15/12/2012

9 décembre, jour 4

Sephrine dors encore quand je me lève, vers 9h. Après tout, on est dimanche ! Et c'est encore du ciel bleu au dessus de Tokyo ! Tant mieux, puisqu'aujourd'hui j'ai prévu de visiter le parc de Yoyoji, puis de rejoindre Lian, la hollandaise, à Harajuku, avant de peut-être faire un tour à Asakusa.
Bon le temps de me motiver à décoller et tout, je n'arrive au parc qu'à 11h. On m'a dit que c'est ici, sur un pont à l'entrée, que l'on peut admirer les ados déguisés en héros de mangas. Tous les dimanches, paraît-il, ils viennent parader dans le coin. Alors pas de chance, moi je n'en voit aucun. Malgré le soleil, malgré les touristes qui les cherchent partout, l'air dépité, les ados en question ne se montrent pas. Un peu déçue quand même (quand on pense Tokyo, on pense un peu "jeunes-déjantés-habillés-n'importe-comment, non ?), je décide d'aller me promener dans le parc, avec son portique géant et son sanctuaire dédié à un couple impérial. Au couple impérial en question avait été offert du vin de Bourgogne bien de chez nous, dont les barriques s'exposent dans les allées ombragées. Il y a aussi des outres de saké décorées, un peu plus local comme style. Sinon le sanctuaire en lui-même est niché au fond du parc, et apparemment c'est LE must du mariage, puisqu'il s'en déroule deux dans l'enceinte, avec kimonos, sabots en bois, ombrelles rouge en papier... Même les enfants portent la tenue traditionnelle.
À l'entrée du sanctuaire, il y a un type assis tout seul dans un petit temple ouvert d'un côté. Habillé de blanc, avec une coiffe et un objet de bois non identifié dans la main, il est immobile, le regard fixe. Je n'ose pas prendre de photo, des fois que ce soit un sage sacré en méditation, mais je m'attarde un peu pour essayer de découvrir le pourquoi du comment. Comme il n'y a ni panneau, ni pancarte explicative, ce mystère devra en rester un !  Il y a également un bassin dans lequel les fidèles (shinto) doivent plonger une louche de bois pour se rincer les mains et la bouche avant de prier. Et avant la prière, ils tapent aussi dans leurs mains, pour attirer l'attention des dieux !
Comme je n'ai fait qu'un seul croquis depuis le début du voyage, je m'installe sur un petit banc et sors mon matériel. Mais je comprend bien vite que ça va être dur, le dessin, au Japon. Il fait FROID, du coup assise à l'ombre à jongler avec la plume et le pinceau, j'ai bientôt les doigts (et les fesses) gelées. En plus je suis engoncée dans mes habits, avec mes 5 couches de fringues. Bref, c'est pas trop ça. Et puis de toute manière il est presque midi et je dois rejoindre Lian à l'entrée de la Takeshita Dori, la rue piétonne principale d'Harajuku, paradis du shopping déjanté et des accessoires loufoques. Comme c'est à deux pas du parc, j'y suis vite. J'aperçois quelques filles déguisées en poupées, avec ombrelles à l'ancienne et chaussettes à rubans. Par contre, malgré le froid, elles ont les jambes nues. J'en grelotte pour elle !

Lian est à la bourre, je commence à me dire qu'elle m'a oublié, ou plus vraisemblablement qu'elle ne s'est pas réveillée. Je guette ses cheveux blond, mais tellement de japonaises (et de japonais !) ont les cheveux teint qu'au final je crois la voir au moins 10 fois. Je la repère enfin de l'autre côté du trottoir. Commence alors notre aprem au pays du n'importe quoi. On entre dans les boutiques un peu au hasard, quand on voit un truc qui nous plais. On essaye chapeaux, lunettes, bijoux incroyables. Collier "squelette de dinosaure fluo", masque façon catcheur à l'effigie du père Noël, leggings aux couleurs électriques (Lian choisit le bleu), chaussures dorée à rubans noir (ce sera pour moi, merci)... On repère même un stand de crêpes complètement fou : en plus du traditionnel chocolat / chantilly / caramel ou autre, on peut ici ajouter une part de gâteau (oui oui, un part ENTIÈRE), genre cheese cake, ou forêt noire, dans sa crêpe. Où est donc passé notre bonne vieille crêpe Suzette ?
Après nos emplettes (j'ai acheté les chaussures, un chapeau cloche bordeaux et une super chemise), on tente à nouveau l'entrée du parc, au cas où les ados auraient décidé de se pointer. Mais non, il n'y a qu'un type avec une marionnette qui propose de chanter votre hymne nationale pour 5 euros. Un couple tente le coup, impossible de deviner leur nationalité d'après l'interprétation du monsieur. Mais enfin c'est distrayant !
On retourne au sanctuaire que Lian n'a pas encore vu. Un autre mariage, en grande pompe celui-là, s'y déroule. On assiste au cortège nuptiale, où prêtres, mariés, et invités marchent par deux au son d'un grand tambour. La marié porte un kimono traditionnel, et presque tous les invités sont en tenues japonaises.
À l'entrée, ce n'est plus le même type, immobile dans le petit temple. Celui-là il a des lunettes, mais il bouge toujours pas.
La nuit commence à tomber, et j'ai rendez-vous avec Sephrine à 6h. Ce soir, on cuisine chez elle, et je dois passer faire des courses. Lian reste à Harajuku pour se trouver un manteau. Mais je lui ai parlé d'Hakone et elle a décidé de m'accompagner, on se reverra donc mardi pour prendre le train !

