21/05/2012

Aventures victoriennes : Épisode 3

Wilson Prom :

Je devais aller camper à WP avec Grahame à l'origine, mais à cause du mauvais temps, on a du annuler (ce qui est ironique quand on pense que j'y suis ensuite retournée pendant UNE TEMPÊTE). Mais quelques semaines plus tard, c'est avec un groupe de couchsurfers que je décide de partir en week-end au "Prom". Il paraît que c'est magnifique et qu'on y voit plein d'animaux, avec sable blanc et mer turquoise en prime. L'une des plages, "Squeaky beach", serait apparemment réputée pour faire "squick squick" quand on y marche. Bref, tout un programme. Pas moins de deux douzaines de couchsurfers sont sensés s'y retrouver, dont quelques connaissances, et une majorité d'inconnus.
Je voyage avec Monica, une canadienne rencontrée quelques semaines plus tôt, Claire, une française qui vit en Australie depuis 4 ans, et John, un australien de la Gold coast qui conduit un van tout pourri dans lequel il a casé un lit, un frigo et tout un tas de bric-à-brac. On fait la route dans le van, ce qui nous évite de louer une voiture, et nous permet d'économiser pas mal d'argent. Bon, il n'y a pas de ceintures à l'arrière, mais ça roule et c'est le principal.
Il fait un temps magnifique, Claire a fait des cookies, on est en route pour la plage, bref, c'est la belle vie. Wilson Prom est à 3-4 bonnes heures de Melbourne, et comme on s'arrête pour faire des courses, on n'est pas rendu avant 15h. Quand on sort du van, la chaleur est écrasante. La première chose qu'on fait, c'est se badigeonner de crème solaire. Comme y a pas de réception ici, pas de téléphones, donc on a aucune idée quand à la manière de trouver les autres couchsurfers. Il n'y a pas moins de 400 emplacements dans le camping, et l'endroit est surpeuplé. Difficile de repérer les quelques têtes connues dans ces conditions. On décide de fabriquer un grand panneau "CS", et on commence aussi à crier le nom des gens qu'on connaît, un peu au hasard. Et là miracle, juste 200 mètres plus loin, une dizaine de couchsurfers s'est confortablement installée (parmi eux, les gens dont a crié le nom aux quatre vents). La moitié d'entre eux est déjà à la plage, tentes montées en vitesse et sacs abandonnés près des voitures.
De notre côté, on s'organise. Janneke m'a prêté sa tente, mais au final John nous propose l'une des ces tentes magiques qu'on jette en l'air et qui se construisent toutes seules. Claire et moi décidons de nous y installer, avant de transformer le van en auvent géant avec une voile de planche à voile. Car bous manquons d'ombre, au camp, et le soleil est brûlant. Il fait plus de 40°, et le paysage me rappelle un peu la garrigue, dans le sud. En plus spectaculaire.
On est enfin prêt à aller à la plage, qui se trouve à 5min de notre camp (on peut entendre les vagues depuis la tente). Au détour du sentier, on aperçoit la mer, bleu turquoise (on ne m'avait pas menti), surmontée par des collines pavées de gros rochers plats délavés par la pluie. Il doit y avoir pas mal de fer dans le coin, si on l'en croit les grandes traînées rouges qui rayent la pierre.
On sautille sur le sable (c'est chaud !) pour rejoindre les autres, déjà dans l'eau, ou étalé sur la plage. Immense la plage, enserrés entre deux petites chaînes de collines. Plus loin, il y a l'embouchure de la rivière Tidal, qui traverse le sable pour se jeter dans l'océan. Océan qui, quelques part, lèche les côtes de l'Antarctique.
L'eau est chaude pourtant. On prend des photos sous les vagues, on joue un peu au criquet, je dessine pendant que les autres comatent sur le sable... Les journées sont longues, aussi ce n'est que quelques heures plus tard, en début de soirée, qu'on se décide à marcher un peu. On veut voir le soleil se coucher depuis l'une des collines qui enserrent la plage (Nelson beach, BTW). Ce n'est qu'une courte marche, mais on doit se dépêcher si on veut y être avant la nuit.
Une fois en haut, on aperçoit Squeaky beach, dont le sable blanc paraît presque surréaliste depuis les hauteurs. Le ciel est orange, rose, violet, et de petites îles se découpent en noir sur le couchant. C'est marrant de regarder vers le sud et de penser que je suis, en quelques sorte, au bout du monde. Je ne suis jamais descendue plus bas. Il y a la Tasmanie, quelques part à l'ouest, et plus au sud, la glace.
Sur le chemin du retour, on croise des tas et des tas de wombats. Ils ressemblent un peu à des koalas, un peu à des ours, un peu à des souris géantes. Il paraît qu'ils ont un os super dur au dessus du derrière, et que si on leur rentre dedans en voiture, ils ressortent indemne. Pas la voiture.
Quand on revient au camp, tous le monde est de retour, en train de manger, de boire, de cuisiner ou de jouer de la guitare. On est tellement nombreux que je ne suis même pas sure d'avoir parlé à tous le monde. J'ai amené mon ukulélé (acheté avec Staffan après noël), et j'essaye de jouer un peu, sans grand succès.
Alors qu'on est tous assis en rond autour de quelques bougies (pas le droit de faire du feu à cause des risques d'incendie), l'un d'entre nous s'exclame : "Sorry guys, there is a wombat". Et oui, un wombat s'est tapé l'incruste dans notre cercle, la tête pointée entre deux couchsurfers ahuris. Plus tard, un autre wombat plante ses griffes dans un cubi de vin, y laissant trois gros trous. On comprend mieux pourquoi on nous a conseillé de ne pas laisser de nourriture dans les tentes.
On joue de la guitare et on chante pendant un moment, jusqu'à ce qu'un mec du parc national dans lequel se situe le camping nous demande de nous arrêter, parce qu'apparemment on fait trop de bruit. On continue donc à papoter tranquillement pendant un bout de temps, et plus tard encore dans la tente avec Claire, jusqu'à ce que tous le monde s'endorme sauf Tiago, un copain portugais qui essaye de photographier la Voie Lactée, distinctement visible dans le ciel sans lune.

