20/01/2012

Un peu d'Australie

Alors oui, je sais, je suis en Australie depuis deux mois, et je n'en ai pas encore touché un seul mot sur ce blog. Mais c'est difficile de savoir par où commencer. Évidemment je ne vais pas faire un compte-rendu au jour le jour, comme pour la Chine, parce que déjà il ne se passe pas des trucs intéressants tous les jours, et parce qu'ensuite je n'aurai pas moins d'une soixantaine de jours à rattraper avant d'en venir au moment présent.
Je vais donc m'abstenir.

En revanche, j'ai vraiment envie d'écrire une petite (non, en fait, ce sera long, je préfère prévenir) note sur ces gens formidables que sont, de manière générale, les australiens. Depuis que je suis arrivée, je ne compte plus les gestes de gentillesse et de générosité dont j'ai bénéficié. Je sais que certains d'entre vous, chers lecteurs, ont déjà entendu ces histoires, mais le monde doit savoir : viva Australia !

Ma première aventure remonte à mon tout premier jour ici, alors que je tentais de comprendre le fonctionnement du métro de Melbourne. Entendons-nous bien, leur métro ne vaut pas mieux que notre RER. Un train toutes les 15 minutes (et encore, avec de la chance), du retard en veux-tu en voilà et un système tentaculaire parfois difficile à déchiffrer. Me voilà donc plantée devant une machine à tickets, essayant désespérément de venir à bout de ma mission, à savoir, acheter un billet pour UN trajet. Depuis, j'ai appris que ça n'existe pas. Tu payes pour deux heures (4$), ou pour la journée (7,60$), pas de ticket à l'unité. C'est débile, et ça revient vite cher, sauf si tu fais quinze voyages par jour. Vive le vélo !
Bref, je suis là, avec mon sac de routarde sur le dos, en Australie depuis moins de trois heures et déjà en train de lutter. Soudain, un mec surgit derrière mon épaule, il baraguine quelques chose. Je dis :
- " What ?
- Do you need a ticket ? Répète-t-il,
- Yes, but I don't understand the...
- Take mine, I finished my day !".

Voilà, un inconnu vient de me donner son ticket de métro. Comme c'est un "daily", il est valable toute la journée, et plutôt que de le jeter, l'inconnu en question préfère l'offrir à une pauvre voyageuse harrassée dans mon genre. Ravie, je me dirige donc vers les quais, et saute dans un train direction Belgrave.

Ma deuxième aventure ne survient qu'une vingtaine de minutes plus tard quand, une fois descendue du train, je suis sensée rejoindre la maison de Rachel. Sur les multiples plans que je me suis dessinée à la va-vite à HK, avant de prendre l'avion, tout paraît simple. En réalité, il fait chaud, mon sac me scie les épaules, les rues n'ont pas de panneaux et je suis très vite perdue à nouveau.
Je commence alors à aborder les passants, espérant qu'ils puissent m'indiquer la rue que je recherche. Il apparaît très rapidement que je suis très loin de l'endroit où je suis sensée être (enfin, pas si loin, mais avec 20kg sur le dos et neuf heures d'avions dans les pattes, ça fait une sacrée trotte). 
Heureusement, je croise une gamine en uniforme scolaire et sa maman, toutes les deux en train de siroter un "slurpee" (pour ceux qui regardent Glee, c'est la boisson glaçée que les losers se font sans cesse jeter à la figure). Elles savent où se trouve la rue de Rachel, mieux, elles vont m'y conduire en voiture ! Incroyable, j'enfourne mes bagages dans le coffre et je saute dans la voiture pendant que la fille me promet qu'elle et sa mère n'ont pas l'intention de me kidnaper. Elles n'ont pas vraiment le profil du kidnappeur type, surtout la fille avec son uniforme, ses socquettes blanches et ses rubans dans les cheveux. Et puis c'est moins dangeureux que ma chevauchée en mobylette à Yangshuo (pas vrai maman ?). On discute tranquilement pendant que la mère fait un grand détour juste pour me déposer devant la porte de Rachel. Ravie, je leur dis aurevoir et je me prépare à rencontrer ma première hôte sur le sol australien.

