21/11/2011

Compte-rendu Chine / Jour 10 (suite)










On en était donc à moi dans la rue, paumée, tentant désespérément de comprendre dans quel coin de la ville je me trouve, mon routard à la main.
C'est alors que le téléphone sonne. Ce sont les gentils chinois du bus, inquiets : "On t'a vu partir en mobylette avec un gars et on se demandais si tu allais bien ?". Si c'est pas gentil ça ? 
Je les rassure, je vais bien, je suis juste perdue. Je promet de les rappeler une fois à mon hôtel.
Me voilà donc revenue sur la rue pricipale (ou ce que je pense être la rue principale). J'essaye de me rappeler d'où venait la moto, et par quel côté je suis arrivée. Mais avec 20 kilos sur le dos et six heures de bus dans les pattes, mon cerveau est un peu déconnecté. Après être passée trois fois devant les mêmes chinois morts de rire sur leurs moto-taxis, une bonne âme me vient enfin en aide. Une jeune femme m'indique la bonne direction (pas du tout là où j'allais, bien sur), et me montre la rue sur le plan. Je repars, confiante. Bien sur c'est toujours plus facile sur les plans que dans la réalité. Je me re-perds. Je demande mon chemin à des tas de gens (maintenant je suis habituée, je me perd tellement souvent), parmi lesquels des touristes anglophones qui me prennent de haut.

Je finis par tomber sur de gentils québécois (what else ?), accompagnés par leur propre guide, lequel m'emmène illico jusqu'à mon hôtel, pendant que nous autres francophones devisons dans notre idiome. On arrive dans une rue bien plus sympa et plus animée que la vieille ruelle pourrie du rabatteur. Il y a tout un tas d'échoppes, tellement que j'ai pas assez d'yeux pour regarder. De la lumière, du bruit, des rires, incroyable. Mon hôtel se situe dans une petite rue perpendiculaire, un peu au calme, mais assez proche pour bénéficier de l'ambiance incroyable qui règne dans West Street, le coeur touristique de Yangshuo. 
Dans le hall de l'auberge de jeunesse, des packpackers relax consultent leurs mails sur leurs micro-ordis, pendant que le type de la réception joue au solitaire (incroyable le nombre de chinois qui jouent ouvertement au solitaire au travail. Nous, on se cacherait un peu, je sais pas... Non ?). Je fais mon check-in, Je paye mes 5 euros 50 pour deux nuits, et on m'annonce que je peux MÊME payer moins cher si je veux, en basculant dans le dortoir de 8. Moi j'ai réservé le dortoir de 4, mais je serai la seule à l'occuper cette nuit. Je décide de rester dans ma suite personnelle et le gentil réceptionniste (oui, oui, il était très gentil) me tend ma clef avec un grand sourire.
Joie ! Je peux monter dans ma chambre. J'ai vue sur les toits tarabiscotés de la ville, et sur les montagnes, en fond. Le dortoir est petit, mais il n'y a personne, alors je prend mes aises. J'envoie un petit texto à mes nouveaux amis, et puis je vais prendre une douche (indian style : la douche est au dessus des toilettes, à la turc. Mais le tout très propre). J'en profite aussi pour me connecter à internet (le WIFI, ENFIN), mais la connection est pourrie, il me faut 15 min pour envoyer un mail. Entre temps mes copains chinois m'appellent, et on convient d'un RDV à 19h devant le Mc do, pour ensuite chercher ensemble un petit resto où manger local. Il est 17h, j'ai 2h pour sortir me balader et explorer un peu les environs. Ce dont je ne me prive pas.

Dans la rue principale, West Street, la foule est assez impressionnante, surtout pour une si petite ville. Des occidentaux, bien sur, mais aussi des touristes chinois venus faire la fête ou profiter du calme de la campagne environnante. Et puis il y a les gens d'ici, qui profitent de l'aubaine touristique, et qui vendent à peu près tout et n'importe quoi. Des femmes transportent de grands paniers remplis de fruits, qu'elles trimballent en équilibre sur leur dos, chaque panier oscillant comme le plateau d'une balance. Il y a des fruits de la passion qu'on mange comme des oeufs à la coque, et des kakis tous collants, et des mandarines toutes petites. Le tofu fume sur les grills en plein air, les éventails se déploient en grand pour achalander l'occidental en mal d'orient, les écharpes et les tuniques aux couleurs vives tranchent avec la nuit qui tombe déjà. Je me rend au bord de la rivière Li, où le panorama est magnifique. Ici, c'est plus calme, plus personne ne cherche à me vendre un bracelet ou une couronne de fleur. Je n'en reviens pas d'être là, au milieu de ce paysage légendaire. En fait, je ne réalise pas trop, à tel point que je prend des tonnes de photos (floues), pour ne pas oublier.

