29/11/2011

Compte-rendu Chine / jour 12 (suite)



Me voilà donc à nouveau dans West street, sac au dos et un peu nostalgique de quitter Yangshuo. Je regarde une dernière fois les petites échoppes, et les lumières, et les mêmes chanteurs avec les mêmes chariotes, et même si ils chantent mal, je suis quand même triste à l'idée de ne plus les revoir. Je réalise en arrivant à l'agence (située dans le hall d'un hôtel) que je suis un peu en avance. Mais comme je ne vais pas rester plantée dans la rue avec mon gros sac à attendre que ce soit l'heure, je rentre quand même. La nana qui m'a vendue mon ticket hier est toujours derrière son comptoir, sauf qu'elle tricote en regardant une série sur son ordinateur. Je m'asseois en face d'elle en attendant la personne qui doit me conduire juqu'au mon bus.
Une dizaine de minute plus tard, me voilà partie. La dame qui me guide à travers la ville avance tel le bulldozer au milieu de la foule, j'ai un peu de mal à la suivre. On s'enfonce rapidement dans les petites ruelles pour atterrir, oh surprise, devant la porte du premier hôtel/bar terrasse trouvé la vieille avec Claudia (celui qui était vide). Là, on récupère deux backpackers, et je me rend vite compte qu'ils parlent français. Je leur demande si ils sont français, non, ils sont suisses (mais pas d'accent).

Nous voilà donc tous repartis derrière la guide. Sur le chemin, je discute un peu avec l'un des deux suisses, qui m'explique qu'ils voyagent depuis plus de 2 mois en Chine, et depuis 3 mois et demi en tout. Lui et l'autre suisse sont en route pour un voyage d'un an. Une fois encore, je me sens toute petite et trouillarde quand j'explique que je ne voyage que depuis 15 jours.

On arrive enfin au bus. Alors que je vous explique : un sleeper bus, c'est un bus avec des lits à l'intérieur. Trois rangées de lits superposés, pour être exacte, deux sur les côtés, une au milieu. Avec deux couloirs centraux tellement étroits que même moi j'ai du mal à passer (et j'ai bien du perdre 3 ou 4 kilos depuis le début du voyage). Quand on rentre dans le bus, on doit enlever ses chaussures, et les mettre dans un sac en plastique orange. Ensuite, on avance tant bien que mal dans l'une ou l'autre des rangées, jusqu'à nos lits. Avec les suisses, on écope des lits du haut, ce qui n'est pas pratique du tout (pour grimper, il n'y a pas d'échelle, tu te débrouilles avec ton sac et tout). Bref, on est tous les trois côte à côte, perchés au dessus des travées.
Le lit est très étroit (il faut en caser trois comme ça dans la largeur du bus), et il n'y a qu'un mini casier pour mettre ses affaires. Bien sur mon sac ne rentre pas dans le mini-casier. Je dois donc le mettre à mes pieds, eux-même coincés dans une sorte de caisson, qui se trouve être l'oreiller de la personne juste devant moi. Car chaque lit est surélevé au niveau de la tête, justement pour pouvoir ménager ce caisson-à-pieds. Bon, ce n'est pas trés clair, mais en gros on est tous emboités, et on dors au dessus des pieds de la personne juste derrière.
Nous disposons également d'une énoooorme couverture, alors qu'on crève de chaud. Couverture qu'on ne sait où ranger, tellement y a déjà plus de place sur ce fichu lit. Les suisses, experts en sleeper-bus, me conseille de la garder, car la clim est toujours très forte quand le bus est en marche.

Certains passagers ont amené leur casse-croûte, et une odeur d'ail (et de pied) flotte dans le bus. La télé hurle en chinois à l'entrée du bus, et une grosse troupe de français fait une entrée fracassante en discourant bruyament dans notre idiome natal (Ouais, attends, vas au fond, c'est mieux, t'es sur ? Ouais vas-y j'te dis, putain ça pue, ouais grave...). On rigole, avec les suisses, la moitié du bus est maintenant occupé par des francophones. Ils me racontent qu'ils ont voyagé en Russie avant, et aussi en Corée du nord, ce qui me fascine complètement. Le récit qu'il m'en font est passionnant, mais je ne vais pas le retranscrire ici, car j'aurai trop peur de raconter des âneries. Et puis ce serait un récit de seconde main, donc fatalement erroné, de toute manière.

