultés que je repére la rue de Chris, et que je trouve son immeuble. Mais en bas, porte close. Il est 8h30 du matin, je ne sais pas trop quoi faire. Si mon bus était arrivé à une heure décente à Shenzhen, je ne serai pas là, à hésiter devant cette fichue porte. Je finis par appeler Chris, en espérant ne pas le réveiller (ah oui, j'ai oublié de préciser, on est dimanche). Je devine, rien qu'à sa voix, que c'est raté (ça commence bien ce couchsurfing). Cinq minute après, il est bas, la mine défaite du dormeur tiré du lit. Je lui demande si il a eu mon message couchsurfing, lequel l'avertissaient de mon arrivée ce matin. Il me répond que oui, mais que j'étais sensée arrivée vers 10h. Je lui répond que non, il me dit que si. Je lui demande si je l'ai réveillé. Oui. Merde.

Une fois dans l'appartement, quelqu'un dors dans le salon. C'est une autre couchsurfeuse.  On la réveille (décidemment). Je suis Chris jusqu'à sa chambre, où l'on s'écroule tous les deux. Il vérifie sur internet, je n'avais pas précisé d'heure. Je lui raconte mes mésaventures avec le bus, on rigole, on parle de tout un tas de choses, et on baille une phrase sur deux. Mais on s'entend très bien, tout de suite, comme ça arrive, parfois (souvenez-vous de Karen). Bref, on est tous les deux plutôt vaseux, comme le reste des occupants de l'appartement du reste (on dirait que j'ai réveillé tous le monde...). Le colocataire de Chris est un français, Nicolas, et la couchsurfeuse, Nadia, est québécoise. Elle vient de terminer un WHV en Australie, et postule pour une deuxième année. On peut donc parler français à nouveau, en s'emmêlant les pinceaux lorsque Chris fait irruption dans la conversation.

On va tous à la douche les uns après les autres, émergeant peu à peu du brouillard. Nicolas et sa copine partent passer la journée à Macau, mais Chris me propose de l'accompagner à un meeting CS, l'après-midi même. Malgré ma nuit de folie en sleeper bus, j'accepte. Je suis toujours motivée pour rencontrer des gens, et puis c'est sympa de passer du temps avec ses hôtes (j'ai toujours en tête mon expérience traumatisante à Canton). Nadia, quand à elle, a des choses à faire de son côté, mais on décide de se retrouver le soir pour monter au Victoria Peak, et admirer la baie vue d'en haut.

Chris et moi quittons donc l'appart, direction une île perdue du côté des nouveaux territoires. Sur le chemin, on achète à manger, et aussi des tas de fruits (fruit du dragon, raisin...). Chris se fait arnaquer, mais il n'aime pas marchander. 
Nous sommes sensés retrouver une partie des autres couchsurfeurs à la station de Choi Hung, puis prendre un minibus pour le départ des ferries, où nous attend le reste de la troupe. Il y a là pas mal de locaux, mais aussi des expats, comme Chris, bien que je sois la seule voyageuse du groupe. 
Le temps est fantastique, le ferry n'est qu'un petit bateau branlant qui sent bon la marée, et tout le monde parle en même temps dans un joyeux brouhaha. En guise de tickets, on a de petits autocollants rose et jaune à coller sur nos T-shirt. On embarque, direction Yim Tin Tsai, une petite île perdue, oubliée par les guides de voyage et inconnue des hordes de touristes.
Je fais la connaissance de Phoebe, Freda, et tout un tas d'autres gens adorables. On se balade dans les maisons abandonnées qui parsèment toute l'île, on se penche sur les anciens champs de sel, on admire la mangrove et on se dore au soleil sur une vieille jetée déserte. Je fais quelques croquis, je discute avec Chris, on se charrie pas mal, et j'ai l'impression de le connaître depuis des lustres. Effet couchsurfing !
Je commence à me sentir de plus en plus à l'aise avec la langue anglaise, je peux exprimer pratiquement tous ce que je veux, et c'est agréable de pouvoir soutenir une véritable conversation dans un language qui n'est pas le mien (Chris est british, il vient de Chester). 

On finis quand même par quitter notre jetée et regagner le ferry. Raconté comme ça, ça paraît court, mais on est bien resté 3 ou 4 heures sur cette île. Le soleil se couche, les vagues scintillent, oui, c'est cliché, mais c'est comme ça. Et c'est beau. 
Pendant la traversée du retour, je m'endors, assise toute droite sur mon banc en bois. Autour de moi, le murmure des conversations me berce agréablement, sans parler du roulie des vagues. Après Yangshuo, c'est la journée parfaite, moi qui n'avais guère envie d'affronter la grande ville à nouveau... je voudrai rester sur ce bateau pour toujours... ou du moins pour quelques heures.

Mais voilà qu'on accoste, et qu'on se met à prendre des photos (pas avec mon appareil, hélàs, mais j'espère en récupérer quand même prochainement), et puis on va boire un café, et manger un morceau pour ceux qui ont faim. Je suis assise à côté de Maureen, canadienne exilée à HK depuis 12 ans, éditrice de son métier. On a une longue et passionante discussion, pendant qu'un vingtaine de chiens toilettés défilent devant nous (le restaurant est situé juste à côté d'un salon de beauté canin). La nuit tombe, tôt, comme toujours en Chine, et on retourne tous ensembles (enfin, ceux qui restent) prendre le mini-bus. Pas assez de place dans le premier, Chris et moi on prend le suivant, où on s'endors encore, malgré les cahots et la conduite... originale du chauffeur. 

To be continued !



