Jour 4 :
Vivienne a cours le matin. Puisque j'ai passé une mauvaise nuit, je me réveille bien avant elle, et ne sais que faire face à sa maman, que je vois pour la première fois. Moi, en pyjama et l'oeil tombant, elle, les cheveux dressés en l'air par un produit colorant. Remarquant que je tousse beaucoup et que j'ai la voix cassé (l'air conditionné du métro : dévastateur), elle me donne du sirop aux plantes médicinales. Apparemment ici on se soigne davantage ainsi qu'avec nos bons vieux médicaments. Vivienne finit par partir en cours et je décide d'aller visiter Central. Je commence par une partie du quartier absolument pas touristique, où je me sens légèrement déplacée : il est tôt, les chinois vivent leur vie tranquillement, font leurs emplettes, et n'ont l'air d'apprécier que moyennement que je me balade aux milieux des étals de poissons séchés avec mes yeux exorbités. C'est qu'il y a de quoi écarquiller les yeux : concombres de mer et petits poissons sont étalés à même le trottoir (bien sur je marche sur un tas de concombres, c'est spongieux et totalement dégoûtant), ailerons de requins, éponges et moules sont exposés dans de grands sacs en toile de jute, tout le long de la rue. Normal, je suis au Sea food market, le marché des fruits de mer.
J'enchaîne, toujours à pied, avec le marché des herbes médicinales. Des champignons géant et des écorces d'oranges séchés (old oranges skins, dit l'étiquette) ont remplacé la poiscaille et les mollusques.
Puisque rien ne m'arrête dans mon trekking urbain, je poursuis avec la rue des antiquaires, qui possède un petit marché d'antiquités (sois-disant) très agréable et beaucoup plus calme. Je retrouve ici quelques touristes français, en groupe, et je découvre quelques petits trésors que je me promet d'acheter à mon prochain passage (oui oui, je compte revenir). J'en profite pour dessiner, ce qui me permet de m'asseoir une bonne demi heure sur les marches d'un escalier.
Et c'est repartit. Je décide d'aller voir l'escalator géant qui permet aux gens qui vivent sur les flancs du Victoria Peak de remonter chez eux sans avoir à gravir la pente, assez raide, qui mène à leur quartier. C'est un véritable moyen de transport, couvert en cas de pluie, extra-bondé comme le reste de la ville, du reste. J'y trouve un Subway (petite pensée pour Sonia) et je décide de m'acheter un sandwich que je mange dans un genre de square un peu sordide, mais qui au moins possède des BANCS (dont la moitié sont occupés par des personnes âgés sans abris qui, d'après ce que j'ai pu comprendre, vivent de petits métiers comme balayeurs de rue ou ramasseur de déchets. La retraite équivaudrait à 80 euros à HK).
A ce stade de la journée, je voudrai rentrer et me poser un peu, mais Vivienne est toujours en cours et je poursuis donc mon périple. Sans grande conviction, je décide de grimper jusqu'au parc botanique et zoologique, qui n'est pas indiqué, et que j'ai un peu de mal à trouver. J'y admire un serpent géant qui apparemment vivrait sur l'île de Hong-Kong (derrière les buildings, c'est vraiment la jungle), et plusieurs espèces de singes locales. Alors que je commence vraiment à n'en plus pouvoir (mes pieds me brûlent littéralement), Vivienne m'appelle pour me prévenir qu'elle sort de cours. Je rejoins donc le métro pour rentrer. J'ai passé 5h à marcher, pour le troisième jour consécutif, et je suis plus ou moins d'humeur à assassiner tous le monde dans le métro. En particulier les gens qui bousculent sans ménagement, ce qui arrive très souvent ici. Et quand je dis bousculer, je ne dis pas jouer gentiment des épaules, mais agripper le bras des gens (moi), pour les écarter violemment. Les auteurs du méfait étant souvent de vieilles dames chinoises grommelantes.
Autre chose à propos du métro, on y observe à toute heure les chinoises vêtues comme au soir du réveillon, en robe à paillettes, dentelle, et chaussures à talon. Les robes sont courtes, les jambes nues, et les chinois n'ont pas l'air de s'en émouvoir. Il semblerait que montrer son décolleté soit plus provocateur que montrer ses jambes. De décolleté, point, mais des jambes, on ne voit que ça.
Fin de la parenthèse.
Je rentre donc chez Vivienne récupérer mon sac, puisque je quitte HK pour Shenzhen où je dois rejoindre Julien (un autre Julien), rencontré à Paris il y a de cela trois bonnes années. On ne s'est pas revu depuis, mais il a très gentiment proposé de m'héberger à Shenzhen, et comme j'avais du mal à trouver un hébergement à HK pour la dernière nuit, j'ai accepté avec plaisir.