Ils me racontent également toutes leurs mésaventures en Chine, et il y en a. Agressés par des vieilles, hébergés dans une cave via couchsurfing ("Depuis, on fait plus de couchsurfing"), forcés de payer un droit de passage sur un chemin en pleine campagne... On rigole beaucoup. Le bus à démarré, la clim aussi, je suis bien contente d'avoir gardé la couverture.
La télé hurle toujours, on essaye de comprendre ce qu'il se passe. Un bébé pleure en arrière-plan, impossible de déterminer si c'est dans la télé ou dans la réalité. Il s'avère que c'est dans la télé.

Je discute jusque tard avec le suisse situé dans le lit du milieu (je suis sur l'un des côtés). Et puis on finit par s'endormir, malgré les cahots et les odeurs et la télé. Quand le bus s'arrête à Guangzhou, où les suisses sont sensés descendre, il est 3h30 du matin. On échange rapidement nos e-mails, et je les regarde échouer sur le trottoir, hagards, au milieu de nul part, en pleine nuit. Je suis bien contente de poursuivre jusqu'à Shenzhen, bien que le doute m'assaille : Je sais qu'il ne faut que deux heures pour aller de Guangzhou à Shenzhen en bus. Poutant, la dame de l'agence m'a dit que j'arriverai à 7h. Or, si je calcule bien, je devrais normalement être à la frontière aux alentours de 5h30 du matin. Inquiétant.
Je me rendors, anxieuse.

Évidemment ça ne manque pas. 5h du matin, un chinois peu aimable me crie dans l'oreille. Je lui demande :
- Shenzhen ?
Il me répond :
- Shenzhen !
J'insiste :
- Shenzhen ?
- SHENZHEN !

Ok, je ramasse mes affaires en vitesse, et c'est hagarde que je me retrouve à farfouiller dans la soute à la recherche de mon gros sac. Je constate que les autres francophones restent dans le bus. Peut-être qu'ils ont payé jusqu'à HK ? Ou peut-être que je ne suis pas du tout à Shenzhen, mais dans une ville inconnue au milieu de nulle part. Le bus repart, m'abandonnant avec une poignée de chinois au bord d'une route inhospitalière en périphérie de la ville. Je n'ai aucune idée d'où se situe la frontière, ni comment y arriver, étant donné qu'il est 5h du matin et que le métro est fermé. J'ai un peu envie de pleurer. Heuresement, je repère une chinoise qui a l'air jeune et qui donc, potentiellement, parle anglais.

Bingo, elle parle anglais, et m'explique qu'il y a un bus pour LoWu (la frontière), mais qu'il faut attendre 5h40, parce qu'avant, il ne circule pas. Je m'asseois donc sur un banc (plein de rosée, j'ai les fesses mouillées), et je ne fais rien d'autre que comater en regardant fixement la route (vide). De temps en temps, un taxi s'arrête et crie "LoWu, LoWu !", mais je préfère rester avec ma guide improvisée et prendre le bus. 
Elle m'aide à grimper quand il arrive enfin, un peu en retard, et m'explique que le terminus du sleeper bus est plus proche de la frontière, mais qu'il faut ensuite se repérer à pied, ce qui n'est pas facile quand on ne connait pas Shenzhen. C'est pour ça que tous les chinois sont descendus ici, alors que les autres français sont toujours endormis à l'arrière du sleeper bus.

Quand on arrive enfin à la frontière, le soleil se lève à peine. Mais c'est une nouvelle journée, alors ce sera pour le prochain post !

1 commentaire:

Mathilde a dit…

Je suis toujours vexée quand on critique les français, mais c'est vrai qu'on est en général bruyants, grossiers et à tendance irrespectueuse...
Mon patron (afghan/canadien) semble penser qu'on fait trop la fête et qu'on est violent...