29/11/2011

Compte-rendu Chine / jour 12 (suite)



Me voilà donc à nouveau dans West street, sac au dos et un peu nostalgique de quitter Yangshuo. Je regarde une dernière fois les petites échoppes, et les lumières, et les mêmes chanteurs avec les mêmes chariotes, et même si ils chantent mal, je suis quand même triste à l'idée de ne plus les revoir. Je réalise en arrivant à l'agence (située dans le hall d'un hôtel) que je suis un peu en avance. Mais comme je ne vais pas rester plantée dans la rue avec mon gros sac à attendre que ce soit l'heure, je rentre quand même. La nana qui m'a vendue mon ticket hier est toujours derrière son comptoir, sauf qu'elle tricote en regardant une série sur son ordinateur. Je m'asseois en face d'elle en attendant la personne qui doit me conduire juqu'au mon bus.
Une dizaine de minute plus tard, me voilà partie. La dame qui me guide à travers la ville avance tel le bulldozer au milieu de la foule, j'ai un peu de mal à la suivre. On s'enfonce rapidement dans les petites ruelles pour atterrir, oh surprise, devant la porte du premier hôtel/bar terrasse trouvé la vieille avec Claudia (celui qui était vide). Là, on récupère deux backpackers, et je me rend vite compte qu'ils parlent français. Je leur demande si ils sont français, non, ils sont suisses (mais pas d'accent).

Nous voilà donc tous repartis derrière la guide. Sur le chemin, je discute un peu avec l'un des deux suisses, qui m'explique qu'ils voyagent depuis plus de 2 mois en Chine, et depuis 3 mois et demi en tout. Lui et l'autre suisse sont en route pour un voyage d'un an. Une fois encore, je me sens toute petite et trouillarde quand j'explique que je ne voyage que depuis 15 jours.

On arrive enfin au bus. Alors que je vous explique : un sleeper bus, c'est un bus avec des lits à l'intérieur. Trois rangées de lits superposés, pour être exacte, deux sur les côtés, une au milieu. Avec deux couloirs centraux tellement étroits que même moi j'ai du mal à passer (et j'ai bien du perdre 3 ou 4 kilos depuis le début du voyage). Quand on rentre dans le bus, on doit enlever ses chaussures, et les mettre dans un sac en plastique orange. Ensuite, on avance tant bien que mal dans l'une ou l'autre des rangées, jusqu'à nos lits. Avec les suisses, on écope des lits du haut, ce qui n'est pas pratique du tout (pour grimper, il n'y a pas d'échelle, tu te débrouilles avec ton sac et tout). Bref, on est tous les trois côte à côte, perchés au dessus des travées.
Le lit est très étroit (il faut en caser trois comme ça dans la largeur du bus), et il n'y a qu'un mini casier pour mettre ses affaires. Bien sur mon sac ne rentre pas dans le mini-casier. Je dois donc le mettre à mes pieds, eux-même coincés dans une sorte de caisson, qui se trouve être l'oreiller de la personne juste devant moi. Car chaque lit est surélevé au niveau de la tête, justement pour pouvoir ménager ce caisson-à-pieds. Bon, ce n'est pas trés clair, mais en gros on est tous emboités, et on dors au dessus des pieds de la personne juste derrière.
Nous disposons également d'une énoooorme couverture, alors qu'on crève de chaud. Couverture qu'on ne sait où ranger, tellement y a déjà plus de place sur ce fichu lit. Les suisses, experts en sleeper-bus, me conseille de la garder, car la clim est toujours très forte quand le bus est en marche.

Certains passagers ont amené leur casse-croûte, et une odeur d'ail (et de pied) flotte dans le bus. La télé hurle en chinois à l'entrée du bus, et une grosse troupe de français fait une entrée fracassante en discourant bruyament dans notre idiome natal (Ouais, attends, vas au fond, c'est mieux, t'es sur ? Ouais vas-y j'te dis, putain ça pue, ouais grave...). On rigole, avec les suisses, la moitié du bus est maintenant occupé par des francophones. Ils me racontent qu'ils ont voyagé en Russie avant, et aussi en Corée du nord, ce qui me fascine complètement. Le récit qu'il m'en font est passionnant, mais je ne vais pas le retranscrire ici, car j'aurai trop peur de raconter des âneries. Et puis ce serait un récit de seconde main, donc fatalement erroné, de toute manière.

Ils me racontent également toutes leurs mésaventures en Chine, et il y en a. Agressés par des vieilles, hébergés dans une cave via couchsurfing ("Depuis, on fait plus de couchsurfing"), forcés de payer un droit de passage sur un chemin en pleine campagne... On rigole beaucoup. Le bus à démarré, la clim aussi, je suis bien contente d'avoir gardé la couverture.
La télé hurle toujours, on essaye de comprendre ce qu'il se passe. Un bébé pleure en arrière-plan, impossible de déterminer si c'est dans la télé ou dans la réalité. Il s'avère que c'est dans la télé.

Je discute jusque tard avec le suisse situé dans le lit du milieu (je suis sur l'un des côtés). Et puis on finit par s'endormir, malgré les cahots et les odeurs et la télé. Quand le bus s'arrête à Guangzhou, où les suisses sont sensés descendre, il est 3h30 du matin. On échange rapidement nos e-mails, et je les regarde échouer sur le trottoir, hagards, au milieu de nul part, en pleine nuit. Je suis bien contente de poursuivre jusqu'à Shenzhen, bien que le doute m'assaille : Je sais qu'il ne faut que deux heures pour aller de Guangzhou à Shenzhen en bus. Poutant, la dame de l'agence m'a dit que j'arriverai à 7h. Or, si je calcule bien, je devrais normalement être à la frontière aux alentours de 5h30 du matin. Inquiétant.
Je me rendors, anxieuse.

Évidemment ça ne manque pas. 5h du matin, un chinois peu aimable me crie dans l'oreille. Je lui demande :
- Shenzhen ?
Il me répond :
- Shenzhen !
J'insiste :
- Shenzhen ?
- SHENZHEN !

Ok, je ramasse mes affaires en vitesse, et c'est hagarde que je me retrouve à farfouiller dans la soute à la recherche de mon gros sac. Je constate que les autres francophones restent dans le bus. Peut-être qu'ils ont payé jusqu'à HK ? Ou peut-être que je ne suis pas du tout à Shenzhen, mais dans une ville inconnue au milieu de nulle part. Le bus repart, m'abandonnant avec une poignée de chinois au bord d'une route inhospitalière en périphérie de la ville. Je n'ai aucune idée d'où se situe la frontière, ni comment y arriver, étant donné qu'il est 5h du matin et que le métro est fermé. J'ai un peu envie de pleurer. Heuresement, je repère une chinoise qui a l'air jeune et qui donc, potentiellement, parle anglais.

