Jour 9 (pas de photos hélas !)
Pour resituer un peu, nous sommes le 9 novembre, et ce matin je dois m'attaquer à la tâche ô-combien-effrayante d'acheter un ticket de bus pour Yangshuo. J'ai lu dans mon guide que personne ne parlais anglais à la gare routière, aussi j'ai demandé à Karen de m'écrire en chinois ce que j'ai besoin de dire (Yangshuo / demain matin / en place assise), ce qui l'a beaucoup fait rire (Use your hands ! Me dit-elle). Je n'ai toujours qu'une très vague idée de la durée du voyage.
Je me lève donc bien tôt, et je quitte l'appart sans que Karen ne se soit réveillée. Dehors, il pleut des cordes, pire que la veille. Les chinois portent des tongs, pour éviter de mouiller leurs chaussures. Je constate rapidement que c'est une excellente idée, quand mes chaussures commencent à recracher des gerbes d'eau à chacun de mes pas. J'ai emprunté le parapluie de Karen, mais je suis tout de même rapidement trempée.
Cependant je maîtrise son quartier à présent, et c'est avec plaisir que j'arpente, sure de moi, les rues de Canton. J'en suis venue à apprécier les petites rues encombrée de Xiobei, ses vendeurs à la sauvette qui entassent des chaussures bon marché sur le capot de leurs voitures, ses vieux qui jouent au Majhong et ses restos africains. C'est presque d'un pas allègre que je me rend au métro.
Je déchante rapidement à la gare. Mon guide ne m'est d'aucune utilité pour trouver le point de vente des billets de bus. Pire, il est complètement trempé en moins de 5 minutes. Qu'à cela ne tienne, en habituée de Canton et de son gigantisme, je me lance à l'assaut de l'immense esplanade qui fait face à la gare ferrovière. De l'autre côté, sous des trombes d'eau, un point d'information touristique. Les employés y somnolent, pendant que les clients font la queue sous la pluie. Sur l'esplanade, des femmes tentent de vendre des parapluies, et d'autres font griller une espèce de grosse racine à l'odeur non-identifiable par mes narines européennes.
Bref, je me présente au guichet, où l'on me demande de changer de file (l'employée ne parle pas anglais). Je me retrouve donc au guichet "special foreigners", où la dame derrière le comptoir ne parle toujours pas anglais. Elle fait donc appel à son collègue, qui finit par m'expliquer laborieusement qu'on ne vend pas de billet ici, que je dois aller à la gare routière. Il me montre vaguement la droite, loin sous la pluie, d'un geste de la main. Nouvelle traversée de l'esplanade, maintenant mes chaussures moussent quand je marche (je jure que c'est vrai). J'emprunte une passerelle qui longe une énième route à deux étages.
Bon, on m'a souvent dit, avant que je parte en Inde "Tu vas voir des mendiants, des gens mutilés, des lépreux blabla...", et bien je n'ai jamais vu autant de mendiants manchots ou unijambistes que devant la gare routière de Canton. Assez glauque comme ambiance, avec la pluie et tout. Mais au moins j'ai trouvé la gare, et je m'y engouffre donc en dégoulinant de partout. Là, sans surprise, rien, absolument RIEN n'est écrit en anglais. Mais, une nouvelle fois, comme à Shenzhen, obtenir mon billet se révèle être d'une facilité enfantine (Karen avait raison !). Je trouve un guichet "foreigners priority", j'arrive à m'y faire comprendre de la dame baragouinante de l'autre côté, et je récupère mon ticket sans plus de difficultés. Apparemment, le trajet ne dure que 6 heures. Je fais répéter deux fois, pour être sure, sans croire à ma chance. Mais oui, c'est bien ça, 6 heures.
Retour sous la pluie, métro, Xiobei, je rejoins Karen avec qui j'ai prévu de manger à midi. Elle m'emmène à nouveau dans un resto où je mange pour un euro (je n'arrive même pas à finir mon assiette), puis nous partons nous balader (toujours sous la pluie) jusqu'au lac qui jouxte son quartier, et qu'elle m'a déjà décrit comme étant très beau. En effet il l'est, malgré la pluie. C'est incroyable de trouver un endroit pareil en plein Canton.
En chemin nous discutons des garçons européens, des filles chinoises, et l'inverse. On échafaude des théories quand à l'attirance inexpliquée des mecs occidentaux pour les nanas chinoises, et inversement. On parle mariage, différence d'âge, enfants et relations. ça paraît superficiel, dis comme ça, mais quand on confronte les points de vue chinois et européen, ça devient vite passionnant.Tellement qu'on se perd et qu'on erre pas mal de temps sous la flotte.