Alors là, ça se gâte à nouveau, parce que, quand je frappe à la porte de la maisonnette, personne ne vient m'ouvrir. Or, Rachel m'a dit dans son mail qu'elle serait là tout l'aprem. Bon. 
Un peu déboussolée, je reste plantée dans le jardin. 
Je n'ai pas de téléphone australien. Je n'ai pas le numéro de Rachel. Je n'ai aucun moyen de contacter mes prochains hôtes. Je n'ai pas d'adresse d'hôtel sous la main, et de toute manière je n'ai pas de carte de Melbourne.
Je regarde la maison.
Elle a l'air un peu vieille, et un peu abandonnée, aussi (en fait non, il y a clairement des trucs qui poussent dans un coin, mais à ce moment là je suis trop paniquée pour le remarquer). Je retourne dans la rue, la voiture de mes bienfaitrices a déjà disparue. En désespoir de cause, je tente de sonner chez les voisins de droite. Aucune réponse, normal, me direz-vous, il est 4h de l'après-midi un vendredi, tous le monde est encore au boulot. Dans la maison à gauche, je vois des gens à travers la fenêtre. Je sonne, personne ne répond, j'en déduis que la sonnette doit être cassée. Je retourne devant chez Rachel. Je frappe, je sonne, je cogne à la fenêtre. Vide, vide, vide.
Je garde la tête froide, bien que de plus en plus inquiète, et je retourne chez les voisins de gauche. Avec mon sac sur le dos et tout, je décide de m'introduire dans leur jardin et de frapper directement à la porte. Je peux entendre la télé à travers la fenêtre ouverte. Un bref silence dans la conversation, quelques regards surpris, et l'un des occupants de la pièce se lève pour m'ouvrir, un peu circonspect. 

Je lui explique la situation, et cinq minutes plus tard je suis chez eux, assise sur le canapé, une bière à la main. Aucuns d'entre eux ne sait où se trouve Rachel, mais ils me proposent de rester l'attendre chez eux. Ils me proposent même de m'emmener acheter une carte sim, pour que je puisse contacter Rachel (dont je n'ai toujours pas le numéro, ahem). En vérité, ils ne la connaissent pas tellement, leur voisine, ils lui ont juste emprunté un truc une semaine plus tôt. Mais bon, au moins, elle existe, soulagement ! 
Je laisse mon sac chez eux (mais pas celui avec mon ordi et tout hein, on sait jamais), et nous voilà partit, en voiture, pour le supermarché du coin. C'est la deuxième fois en moins d'une heure que je me retrouve dans une voiture inconnue, en compagnie de gentils australiens tout prêts à traverser la ville pour m'aider. Je dégote une carte sim, l'un des colocs m'achète une bouteille de vin (on ne peut pas dire qu'ils ne savent pas reçevoir !), et nous voilà de retour chez eux, où une Rachel désolée me saute dans les bras en s'excusant quinze fois.

Et tout ça le premier jour.

Quelques jours plus tard, perdue dans Melbourne (encore) alors que je cherche l'une ou l'autre des maisons que je dois visiter, pas moins de quatre inconnu(e)s m'assistent dans ma quête, I-phones en main, prêt à perdre 15 minutes de leur temps sur un coin de trottoir brûlant juste pour m'aider. Cette situation s'est répétée une bonne douzaine de fois avant que je ne m'équipe à mon tour d'un smart-phone (merci papa et maman !). 

On m'a aussi donné de la nourriture gratuite, comme ça, peut-être parce que j'avais l'air sous-alimentée. Miche de pain, légumes et herbes en tous genre, et même un casque de vélo une fois (ça ne se mange pas, mais c'est obligatoire ici). J'ai aussi eu un café gratuit le jour ou je suis allée acheter des lumières pour le vélo en question (obligatoires également...). Bref, je ne compte plus les trucs qu'on me refile pour rien du tout. 

Tout ça pour dire que les australiens, ce sont un peu les québécois de l'hémisphère sud ^^







2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je remercie tous ces gentils australiens qui ont pris soin de ma petite !

Mathilde a dit…

Les bisounours du continent océanique ?