Bingo, elle parle anglais, et m'explique qu'il y a un bus pour LoWu (la frontière), mais qu'il faut attendre 5h40, parce qu'avant, il ne circule pas. Je m'asseois donc sur un banc (plein de rosée, j'ai les fesses mouillées), et je ne fais rien d'autre que comater en regardant fixement la route (vide). De temps en temps, un taxi s'arrête et crie "LoWu, LoWu !", mais je préfère rester avec ma guide improvisée et prendre le bus. 
Elle m'aide à grimper quand il arrive enfin, un peu en retard, et m'explique que le terminus du sleeper bus est plus proche de la frontière, mais qu'il faut ensuite se repérer à pied, ce qui n'est pas facile quand on ne connait pas Shenzhen. C'est pour ça que tous les chinois sont descendus ici, alors que les autres français sont toujours endormis à l'arrière du sleeper bus.

Quand on arrive enfin à la frontière, le soleil se lève à peine. Mais c'est une nouvelle journée, alors ce sera pour le prochain post !

28/11/2011

Compte-rendu Chine / jour 12













Jour 12
C'est avec courage et motivation que je me lève, à 9h, bien qu'ayant été réveillée à 8 par ma compagne de chambre, dont je vois le visage en plein jour pour la première fois. Elle est chinoise, elle est venue visiter la ville. On échange quelques mots, elle s'en va, et je me rendors. 
A 10h je rejoins Claudia, qui comate sur un canapé dans le hall de l'auberge. On fait notre check-out, on laisse nos sacs à la nana de l'accueil, et on quitte l'hôtel. 
Avant toute chose, on décide qu'on a besoin d'un petit-dej. Nous voilà donc de retour dans les rues, à chercher les petits marchands de fruits. On a très envie de tester le fruit de la passion, servit décapité comme un oeuf à la coque. On achète aussi des kakis, des mandarines... Et des sortes de barres genre riz soufflé, impossible d'identifier les ingrédients plus clairement. Comme on a encore faim, on retourne au resto végétarien, histoire de se faire un bon gros petit-dejeuner, avant de repartir dans la cambrousse avec Esther. Quelque chose qui nous tienne au ventre jusqu'au soir soir, quoi.

Quand on arrive au resto, il est encore trop tôt (11h du matin quand même), et les serveuses nous demandent de repasser dans 20 minutes. Je sais qu'on a fait un truc qui a duré approximativement 20 minutes à ce moment de la journée, mais je n'arrive pas à me rappeler quoi... Probablement rien de très passionant. A notre retour, on s'installe à la même table au bord de l'eau, et on commande des plats à partager, plus un jus de fruit genre pomme et ananas fraîchement pressés, un régal. Évidemment on traîne, et ce qui ne devait être qu'un petit-déjeuner se transforme vite en brunch/déjeuner. Le temps est à nouveau magnifique, c'est le paradis.

Quand on rejoint enfin le petit garage qui loue les vélos, repues, il est 13h passées. La responsable sort son portable, appelle Esther, nous propose des chaises... On s'installe, pas pressées pour deux sous. À côté de nous, une autre employée tricote avec quatre aiguilles à la fois, apparement des chaussons pour son père. Dans la rue les gens se baladent, le nez en l'air, l'air béat du touriste satisfait. Nous aussi, probablement. 
Esther finit par arriver, en vélo, toute contente. On lui explique qu'on veut aller dans la campagne pour prendre des photos et se balader. On a juste envie de s'éloigner un peu de la ville, et de retrouver le calme et la sérénité de la veille. On essaye de négocier les prix, mollement. Un peu par flemme, on abandonne rapidement. De toute manière, qu'est ce que c'est, 5 euros, quand on pédale au milieu des collines et des rizières ?

A nouveau, on avance avec entrain sous un soleil éclatant, loin derrière Esther. Elle zigzague entre les motos et traverse les carrefours à toute berzingue, pendant qu'on musarde tranquillement à l'arrière-plan. On s'arrête cinq minutes dans son quartier, le temps qu'elle attrape un chapeau (j'en profite pour me fabriquer un turban avec mon foulard), et nous voilà reparties à travers les petites routes de campagnes. Au bout de cinq minutes, je me rend compte que j'ai oublié de charger la batterie de mon appareil photo. Je suis dégoûtée, c'est un peu le pire endroit de la terre pour oublier de charger son appreil... Claudia me propose d'utiliser le sien si j'ai envie de prendre une photo, mais quand même... Être à Yangshuo et ne pas pouvoir prendre de photos ! 

Il y a malgré tout beaucoup de choses à regarder. En particulier dans l'un des villages que l'on traverse : une centaire de personnes partagent un repas sous le préau du bâtiment principal, les enfants courent partout en nous criant "hallo !", les adultes trempent dans de l'huile des tas d'aliments inconnus, et Esther salue quelques connaissances pendant qu'on se penche, curieuses, sur la nourriture. On aurait presque envie de s'arrêter pour manger avec eux (malgré le petit-dej' géant), mais l'infatiguable Esther pédale déjà, au loin. Nous, on s'arrête à tous les virages pour prendre une nouvelle photo, ici un buffle, là-bas une paysanne avec son chapeau en paille, plus loin une rizière...

A un moment donné, on croise deux touristes chinois en train de se prendre en photo au milieu d'un champ en partie moissonnée. Leur guide les attends au bord de la route, Esther s'arrête pour discuter avec lui. On en profite pour s'approcher du champ et voir ce qu'il a de si intéressant, et là on découvre, un peu choquées, une gamine de 12, 13 ans en train de faucher toute seule au milieu des épis, pendant que les touristes posent à côté d'elle. 