La traversée de la frontière chinoise m'effraye un peu, j'ai peur de me faire refouler, j'ai peur qu'on fouille mon sac et qu'on trouve le saucisson (introduit illégalement pour être offert à Julien), j'ai peur qu'on m'envoie à la visite médicale parce que je tousse, j'ai peur de me perdre... Bref, je suis une vrai lavette. Mais je m'embarque dans le train pour la frontière après avoir dis au revoir à Vivienne, et promis de la revoir à mon retour à HK, la semaine suivante.
Devoir porter mon sac alors que je suis déjà épuisée, c'est difficile, sans compter que dans le métro comme dans la rue, les places assises sont bien rares. Mais curieusement (j'ai du me faire du muscle en trois jours), je parviens en relative bonne forme à Lo Wu, station frontalière.
Un gentil irlandais me guide jusqu'aux postes de frontière et m'aide à remplir mon formulaire d'entrée en Chine, avant de m'abandonner à la foule immense de l'autre côté. La dame de la douane semble douter de mon identité, me scrute longuement, me demande d'enlever mes lunettes et mon sac à dos et finis par me demander ma date de naissance. Il faut croire que je ne ressemble plus vraiment à ma photo de passeport. Mais me voici en Chine, la vrai.
Ici, la moitié des informations n'est pas sous-titré en anglais, le métro est introuvable, tout le monde cherche à m'aider mais tout le monde m'indique des voies différentes. Je finis par me rendre compte que j'affronte ici des rabatteurs, qui espèrent me diriger vers leur hôtel en me proposant leur aide. Je remarque en revanche que, contrairement aux rabatteurs indiens, ils essayent réellement de m'aider lorsqu'ils comprennent que je ne cherche pas d'hôtel, mais simplement la gare, pour y acheter en avance mes tickets vers Canton.
Opération que je craignais grandement mais qui s'avère d'une déconcertante facilité. Billet en main (et sans croire à ma chance), je me dirige vers le métro que je suis finalement parvenue à localiser, pour retrouver Julien à Xili, le nom de sa station. Ici comme à HK le métro est clair, tout est propre, et la télé vocifère, incrustée dans les parois des voitures. Mais il est lent, tellement lent que je met plus d'une heure à rejoindre Julien, qui m'attend depuis déjà 3/4 d'heures. Dans les wagons, je suis une sorte d'attraction, seule occidentale dans toute la rame, arnachée comme je le suis dans mon sac de routarde. Les gens n'hésitent pas à me dévisager, mais ne cherchent pas à m'adresser la parole ou à me toucher. ça reste tout de même un peu bizarre, de se sentir fixée des yeux par la moitié d'un wagon de métro.
Je finis tout de même par arriver, et je suis bien contente de revoir Julien, qui habite ici pour un an. Je le suis jusqu'à son appartement où je rencontre ses colocs, tous les deux super sympas et également embauchés par la même société. Le temps de prendre une douche et nous voilà tous repartit (oui, c'est de la folie cette journée), face aux chinois totalement ahuris par ces 5 occidentaux (accompagnés d'une chinoise) tranquillement installés au fond du bus. Il y a là français, espagnol, belge et hollandais, et c'est plutôt sympa comme ambiance. On mange dans un restaurant italien (oui, ça existe en Chine), au milieu d'un... Mall géant, avant d'aller manger une glace au Burger King et d'aller boire un coup dans un bar du coin.
Je commande un Cuba Libre, et je me retrouve avec ce qui doit être la version chinoise du coktail en question, à savoir un breuvage non-identifié avec des glaçons. C'est quand même marrant à boire (plus pour l'expérience que pour le goût), même si je n'ai pu discerner ni coca, ni alchool. Le bar prête aux consommateurs des dés dans un petit gobelet, avec lesquels on peut jouer à des tas de jeux, et faire plein de bruit en secouant l'ensemble (comme nos voisins de tables par exemple). On s'en donne à coeur joie, on renverse de la bière partout et on finit par décoller en taxi pour rentrer à l'appart. C'est étrangement reposant de passer une soirée "normale", telle que j'aurai pu la vivre à Strasbourg ou à Paris, le décors et la carte en chinois mis à part.
Au retour je discute bien 1h avec le coloc hollandais de Julien, dont je je saurais orthographier le nom mais qui sonnait comme Indré à mes oreilles (après vérification, il s'agit de Jurre). Il m'apprend qu'ici les chinoises préfèrent les hommes plus vieux (voire VRAIMENT plus vieux), et n'aspirent qu'à trois choses : un mari, des enfants et un puppy (un chiot quoi). Un peu désespérant.
D'après ce que me racontent les garçons, travailler dans une entreprise chinoise n'est pas de tout repos. Dire "non" en Chine, ça ne se fait pas, et les gens préfèrent raconter n'importe quoi plutôt que d'avouer leur ignorance. Ce qui peu facilement compliquer la vie de tout le monde.
Je dors très bien sur le canapé géant du salon, sinon.
1 commentaire:
Ha, le saucisson... notre grande contrebande de globe-trotters ;)
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