L'après-midi, Karen à un entretient d'embauche. Moi, je suis tellement trempée que j'ai plus tellement envie de sortir. Je décide donc de passer l'aprem à ne rien faire, ce qui veut dire lire, écrire, traîner sur internet et essayer de sécher mes fringues. Et puis, ça fait 8 jours que je cours d'un bout à l'autre des mégalopoles géantes que sont Hong-Kong, Shenzhen et Canton, alors j'ai plutôt envie de me la couler douce, pour une fois. J'en profite également pour glaner deux ou trois renseignements supplémentaires sur Yangshuo. Bien sur personne ne s'entend sur la durée exacte du voyage, et je ne suis pas plus avancée.
J'essaye de faire sécher mes baskets avec le sèche-cheveux de Karen, mais ça ne marche pas.
Lorsque Karen revient, elle ramène, oh surprise, de quoi confectionner un autre repas cantonais ! Cette fois c'est du poulet (pattes comprises), avec du poivron, du fenouil et du céleri, du choux chinois... Je maîtrise mieux l'écrasage d'ail, cependant. Je remarque encore une fois que les gens ici ne prennent pas de dessert, et boivent rarement pendant le repas.
Après avoir dévoré le poulet, nous nous rendons au fameux meeting couchsurfing, qui se déroule dans un bar de Canton, à quelques stations de bus. Nous sommes sensées y retrouver un canadien qui doit également dormir chez Karen ce soir (par terre, puisque j'occupe déjà le canapé).
Le bar est plein à craquer, moitié de chinois, moitié d'occidentaux, couchsurfers ou expats du monde entiers. L'ambiance est super sympa, Karen me présente à ses amis, et je suis très contente de voir du monde et de boire un coup (même si ce n'est que du jus de mangue).
Après avoir dévoré le poulet, nous nous rendons au fameux meeting couchsurfing, qui se déroule dans un bar de Canton, à quelques stations de bus. Nous sommes sensées y retrouver un canadien qui doit également dormir chez Karen ce soir (par terre, puisque j'occupe déjà le canapé).
Le bar est plein à craquer, moitié de chinois, moitié d'occidentaux, couchsurfers ou expats du monde entiers. L'ambiance est super sympa, Karen me présente à ses amis, et je suis très contente de voir du monde et de boire un coup (même si ce n'est que du jus de mangue).
Chaque mercredi, les couchsurfers se réunissent pour écouter un voyageur raconter ses aventures. Cette semaine, cette une chinoise qui présente son voyage aux Maldives, dans un genre de club med, avec sa famille. Dans la catégorie aventuriers téméraires, on fait mieux, comme le fait d'ailleurs remarquer Karen, qui comme moi n'est guère enthousiaste à la vue des photos de vacances aux allures de cartes postales de l'oratrice du jour. Dans la salle, les gens sont plus intéressants à regarder. J'essaye de deviner d'où ils viennent, si ils vivent ici, si ils sont de passage, comme moi. La présentation se termine, et Karen me présente le fameux canadien qui va rester avec nous ce soir. En fait il est d'origine chinoise, mais ne parle pas la langue. C'est pour ça qu'il voyage, il étudie le chinois dans une ville pas très loin, et en profite pour visiter la région. Bientôt, d'autres personnes se joignent à la conversation : portugais, syrien, chinois, italien, marocain, slovaque... L'ambiance est joyeuse, détendue, et c'est agréable de rencontrer tous ces gens. On s'apprend mutuellement des bribes de phrases... Même si je sais que je ne reverrais probablement jamais tous ces gens, j'ai l'impression d'appartenir à une vieille bande de potes réunis une énième fois autour d'un verre dans un petit bar de Canton. J'en viendrai presque à aimer la ville !
On finis par rentrer, aux alentours de 2h du matin. Je suis sensée me lever à 7h le lendemain pour attraper mon bus, mais je m'en fiche, je ne regrette pas du tout d'avoir repoussé mon départ, et c'est très joyeusement qu'on rentre à trois, Karen, le canadien et moi.
2 commentaires:
Moi je veux un croquis de toi avec les chaussures qui moussent !!! C'est un vrai régal de lire tes récits, j'attends avec impatience la suite. Bisous
Maman
On a été out of livebox pendant 2 jrs (elle a rendu l'âme)... le temps de la changer et me voilà à te lire. comme les jours précédents : on s'y croirait! Elles ont séché tes baskets ?!
Bises et profite bien
Mfrance
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