Quand j'arrive chez Sephrine, avec les ingrédients pour cuisiner une ratatouille, c'est dans le vide que je sonne : bien qu'elle m'ait assuré qu'elle serait là à 5h, Sephrine ne répond pas à l'interphone. Je réessaye, car l'interphone est en japonais, et je me dis que j'ai peut-être pressé la mauvaise touche ? Mais non, j'ai beau essayer toutes les combinaisons, pas de réponse. Bien sur, sans téléphone, impossible de la joindre. Sans trop m'inquiéter, je décide d'aller au 7eleven au coin de la rue et d'essayer de la joindre via leur téléphone. Bien sur le mec ne parle pas anglais, et il ne comprend rien à mes explications. Il appelle un autre gars. En fait l'autre gars ne parle pas anglais non plus. Je commence à désespérer quand une jeune fille s'approche et me demande si je cherche quelque chose. Je lui explique que j'avais RDV avec une amie, qu'elle est en retard, et que, mon téléphone ne marchant pas, je ne parviens pas à la joindre. Alors en France, moi, à sa place, j'aurais offert mon téléphone. Un coup de fil, ou un texto, ce n'est pas grand chose, et ça ne prend que quelques minutes. Mais enfin, on est au Japon et la jeune fille se contente de prendre un air ennuyé, et de me demander : "alors vous cherchez un endroit d'où téléphoner ?". Je lui explique que je comptais demander au vendeur du 7eleven si je peux utiliser la ligne du magasin, juste pour quelques minutes. Elle transmet au gars qui, serviable, me fait signe de le suivre dans l'arrière-boutique. Alors bien sur pour une raison inconnue mon téléphone à ajouté automatiquement le code d'appel du Japon (probablement depuis l'Australie puisque ma sim card est australienne). Du coup quand le gars fait le numéro, ça ne marche pas. J'essaye de lui montrer qu'il faut enlever le +81 et ajouter un 0, mais la jeune fille étant partie, c'est un peu difficile. Il finit par comprendre, mais je tombe sur le répondeur direct.
Retour à la case départ.
J'attends devant l'immeuble. Comme toujours dans ces cas là, je psychote. Si Sephrine ne répond pas au téléphone, peut-être qu'elle a eu un problème ? Le fait que son téléphone pourrait être à plat, ou la possibilité qu'elle soit dans le métro me traversent l'esprit, mais c'est l'idée que quelque chose lui est peut-être arrivé qui prédomine. Et si elle était évanouie dans son appart ? Je sais, c'est débile, mais puisqu'elle m'avait dit qu'elle serait chez elle, j'ai du mal à ne pas m'inquiéter.

Lorsqu'un couple sort de l'immeuble, j'en profite pour me faufiler à l'intérieur. Je monte au cinquième, mais une fois encore, même à la porte de l'appart, personne ne répond. Les pires pensées m'assaillent. Mon passeport est là-dedans. Et si Sephrine ne revenait jamais ? Il est maintenant presque la demi, mais enfin quand on y pense ce n'est pas grand-chose comme retard. C'est même rien du tout. En temps normal je ne me serais probablement même pas inquiété, j'aurais juste attendu dans l'entrée en pestant. Mais au Japon, sans téléphone, sachant que seulement 1 japonais sur 5 parle anglais (et encore), je me sens très vulnérable. Je redescend dans l'entrée, sans oser sortir, au cas où je ne pourrais plus entrer du tout. Je me vois déjà passer la nuit dans le hall quand un type sort de l'ascenseur. Je lui demande aussitôt de l'aide, espérant passer un autre coup de fil ou peut-être avoir accès à internet. Mais le monsieur est très réticent. Je commence à me dire que le téléphone doit coûter une blinde au Japon. Il préfère s'entêter sur l'interphone, avant de me déclarer "pas là, elle, pas là". Non, tu crois ? Après moult explications de mon côté et soupirs du siens, le gars consent à entrer le numéro de Sephrine. Encore une fois, c'est le répondeur. L'homme me dit que je n'ai qu'à l'attendre dans le hall. Quand il voit ma tête (à ce stade je commence à paniquer légèrement), il réessaye le numéro. Cette fois, quelqu'un décroche ! Il explique la situation à Sephrine puis me passe le téléphone. Tout va bien, elle sera là d'ici 15 min, et me propose de l'attendre au 7eleven, où je me rend un peu penaude, après avoir remercié le gars plusieurs fois.

J'en profite pour regarder un magazine appelé "Model", où on nous raconte la vie de 6 mannequins japonais (enfin j'imagine, vu que j'y comprend rien de toute façon au japonais). Les filles sont toutes super super maigres, encore plus que chez nous, c'est assez choquant. Et bien sur elles ont toutes un petit côté européen, qui de grand yeux, qui les cheveux blonds, qui le nez pointu. Quand à ce qui est vrai ou faux là-dedans, je ne saurais dire.

Quand Sephrine arrive, on commence direct à cuisiner. Malaysien pour elle, français pour moi. Odile, rencontrée la veille, nous rejoindra plus tard. Entre temps j'appelle Sam, ça fait un bout de temps qu'on ne s'est pas parlé. J'ai un peu de mal à me connecter à internet depuis mon arrivée au Japon, c'est toujours une vrai galère.
Quand Odile arrive, elle apporte avec elle de l'umeshu et de la glace japonaise bizarre enrobée d'une espèce de pâte inconnue. Au final tout est bon, et on passe une soirée super sympa toute les trois. J'oublie vite le stress de la fin d'aprem, et comme d'habitude je me dis que c'était un peu débile, quand même, comme réaction. Mais bon, les galères ça fait toujours un peu plus d'histoires de voyage à raconter !


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