Retour sur les routes de campagne. Rien de plus à raconter que la chaleur, les champ et le calme profond des vallées qu'on visite à vélo. Esther nous propose d'aller voir Moon Hill, la colline avec un trou au milieu. C'est un repère à touristes, on hésite un peu... Et puis on y va, histoire de passer le temps (il est encore tôt, bien qu'on roule depuis près de 2h). Au pied de la colline, on propose à Esther de lui offrir à boire. Elle commande un thé qu'elle ne boit pas, puisqu'elle discute avec les serveuses, au bar. Moi, je fais un croquis en sirotant la version chinoise du coca. 
Je me rend compte qu'Esther n'a pas l'air très sympathique, quand j'en parle. En réalité c'est un véritable personnage, petit bout de femme de 70 ans, souriante et énergique, qui parle trois mot d'anglais avec des accents autoritaires. Elle ne cesse de nous dire : 
- "When you come back, call Esther, OK ?
- Yes, sure Esther, but we won't coming back soon, you know ? Dis-je
- When do you come back ?
- Heu... Maybe ten years from now, maybe never... We don't know.
- But I will be dead in ten years ! Then tell your friends, tell your friends : go see Esther, OK ?
- Ok, sure Esther, we will tell our friend !"
Sourire satisfait d'Esther qui repart en pédalant de plus belle.

Retour par la grande route, le soleil baisse, la lumière est magnifique, je n'ai pas d'appareil photo...

De retour en ville, Claudia essaye de retrouver une boutique où elle a vu une valise rouge à pois blanc, mais impossible de se rappeler où, quand, comment. On retourne donc à l'auberge, où l'on récupère nos sacs avant de squatter les canapés. Claudia reprend le train ce soir, elle doit donc à nouveau attraper un bus pour Guilin, à deux heures d'ici. Moi, je dois me rendre à 7h30 à l'agence où j'ai acheté mon ticket. Il me reste donc deux bonnes heures à tuer. Je dis aurevoir à Claudia, que je vais revoir à HK de toute façon, et je sors mon ordinateur. 
Comme on est dans le hall d'accueil d'une auberge de jeunesse, je me met à discuter avec un canadien, puis un allemand, qui eux, n'ayant peur de rien, sont partis en vélo sans guide. Mais ce sont des voyageurs endurcis. L'allemand a traversé toute l'Europe de l'est en train, s'arrêtant un peu partout, avant d'échouer en Chine, énième étape sur le parcours. Le canadien, lui, arpente le pays depuis plusieurs semaines, et compte poursuivre vers le Vietnam. Je me sens toute petite à côté, et j'ose à peine avouer que je voyage depuis moins de deux semaines. Mais je reste là deux bonnes heures, à discuter voyages en mangeant des kumkats, avant de quitter l'auberge encombrée de voyageurs pour rejoindre mon agence dans West Street.

Comme le voyage en bus de nuit est un gros morceau, ce sera pour le prochain post !
Je précise également que ces photos viennent de l'appareil de Claudia, elles ne sont pas toutes de moi. Voilà !



24/11/2011

Compte-rendu Chine / Jour 11 (suite)















Nous sommes donc sur la route pour rentrer. Comme d'habitude en Chine, le soir tombe assez vite. Quand on arrive, il fait déjà un peu sombre, et tout est illuminé. On zigzag entre les piétons pour aller reposer nos vélos. Esther essaye de nous convaincre de la reprendre comme guide demain, pour aller dans la campagne. On ne sait pas trop, on a pas vraiment décidé ce qu'on a envie de faire. Dans l'immédiat, on veut faire du SHOPPING. C'est ma dernière soirée à Yangshuo, l'unique pour Claudia qui ne reste qu'une nuit, alors c'est le moment de se faire plaisir. En ce qui me concerne, je n'ai toujours pas épuisé mes 200 euros de départ, mais je commence à être un peu juste. Je décide donc de retirer de l'argent, même si je sais que la banque va me compter des frais et que je risque de perdre pas mal au change. Mais il me reste à peine de quoi payer mon billet de retour. 

Je compose donc mon code, sans vraiment y penser. Le distributeur parle en anglais, heureusement, et je me prépare à retirer une cinquantaine d'euros. Mais voilà que mon code est invalide... Je recommence, un peu plus attentivement et là, encore une fois, code invalide. Si je me trompe une troisième fois, ma carte va y rester. Claudia me demande si je suis sure d'avoir composé le bon code. Je ne sais plus vraiment, je commence à paniquer. Je remarque alors que les chiffres du clavier ne sont pas disposés de la même manière qu'en France : j'ai bêtement tapé mon code comme si j'étais sur un distributeur français. J'ai donc inversé les chiffres... 

Dans le doute, on change quand même de distributeur, des fois que j'ai vraiment oublié mon code. Cette fois le clavier est à l'endroit, tout va bien. On est parée pour le shopping.

À Yangshuo, tout se négocie, et il ne faut pas hésiter à y aller franchement. Par exemple diviser le prix par 5. Vous n'arnaquerez pas le vendeur, non, vous l'empêcherez juste de vous arnaquer, vous. De toute manière, quand on propose un prix trop bas, on le voit tout de suite, les gens nous laissent repartir dans la rue sans nous courir après. En revanche, quand on propose un prix convenable et qu'ils refusent, on fait mine de partir, et les vendeurs viennent nous rattraper par la manche après quelques pas seulement. J'achète ainsi un sceau gravé à mon nom (chinois), prix de départ 260Y, prix après négociation 80. Idem pour un bracelet rouge dont la matière m'est inconnue, prix de départ 230, prix d'arrivée 35. C'est assez marrant une fois qu'on a comprit le système. L'une des vendeuses me dit même, en riant, que je suis "une vrai chinoise". Comprendre : je n'ai pas peur de marchander.