Le lendemain, la moitié d'entre nous se lève tôt, l'autre moitié a la gueule de bois. Je fais partie des lève-tôt. On décide de marcher jusqu'à la rivière, où l'on se baigne un peu, avant de retourner au camp. Claire, Monica et moi voulons aller à Squeaky Beach, mais les autres se réveillent à peine, alors on se résigne à attendre. Quand il devient évident que l'équipe gueule de bois ne bougera pas avant plusieurs heures, on décide de ranger nos affaires et de partir seules avec John, qui nous dépose avec son van. Les autres sont sensés nous rejoindre plus tard.
Squeaky Beach est l'une des plus belles plages que j'ai jamais visité. Le sable est BLANC, la mer est d'un bleu incroyable, de gros rochers rouge ont roulés jusque dans l'eau. Les vagues sont incroyables, on s'y jette avec enthousiasme, et on prend plein de photos (Monica a un appareil waterproof). Je n'ai jamais mis la main sur ces photos, mais j'espère bien les récupérer un jour !
Je construis un château de sable blanc, mais la mer monte si vite qu'on doit déplacer nos serviettes, et le château est bientôt entouré par les flots. Il fait tellement chaud qu'on décide d'aller s'abriter dans les gros rochers rouge, où l'on trouve des tas de petits recoins secrets, dont plusieurs sentent la pisse à plein nez. on finit par trouver un peu d'ombre sans odeur d'urine, et on y reste à discuter, jetant un coup d'oeil de temps à autre pour voir les autres sont arrivés. Vers 4-5h on se décide à quitter la plage sans les avoir revu, puisqu'on ne veut pas rentrer trop tard sur Melbourne. On remonte dans le van, les pieds plein de sable, et Monica et moi on s'endort assez rapidement, épuisées par le sable, le soleil et les vagues.

Oh, et ça fait vraiment "squick squick" quand on marche dans le sable à Squeaky beach. 





























1 commentaire:

Mathilde a dit…

Magique !
Et c'est vraiment super-bizarre les wonbats...