Et puis je remonte à nouveau la rue. Des jeunes m'interpellent, ils sont à la terrasse d'un café. Deux argentins, un hollandais. Ils essayent de me convaincre de venir au bar sur le toit de leur auberge de jeunesse. Je promet d'essayer d'y passer plus tard. Je suis debout dans la rue, ils sont assis en terrasse, et à nous quatre on forme un anneau immobile au milieu de la foule qui palpite. Je finis par repartir, après force échange de sourires et de mauvais anglais.
Me voilà donc devant le Mac do, où je retrouve mes compagnons de bus. Carole, Forest, Newy (oui, apparemment, c'est un nom anglais) et Poto (ou du moins c'est ce que je comprend quand elle me dit son nom).
On se remet à errer dans les rues tous les quatre, à la recherche d'un restaurant servant la spécialité locale : le beer fish (poisson à la bière). Je les laisse gérer les négociations en chinois, moi, je me laisse téléguider. Carole, qui parle très bien anglais, me pose des tas de questions. Elle me dit que, dans le bus, ils ont essayé de deviner ma nationalité. Poto et Newy avaient parié française, mais les deux autres trouvaient que j'étais trop mince pour être française, alors ils ont dit anglaise. Apparemment dans l'imaginaire collectif chinois, la femme française est grosse (je repense à Karen qui disait que tous les français étaient petits et chauves, vois le tableau !). Enfin, ça me fais beaucoup rire. On fini par s'installer à une table, et je laisse les spécialistes commander des tas de plats. Il y a même des escargots, que Newy décide de choisir, en pensant me faire plaisir. Il s'avère qu'il s'agit en fait de boeuf, présenté dans une coquille d'escargot (mieux vaut ne pas se demander pourquoi). Alors qu'on s'en donne à coeur-joie, testant tous les plats et discutant choc culturel, un homme se pointe pour nous vendre des porte-bonheurs, à accrocher au sac ou aux clefs (on mange en terrasse). J'en reçois un en cadeau, payé par Newy, ce qui me fait très plaisir et me touche beaucoup, de la part de quelqu'un qui ne me connaît que depuis 2 ou 3 heures.
Je goûte à tout, le porc, le poulet, le poisson (je tombe sur la tête, yeurk)... Poisson que l'on peut choisir dans l'aquarium devant le resto, avant de le manger dans l'heure. 

A la fin du repas (où je suis invitée), on prend tout un tas de photos, sur lesquelles j'ai invariablement l'air d'une folle, et puis on replonge dans West Street, où chaque bar, chaque resto joue sa propre musique plus fort que le voisin. Sans compter les mecs qui chantent, ou plutôt qui beuglent, devant les touristes attablés. Une belle cacophonie.
J'emmène mes bienfaiteurs au bord de la rivière à nouveau, et sur le chemin une flopée d'adolescentes me demandent si je peux leurs signer des autographes, ou prendre une photo avec elles. Apparemment, elles sont en voyage de classe, et font un concours sur le thème "Qui parlera au plus d'étrangers". On me dit dix fois que je suis belle (pas désagréable), et puis ça devient chiant et mes protecteurs éloignent les importunes. J'espère ne jamais être célèbre.

La rivière Li est encore plus magnifique de nuit, surtout avec les éclairages placés le long de la berge. On reste là un sacré bout de temps, à prendre des photos et à poser devant les montagnes. Il commence à faire très froid, surtout au bord de l'eau, mais on s'amuse beaucoup, donc on s'en fiche un peu.

On finit quand même par rentrer. De mon côté, je resterai bien un peu plus longtemps, dehors, pour rejoindre les argentins ou aller boire un coup, mais j'apprends par Carole que les jeunes chinois n'aiment pas tellement aller dans les bars, qui ont plutôt mauvaise réputation. Je lui demande où ils se retrouvent, avec ses amis, et elle me répond qu'ils vont souvent au karaoké. Mais pas au bar. Comme j'e nai pas envie d'écumer les bar locaux toute seule au milieu d'une tripotée de chinois plus ou moins éméchés, je rentre aussi. Mes protecteurs tiennent à me raccompagner, au cas où. Ils sont adorables. On échange nos adresses mails, on se promet de garder contact. Ils restent 4 jours ici, et moi 2. J'espère bien les revoir.

La musique résonne de plus en plus fort dans les rues, c'est surréaliste. Mais je suis tellement claquée que je m'endors assez vite, malgré le boum boum qui rythme la nuit.

Je suis à Yangshuo, incroyable non ?

Les photos sont dans le désordre, désolée, en Australie il est encore une fois très tard... Et j'ai la flemme de remettre tout dans l'ordre.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Rejoindre des argentins inconnus, dans un bar, seule le soir, au fin fond de la Chine ?................

Je remonte sur ma chaise.

Mise à part ce genre de frayeur (à éviter tout de même) ton récit est passionnant. Je ris beaucoup. Reste tout de même prudente. On attend la suite !
Bisous. Maman.

Le caillou qui sourit a dit…

Je voulais pas y aller toute seule mais avec les chinois (et suivre un groupe de chinois inconnus, seule le soir, au fin fond de la Chine, ça ne te choque pas ^^ ?). Et ils étaient très sympa, ces argentins, d'ailleurs. Si tu te méfie de tous le monde tu ne rencontre personne ! Il faut un juste milieux.