Pour les négociations, les vendeurs qui parlent mal anglais écrivent sur un papier le prix de départ. Ensuite ils nous tendent le stylo, pour qu'on marque notre prix. Souvent c'est trop bas, alors il refusent, mais baissent un peu leur premier prix. Alors c'est à nous de faire un effort et d'écrire un chiffre un peu plus haut que le premier. A la fin, le papier est recouvert de chiffres griffonnés au stylo bille. 
En revanche, il ne faut jamais demander le prix si on est pas sur d'acheter. Pour les marchands, c'est le signal que les négociations ont commencé. Une fois qu'on a demandé combien ça coûtait, on ne peut plus s'en dépêtrer. Les gens nous suivent dans la rue jusqu'à ce qu'on accepte d'écrire un prix sur leur papier. Si on ne veut pas acheter, on peut éventuellement noter un prix ridiculement bas. Ils rigolent et s'en vont vers des clients plus prospères. 
Au passage je trouve une agence qui vend des tickets de bus pour Shenzhen à 150Y (autant dire pas cher du tout), et je m'en réserve un pour le lendemain soir.

On s'écarte un peu des rues touristiques, pour se balader dans un Yangshuo plus calme, plus authentique. On y trouve un formidable restaurant végétarien, où on mange comme des reines pour trois fois rien. On est en terrasses, avec vue sur l'un des petits canaux qui parcourent Yangshuo. C'est la pleine lune, tout est calme, et on peut apercevoir les imposantes silhouettes des montagnes, noires sur le noir du ciel. 

C'est repues que nous décidons de reprendre la promenade, avec pour objectif : " entrer dans tous les boum boum clubs de West street et prendre des photos à gogo". Et ça vaut le coup d'oeil. Les clubs sont remplis de chinois en folie, c'est très drôle. En général on ne reste pas plus de cinq minutes, évitant autant que possible l'armada de serveuses qui veulent nous proposer à boire. On prend quelques photos, on laisse le boum boum des basses vibrer à travers nos pieds jusqu'au bout de nos doigts, et puis on repart, vers le prochain club. Et puis on décide de boire un truc sur un toit terrasse. Je sais qu'il y en a un quelque part, et je connais le nom, mais je ne l'ai pas encore trouvé. On se lance donc à sa recherche, Claudia et moi, tout en mitraillant tous ce qui bouge avec nos appareils. Au fond d'une petite rue, on trouve le fameux escalier qui monte au bar. Déserté à cette heure, hélàs (il est près de minuit). Cependant, d'ici, on peut apercevoir un autre toit terrasse, à quelques rue de là, très animée celui-là. Retour dans la rue, boum boum, lumières, on arrive à repérer le toit, mais on ne comprend pas comment y monter. Après avoir fait deux ou trois fois le tour du pâté de maisons, on finit par comprendre qu'il faut rentrer dans un hôtel pour accéder au toit, où se trouve la fameuse terrasse.

pong, des occidentaux au babyfoot, un caniche et des mojitos. C'est probablement le mojito le moins cher de toute ma vie, 20Y (soit approximativement 2euros). Claudia et moi on s'installe, on s'amuse à observer les gens (il y a un hipster/RNB boy, mais chinois, ce qui peut donner un sacré mélange), on discute... On finit par jouer au baby foot avec un anglais et une chinoise (moi et l'anglais, on gagne). Enfin, je crois qu'il était anglais, il avait une histoire un peu compliquée, il commençait un buisiness destiné à exporter de la main d'oeuvre chinoise en Afrique (je jure que c'est vrai). Après ça on commence à discuter avec un hollandais super sympa, qui est allé faire de l'escalade dans les montagnes (la chance) et qui est tout écorché. Un type débarque et nous explique qu'il a parié avec ses amis sur nos nationalités : Claudia et moi on serait allemandes, en le hollandais (Hans) serait hollandais. Du coup on se fait copines avec eux aussi (aaaah cette expression, on se fait copines, qu'est ce que je l'ai utilisé quand j'étais gamine, je sais pas pourquoi ça ressort maintenant). Il y a trois anglais de York et une chinoise. On se met à parler de tout un tas de trucs, nationalités, voyages, crazy chinese people... Ils sont très sympas. On finit par redescendre du toit et changer de bar, mais sans Hans qui prend un bus très tôt le lendemain matin, pour le Vietnam.

L'autre bar est rempli de chinois et d'occidentaux tous bourrés qui dansent comme des dingues. Nous on se trouve une table, l'un des gars nous paye à boire, on prend des photos (mais pas avec mon appareil, je pense que j'avais la flemme de le sortir), on reprend notre conversation. Il est quelque chose comme 3h du matin. Quand on ressort de là, des tas de nouveaux couples occidento-chinois sont nés (qui n'impliquent ni moi, ni Claudia, je précise), et nous on est bien fatiguées. On dit au revoir aux anglais, et on rentre à l'hôtel. Comme on est super motivées, on décide quand même de se retrouver à 10h le lendemain matin, histoire de profiter du dernier jour. 
Quand je rentre dans ma chambre, il y a quelqu'un d'autre dans le dortoir. Je fais de mon mieux pour être discrète, et je m'endors comme une masse.


