08/12/2012

7 décembre, jour 2

Alors je me suis rendue compte qu'hier j'ai oublié de raconter comment ils m'ont fait enlever mes chaussures à l'aéroport de Paris, aux douanes. Ils ont même des petits chaussons bleu en plastique à mettre pour protéger tes chaussettes. Mais le truc c'est que les gens derrière poussent tellement que, le temps de mettre les chaussettes, mon sac, mon ordi, mon appareil photo, mon kindle, mes chaussures, bref, toutes mes affaires étaient déjà passées de l'autre côté du portique, où je ne pouvais plus les voir. Du coup j'ai laissé tombé les chaussons et je me suis grouillée de passer le portique. Une fois encore, pas de pot, c'est moi qu'on décide de fouiller. Je regarde mes affaires s'éloigner, un peu inquiète quand même, mais aucun malotru ne me pique mes trucs, donc ça va. J'ai donc du tout ranger en chaussettes, vu qu'entre temps ça avait fait un embouteillage tous ces machins et que les autres gens commençaient à s'énerver. Ceci dit c'était pas ma faute, pour le coup.
Sinon je suis bien arrivée au Japon, il fait super beau même, genre 15° et grand soleil. J'étais toujours un peu vaseuse en sortant de l'avion puisque je ne me suis endormie que juste avant le petit déjeuner, et qu'on m'a donc réveillé pour me proposer pancakes au citron ou poulet et patates. À l'heure française, il devait être 3, 4h du mat', alors leurs pancakes et leur poulet, autant dire qu'ils ne me faisaient pas rêver ! Bon bref, j'arrive à l'aéroport bien vaseuse, du coup après avoir récupéré mon sac je fonce aux toilettes pour m'arranger un peu, parce que les japonaises, c'est comme les filles de Hong-Kong, moi à côté j'ai vraiment l'air d'une goule mal coiffée. D'ailleurs y a des toilettes high-tech tellement folles que je trouve pas le bouton pour tirer la chasse. Il y a un bouton pour IMITER le bruit de la chasse, mais impossible de trouver celui qui fait vraiment. Franchement, quel est l'intérêt d'IMITER le bruit de la chasse ? En gros t'appuye sur le bouton et t'as un vieux bruitage de chasse d'eau...
Enfin bref, le temps de me rafraîchir, tout le monde à disparu et je ne trouve plus la sortie. J'arrive enfin à repérer la douane grâce à l'aide d'un gentil employé, qui a du prendre pitié, et me voilà donc de l'autre côté de la frontière invisible de l'aéroport. D'un côté, tu es dans une zone neutre et indéfinie sans véritable identité, de l'autre tu es au JAPON. Bon, pendant les 15 premières minutes je ne fais rien, je reste debout près d'une barrière à analyser les lieux. je repère l'entrée du métro, les guichets, le bureau de change, tout ça.  Mais comme je suis encore un peu dans le cirage je me contente de regarder. Au bout d'un moment quand même je vais changer mon argent, à un taux pas aussi avantageux que celui du routard (évidemment), et puis je décide de profiter du wifi pour prévenir tout le monde que je suis bien vivante et que l'avion russe n'est pas tombé. Bon, il y a bien eu des turbulences un peu violentes à un moment, mais je viens de vivre mon premier tremblement de terre japonais alors bon, tout est relatif... mais je vais y revenir. Je parle un peu avec Sam sur skype vu que je me sens légèrement toute-seule-abandonnée-en-terre-inconnue. Surtout que je ne pourrais pas me poser avant 20h, heure à laquelle j'ai RDV avec mon hôte, Sephrine. D'ici là, je dois errer. Vu la fatigue et le décalage horaire, j'ai qu'une seule envie, c'est faire la sieste. Du coup quand je décolle enfin, il est presque 14h (je suis arrivée vers midi). J'essaye de me renseigner sur la manière la moins coûteuse de quitter l'aéroport, mais en fait elles sont toutes aussi chères (autour des 30 euros l'aller). Quand je vois le train, je comprends un peu mieux les tarifs. Avant qu'on monte, il y a un type qui nettoie tout le truc. Genre il fait les vitres et essuie les accoudoirs avec du désinfectant. Quand on embarque enfin, on se croirait en première dans le TGV, avec sièges inclinables, grandes fenêtres, un ronronnement feutré (même ça on l'a pas en première en France, ce serait plutôt un bon gros rugissement métallique)... Je manque de m'endormir à nouveau, mais heureusement le train parle en japonais, chinois et anglais, PLUS affiche la progression et l'itinéraire. Trop bien.

Quand il faut sortir c'est plus la même. La station Shinjuku est bondée, et il n'y a pas moins de 50 sorties (selon le guide du routard). Je sais où je veux aller, mais je dois d'abord mettre mon sac dans un casier. Les casiers, ils ne prennent que des pièces de 100 Y (1 euros avec mon taux de change). Moi, j'en ai besoin de cinq, pas de pot, j'en ai que deux. Avant de faire du change et de bazarder le sac, je décide de localiser la sortie la plus proche de la ligne que je dois prendre plus tard pour rejoindre Sephrine, et d'y laisser mon sac, pour marcher le moins possible. Comme la station est immense, je me tue le dos, mais enfin je finis par trouver mon bonheur, je me fais du change au 7eleven local, et je fourre le sac dans un grand casier. 