22/11/2011

Compte-rendu Chine / Jour 11












Jour 11

Ce matin, Claudia doit arriver en train. On c'était rencontrées à Hong-Kong, où l'on avait mangé ensembles avec Vivienne, souvenez-vous. Elle a donc prit le train depuis Shenzhen, pour Guilin, où elle doit ensuite attraper un bus pour Yangshuo. Apparemment ça prend entre 15 et 20h. Je me félicite d'avoir choisis le bus, malgré les galères de tickets et toutes mes inquiétudes.
Claudia est donc sensée arriver vers 10h, j'en profite pour sortir faire quelques croquis dans la ville. Il fait un temps magnifique, et les rues sont très calmes. J'imagine que tous le monde cuve après avoir fait la fête hier, et il n'y a que les touristes chinois pour se balader tranquillement. Et moi, avec mon carnet de croquis et mon aquarelle. Je me pose ici et là pendant une ou deux heures, je prend quelques photos de plus avec des adolescentes qui gloussent, j'assiste à une violente dispute entre un conducteur de bamboo boat et une rabatteuse pour bamboo boat, et je discute avec des thaïlandais qui veulent aussi faire une photo avec moi (incroyable). Vers 10h, je reçois un texto de Claudia, dont le train a du retard et que ne pourra être là qu'à midi. Deux heures de plus à tuer, je repars dessiner. Les occidentaux commencent à émerger petit à petit, assis aux terrasses des cafés, avec de tout petits yeux. J'entends toutes les langues, c'est assez sympa. Alors que je dessine au bord d'un petit lac, dans la ville, je me fais aborder par une petite vieille, apparemment guide, qui me propose de louer des vélo et d'aller me promener dans la cambrousse. Comme on a prévu de le faire avec Claudia, je me dit que ça peut-être pas mal de dégoter un guide, et je lui dit que je suis intéressée. Elle me montre un petit carnet, son livre d'or perso, avec tous les avis des gens qu'elle a guidé à Yangshuo. Comme elle est super gentille, et mignonne, je la suis jusqu'à l'endroit où elle loue ses vélos, où je lui promet de la retrouver dans l'après-midi si Claudia est OK pour une balade (ce dont je ne suis pas sure, étant donné toutes les heures de trains qu'elle s'est tapée).
Après avoir laissé Esther et ses vélos, je repars dessiner. La ville recommence à s'animer, il est bientôt midi, les chanteurs et leur chariote sont de retour, ainsi que les grilleurs de tofu, les vendeurs de kakis et tout un tas de touristes à lunettes de soleil (il fait super beau).

Alors que je commence à tourner en rond, Claudia m'envoie un texto : elle est arrivée. On se retrouve donc devant le Mc do (encore, mais il faut dire que c'est un repère efficace), et je l'emmène à mon hôtel, qui est décidément une bonne affaire (j'ai très bien dormi). On y recroise quelques backapackers qu'on salue comme si c'était de vieilles connaissances, et Claudia obtient la clef de sa chambre. J'y laisse mes affaires de valeur (ordi, papiers, disque dur), car je ne suis pas sure de rester seule dans mon dortoir bien longtemps.
Avant d'aller arpenter les routes avec Esther, on décide d'aller manger un petit truc quelque part, histoire de prendre des forces. Claudia est étonnamment en forme pour quelqu'un qui a passé la nuit dans un train. Elle me raconte que le voyage était super, qu'elle a discuté avec plein de gens, et observé la vie nocturne des voyageurs chinois. Ni elle ni moi ne regrettons les heures passées dans les transports jusqu'à Yangshuo.
On s'installe en terrasse dans une petite rue calme. Je commande des nouilles sautées, Claudia un petit déjeuner complet. Il fait bon, on porte nos lunettes de soleil, on regarde passer les gens en discutant... C'est incroyable à quel point ça peut être agréable de se poser en terrasse dans une petite rue piétonne, surtout après Canton, Shenzhen et Hong-Kong. On y reste un petit bout de temps (qu'il est bon de ne rien faire), avant de se décider à rejoindre Esther. On négocie une petite ristourne, on enfourche nos vélos et c'est partit !

Bon, en premier lieu il faut sortir de la ville, ce qui veut dire rouler sur la route avec les voitures, les camions et les mobylettes, sans compter les autres cyclistes, chinois pour la plupart, qui roulent en grappes désordonnées sur la chaussée. Mais le fait d'être sur un vélo à nouveau, c'est trop cool, ça me rappelle Strasbourg, j'adore. Notre guide nous emmène faire du bamboo boat sur la Yulong river, bien plus calme et tranquille que la grande Li river. Pour ce faire, nous traversons la campagne, zigzaguant dans les champs au pied des montagnes. J'ai du mal à réaliser la chance que j'ai, à pédaler ici, avec le ciel bleu et les pains de sucres, les rizières, les buffles d'eau, les petites maisons perdues au milieu de nulle part. C'est incroyable. 
Claudia et moi on s'arrête pour prendre des photos. Esther pédale à toute berzingue loin devant nous. 
On finit par arriver au bord de la rivière. Notre guide nous explique qu'on peut descendre en bateau, pendant environ 2h, et qu'elle nous retrouvera à l'arrivée, un peu plus bas, avec les vélos qu'elle compte mettre dans un bus. 
On commence à négocier les prix. Évidemment ça démarre très haut, mais on parvient à s'en sortir pour 80Y par personne, un peu plus de 8 euros. On essaye de descendre plus bas (sur la Li river, on nous a proposé 50), mais Esther nous explique qu'ici, contrairement à la Li river, c'est un type qui rame pendant 2h. On accepte sans plus discuter.

Tout un tas de très petites vieilles essayent de nous vendre des couronnes de fleurs. C'est très joli, mais un peu inutile, car périssable. Et comme Claudia et moi ne sommes pas un couple romantique (un gentleman offrirait la couronne à sa dulcinée), nous refusons gentiment. Mais les toutes petites vieilles sont très insistantes (elles nous suivent jusqu'aux toilettes). Moi, ça me rappelle l'Inde. Claudia achète finalement une couronne, qu'elle range dans son sac. Du coup les autres toutes petites vieilles ne se rendent pas compte qu'elle en a déjà une, et essayent de lui vendre les leurs. 

On finit par marcher jusqu'à une sorte d'embarcadère, en réalité un tas de vieux bamboo boats empilés les uns sur les autres. Pour vous décrire les fameux bamboos boats : Une dizaines de bamboo liés les uns au autres en une sorte de radeau, sur lesquels on a casé deux sièges en ferraille. Et c'est tout. Heureusement, c'est pas profond. En attendant notre "driver", on prend des photos avec un groupe de chinois qui jouent aux cartes, et on essaye tant bien que mal de s'en faire comprendre. C'est un bon moment, on rigole beaucoup, et moi je sens la pression de Canton s'échapper petit à petit, sur cet embarcadère branlant au milieu de nul part.
Notre bateau arrive enfin, manoeuvré avec une perche par notre driver. On essaye de lui demander son nom, mais impossible de se faire comprendre. 
On prend place sur les sièges branlant. Ce qu'on prend pour des gilets de sauvetage sont en réalité des coussins, oranges, pour protéger nos fesses des éclaboussures, j'imagine. Tout le monde rigole beaucoup en nous voyant nous efforcer de les porter comme des gilets (mais ils sont où les bras ?). Le driver tend deux sacs en plastique à Claudia, pour protéger ses chaussures. Comme je porte des sandales, je n'y ai apparemment pas droit.

Et c'est partit pour deux heures de pure détente. Je ne vais pas m'attarder sur les méandres de la rivière, le calme, les chinois qui nous font coucou, les bars flottants où l'on nous encourage à acheter à boire (non pas pour nous, mais pour le driver) et les montagnes qui se reflètent dans l'eau. En revanche, pas moyen de ne pas parler de ces mini-cascades que nous descendons ici et là avec forces éclaboussures. On comprend mieux l'utilité des coussins oranges. Parfois, le bateau reste coincé en haut de la mini-cascade, et il faut descendre et pousser avec le driver. A chaque cascade, il y a un type ou une nana qui prend les gens en photo. Ensuite, on peut regarder la photo sur un écran, installé sur un gros radeau, et imprimer notre préférée. Ce que bien sur nous refusons de faire (on prend assez de photo comme ça). Ces grosses imprimeries flottantes gâchent un peu le paysage, tout en participant à l'attrait de la balade (franchement, c'est cocasse).

On finit par payer sa bière à notre chauffeur, sur un petit bar flottant au milieu de l'eau, où une jeune fille fait cuire des beignets au poisson. On mange des cacahuètes, on essaye une nouvelle fois de demander son nom à notre driver, peine perdue. Mais le mec est debout depuis deux heures à pousser le radeau avec une perche, il a clairement bien besoin d'une bière. Il est très sympa d'ailleurs, même si on discute plus par gestes et par sourire qu'avec des vrais mots.
Quand on repart, il commence à faire un peu frais. On a mit nos pieds dans l'eau, on est un peu mouillées à cause des cascades, bref, je commence à me peler un peu. Mais je suis tellement bien, sur cette rivière, que je voudrais ne jamais la quitter. Et Claudia est une fantastique compagne de voyage. Elle est intéressante, drôle, et on partage plus ou moins la même vision du voyage.

Quand on retrouve Esther, à la fin du périple, on est toute détendues. C'est un vrai soulagement après les quelques jours assez intenses passés à Canton. Je suis quand même un peu déçue quand Esther nous annonce qu'il est trop tard pour repartir se promener dans la campagne. Nous rentrons donc par la grande route, loin d'être aussi agréable que les chemins de campagne empruntés plus tôt.

Mais comme, une fois encore, il est tard ici, et que je suis fatiguée, je vais faire comme hier et couper cette loooongue journée en deux. Allons-nous nous faire renverser par un camion (ne t'inquiète pas maman, tout va bien^^) ? A  demain !



21/11/2011

Compte-rendu Chine / Jour 10 (suite)










On en était donc à moi dans la rue, paumée, tentant désespérément de comprendre dans quel coin de la ville je me trouve, mon routard à la main.
C'est alors que le téléphone sonne. Ce sont les gentils chinois du bus, inquiets : "On t'a vu partir en mobylette avec un gars et on se demandais si tu allais bien ?". Si c'est pas gentil ça ? 
Je les rassure, je vais bien, je suis juste perdue. Je promet de les rappeler une fois à mon hôtel.
Me voilà donc revenue sur la rue pricipale (ou ce que je pense être la rue principale). J'essaye de me rappeler d'où venait la moto, et par quel côté je suis arrivée. Mais avec 20 kilos sur le dos et six heures de bus dans les pattes, mon cerveau est un peu déconnecté. Après être passée trois fois devant les mêmes chinois morts de rire sur leurs moto-taxis, une bonne âme me vient enfin en aide. Une jeune femme m'indique la bonne direction (pas du tout là où j'allais, bien sur), et me montre la rue sur le plan. Je repars, confiante. Bien sur c'est toujours plus facile sur les plans que dans la réalité. Je me re-perds. Je demande mon chemin à des tas de gens (maintenant je suis habituée, je me perd tellement souvent), parmi lesquels des touristes anglophones qui me prennent de haut.

Je finis par tomber sur de gentils québécois (what else ?), accompagnés par leur propre guide, lequel m'emmène illico jusqu'à mon hôtel, pendant que nous autres francophones devisons dans notre idiome. On arrive dans une rue bien plus sympa et plus animée que la vieille ruelle pourrie du rabatteur. Il y a tout un tas d'échoppes, tellement que j'ai pas assez d'yeux pour regarder. De la lumière, du bruit, des rires, incroyable. Mon hôtel se situe dans une petite rue perpendiculaire, un peu au calme, mais assez proche pour bénéficier de l'ambiance incroyable qui règne dans West Street, le coeur touristique de Yangshuo. 
Dans le hall de l'auberge de jeunesse, des packpackers relax consultent leurs mails sur leurs micro-ordis, pendant que le type de la réception joue au solitaire (incroyable le nombre de chinois qui jouent ouvertement au solitaire au travail. Nous, on se cacherait un peu, je sais pas... Non ?). Je fais mon check-in, Je paye mes 5 euros 50 pour deux nuits, et on m'annonce que je peux MÊME payer moins cher si je veux, en basculant dans le dortoir de 8. Moi j'ai réservé le dortoir de 4, mais je serai la seule à l'occuper cette nuit. Je décide de rester dans ma suite personnelle et le gentil réceptionniste (oui, oui, il était très gentil) me tend ma clef avec un grand sourire.
Joie ! Je peux monter dans ma chambre. J'ai vue sur les toits tarabiscotés de la ville, et sur les montagnes, en fond. Le dortoir est petit, mais il n'y a personne, alors je prend mes aises. J'envoie un petit texto à mes nouveaux amis, et puis je vais prendre une douche (indian style : la douche est au dessus des toilettes, à la turc. Mais le tout très propre). J'en profite aussi pour me connecter à internet (le WIFI, ENFIN), mais la connection est pourrie, il me faut 15 min pour envoyer un mail. Entre temps mes copains chinois m'appellent, et on convient d'un RDV à 19h devant le Mc do, pour ensuite chercher ensemble un petit resto où manger local. Il est 17h, j'ai 2h pour sortir me balader et explorer un peu les environs. Ce dont je ne me prive pas.