BON, maintenant, en principe, je suis libre de partir à la découverte du quartier. Mais dans les faits, j'ai super mal au dos, les rues sont bondées, et je ne suis pas trop d'humeur à arpenter les rues. Je fais quand même quelques photos, mais je n'accomplis qu'une des trois visites que je m'étais prévues (ouais, je suis quand même un peu ambitieuse pour le jour même de mon arrivée). Quand je finis mon mini tour du pâté de maison, je décide d'aller m'effondre au Starbucks, pour faire un croquis à travers la baie vitrée, et capter internet. Alors en fait, internet ça marche pas, y a un truc que j'ai du mal comprendre. Je fais quand même un croquis de Shinjuku et de ses néons de tarés, et je prend pas mal de photos/vidéos. Alors que je suis tranquillement assise à déguster mon chai latté (on me demande si je le veux chaud ou froid, j'aurais du dire froid, ils rajoutent de la glaces et du sucre rose), le bâtiment se met à trembler. Au début je me demande si c'est pas un gros camion qui roule dans la rue, en bas, ou le métro, mais non, c'est un tremblement de terre. Alors qu'il gagne en intensité et que les lampes commencent à tanguer, je lève les yeux pour observer les réactions de mes voisins. Comme personne n'y prête attention, je décide de suivre l'exemple et me contente de regarder les murs bouger (très bizarre comme vision, mais je sais que les immeubles japonais sont conçus pour onduler). Alors qu'au lieu de s'atténuer, les secousses se font plus fortes, on entend un gros claquement. Cette fois je sursaute, et je remarque l'air un peu inquiet de ma voisine de table. Re-claquement. Je lève les yeux sur la vitre, effrayée à l'idée qu'elle puisse se craqueler et exploser. J'ai l'impression d'être en mer, sur un bateau, avec le roulis et tout. Bon en fait c'est juste les lampes qui cognent contre la vitre, je me rassure, surtout en observant les japonais, qui après avoir marqué une petite pause surprise, reprennent tranquillement leurs activités. Le sol continue à tanguer pendant quelques minutes et puis tout rentre dans l'ordre. Moi je me dis que c'est normal et puis j'oublie l'incident. 

Au bout d'un moment je commence à avoir faim (je n'ai pas mangé depuis la veille au soir, mais le décalage horaire est un peu perturbant pour mon estomac, donc le poisson ça me tente bof). Je repère une adresse dans mon guide et décide de m'y rendre, pour passer le temps. Il me reste un peu moins de deux heures à tuer avant de devoir rejoindre Sephrine. Bon, évidemment, je me perds, et donc je erre en rond pendant quelques temps. Quand j'arrive enfin à repérer l'endroit, je n'ai plus que 20min avant de devoir prendre le métro, je décide donc de faire l'impasse et d'y revenir plus tard (c'est un train à sushi trop cool comme celui où j'étais allée à HK). Dans les rues, c'est la cacophonie, entre chants de noël et pubs nasillardes, sans compter les rabatteurs qui essayent d'attirer les clients vers leur restaurant. ça clignote dans tous les sens, des nounours bondissent dans les vitrines, des costumes de mère noël sexy s'exposent dans la rue, sur des portants, ou sur des japonaises. Bref, c'est un peu la folie, et après toutes mes heures d'avion, le manque de sommeil, le sac qui me tue le dos... Je suis soulagée de rejoindre enfin le métro pour aller retrouver mon hôte, vers 19h30. C'est là que je remarque que certaines lignes ont été fermées à cause du tremblement de terre. Encore une fois, je me dis que ça doit être normal, et fort heureusement la ligne que je dois emprunter est toujours ouverte, donc je ne m'inquiète pas outre mesure. Mon trajet se passe sans encombres et j'arrive un peu avant 8h, stressée bien sur à l'idée que Sephrine puisse être coincée dans l'une des lignes bloquées. Mais je n'ai qu'à attendre quelques petites minutes pour la voir arriver, accompagnée... D'une québécoise ! Elle vit à Tokyo et c'est une amie de mon hôte. Je suis super soulagée et contente de pouvoir enfin me poser, surtout que Sephrine me propose d'aller manger... Dans un restaurant avec un train de sushi ! On pose mon sac en vitesse à son appart, et on repart direct pour se goinfrer, de merveilleux sushi que je ne peux pas décrire tellement y en avait, ça prendrait une plombe (comme si ce message n'était pas déjà assez long). Bien sur en rentrant j'ai découvert que la France en avait fait des tonnes sur le tremblement de terre et que ma mère me croyait disparue, ou pire !  J'ai même reçu un message de Sam, d'Australie ! Je ne me doutais pas que mon premier jour à Tokyo serait si médiatisé !
Je pourrais en dire encore bien plus mais ce serait trop long, alors on va en garder pour demain !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'ai eu ma suite, génial et toujours aussi intéressant !
J'ai passé 4 heures d'angoisse totale, à écouter BFM TV qui parlait d'un très violent séisme, d'une nature inhabituelle et de la piscine de refroidissement de la centrale.Aucune nouvelle de toi. Je te pensais dans les rues de Tokyo,22 heures, seule, dans le froid, paniquée au milieu des immeubles tremblants . Alors que toi tu étais douchée, en pyjama chez ta couchsurfeuse prête à aller dormir ! Bon, maintenant je demande juste que la terre arrête de trembler. Bisous.
Maman.