Dans la rue principale, West Street, la foule est assez impressionnante, surtout pour une si petite ville. Des occidentaux, bien sur, mais aussi des touristes chinois venus faire la fête ou profiter du calme de la campagne environnante. Et puis il y a les gens d'ici, qui profitent de l'aubaine touristique, et qui vendent à peu près tout et n'importe quoi. Des femmes transportent de grands paniers remplis de fruits, qu'elles trimballent en équilibre sur leur dos, chaque panier oscillant comme le plateau d'une balance. Il y a des fruits de la passion qu'on mange comme des oeufs à la coque, et des kakis tous collants, et des mandarines toutes petites. Le tofu fume sur les grills en plein air, les éventails se déploient en grand pour achalander l'occidental en mal d'orient, les écharpes et les tuniques aux couleurs vives tranchent avec la nuit qui tombe déjà. Je me rend au bord de la rivière Li, où le panorama est magnifique. Ici, c'est plus calme, plus personne ne cherche à me vendre un bracelet ou une couronne de fleur. Je n'en reviens pas d'être là, au milieu de ce paysage légendaire. En fait, je ne réalise pas trop, à tel point que je prend des tonnes de photos (floues), pour ne pas oublier.

Et puis je remonte à nouveau la rue. Des jeunes m'interpellent, ils sont à la terrasse d'un café. Deux argentins, un hollandais. Ils essayent de me convaincre de venir au bar sur le toit de leur auberge de jeunesse. Je promet d'essayer d'y passer plus tard. Je suis debout dans la rue, ils sont assis en terrasse, et à nous quatre on forme un anneau immobile au milieu de la foule qui palpite. Je finis par repartir, après force échange de sourires et de mauvais anglais.
Me voilà donc devant le Mac do, où je retrouve mes compagnons de bus. Carole, Forest, Newy (oui, apparemment, c'est un nom anglais) et Poto (ou du moins c'est ce que je comprend quand elle me dit son nom).
On se remet à errer dans les rues tous les quatre, à la recherche d'un restaurant servant la spécialité locale : le beer fish (poisson à la bière). Je les laisse gérer les négociations en chinois, moi, je me laisse téléguider. Carole, qui parle très bien anglais, me pose des tas de questions. Elle me dit que, dans le bus, ils ont essayé de deviner ma nationalité. Poto et Newy avaient parié française, mais les deux autres trouvaient que j'étais trop mince pour être française, alors ils ont dit anglaise. Apparemment dans l'imaginaire collectif chinois, la femme française est grosse (je repense à Karen qui disait que tous les français étaient petits et chauves, vois le tableau !). Enfin, ça me fais beaucoup rire. On fini par s'installer à une table, et je laisse les spécialistes commander des tas de plats. Il y a même des escargots, que Newy décide de choisir, en pensant me faire plaisir. Il s'avère qu'il s'agit en fait de boeuf, présenté dans une coquille d'escargot (mieux vaut ne pas se demander pourquoi). Alors qu'on s'en donne à coeur-joie, testant tous les plats et discutant choc culturel, un homme se pointe pour nous vendre des porte-bonheurs, à accrocher au sac ou aux clefs (on mange en terrasse). J'en reçois un en cadeau, payé par Newy, ce qui me fait très plaisir et me touche beaucoup, de la part de quelqu'un qui ne me connaît que depuis 2 ou 3 heures.
Je goûte à tout, le porc, le poulet, le poisson (je tombe sur la tête, yeurk)... Poisson que l'on peut choisir dans l'aquarium devant le resto, avant de le manger dans l'heure. 

A la fin du repas (où je suis invitée), on prend tout un tas de photos, sur lesquelles j'ai invariablement l'air d'une folle, et puis on replonge dans West Street, où chaque bar, chaque resto joue sa propre musique plus fort que le voisin. Sans compter les mecs qui chantent, ou plutôt qui beuglent, devant les touristes attablés. Une belle cacophonie.
J'emmène mes bienfaiteurs au bord de la rivière à nouveau, et sur le chemin une flopée d'adolescentes me demandent si je peux leurs signer des autographes, ou prendre une photo avec elles. Apparemment, elles sont en voyage de classe, et font un concours sur le thème "Qui parlera au plus d'étrangers". On me dit dix fois que je suis belle (pas désagréable), et puis ça devient chiant et mes protecteurs éloignent les importunes. J'espère ne jamais être célèbre.

La rivière Li est encore plus magnifique de nuit, surtout avec les éclairages placés le long de la berge. On reste là un sacré bout de temps, à prendre des photos et à poser devant les montagnes. Il commence à faire très froid, surtout au bord de l'eau, mais on s'amuse beaucoup, donc on s'en fiche un peu.

On finit quand même par rentrer. De mon côté, je resterai bien un peu plus longtemps, dehors, pour rejoindre les argentins ou aller boire un coup, mais j'apprends par Carole que les jeunes chinois n'aiment pas tellement aller dans les bars, qui ont plutôt mauvaise réputation. Je lui demande où ils se retrouvent, avec ses amis, et elle me répond qu'ils vont souvent au karaoké. Mais pas au bar. Comme j'e nai pas envie d'écumer les bar locaux toute seule au milieu d'une tripotée de chinois plus ou moins éméchés, je rentre aussi. Mes protecteurs tiennent à me raccompagner, au cas où. Ils sont adorables. On échange nos adresses mails, on se promet de garder contact. Ils restent 4 jours ici, et moi 2. J'espère bien les revoir.

La musique résonne de plus en plus fort dans les rues, c'est surréaliste. Mais je suis tellement claquée que je m'endors assez vite, malgré le boum boum qui rythme la nuit.

Je suis à Yangshuo, incroyable non ?

Les photos sont dans le désordre, désolée, en Australie il est encore une fois très tard... Et j'ai la flemme de remettre tout dans l'ordre.